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Nos Lecteurs ont la Parole - Ronald BARAKAT

Quelques questions à Samy Gemayel...

Il convient de féliciter cheikh Samy pour la position franche de son parti par rapport à la réconciliation de Meerab et par rapport à la question présidentielle, lors de sa conférence de presse du 22 janvier 2016. Il convient de le remercier d'avoir salué cette réconciliation, même si les expressions faciale, verbale et tonale ne se prêtaient pas tout à fait au discours. Nous aurions toutefois aimé que la barre de ses exigences ait été placée aussi haut du temps de la déclaration ministérielle du gouvernement Tammam Salam, ce qui aurait empêché son parti de participer audit gouvernement et de cohabiter avec le Hezbollah, et ainsi suivre l'exemple du parti des Forces libanaises qui avait fait preuve d'intransigeance en refusant de participer à un tel gouvernement, dont la déclaration ne comprenait pas la «déclaration de Baabda», un gouvernement qui ne respectait pas le principe de distanciation et qui comptait des ministres du Hezbollah dont la branche armée était activement et férocement impliquée dans la guerre civile syrienne, et ce jusqu'à ce jour.
Comme nous n'avons pas eu droit à des questions/réponses à la suite de la conférence de presse du président des Kataëb, qu'il me soit permis de lui poser ces quelques questions, histoire de pouvoir adhérer à sa vision en cas de réponses convaincantes :
1 - S'il n'était pas question pour le parti Kataëb de voter pour un candidat ou un « projet du 8 Mars », pourquoi ce parti avait-il sérieusement examiné la candidature de Frangié et avait-il demandé à ce dernier des garanties sur certaines questions «impossibles», telles que la neutralité du pays par rapport aux conflits régionaux, l'ingérence du Hezbollah dans le conflit en Syrie ainsi que le sort de ses armes? Pourquoi le président Amine Gemayel avait-il décelé des « points constructifs» durant l'interview de Frangié à la LBCI, laissant sous-entendre que sa candidature était envisageable ou digérable? Et dans quelle mesure un candidat à une présidence de la République aux prérogatives diminuées depuis Taëf peut-il répondre à ces questions? N'est-ce pas du ressort du gouvernement de pouvoir y répondre ?
2 - Concernant la référence aux «groupes armés» dans le document d'intentions, pourquoi y voir une exclusion de la milice du Hezbollah? Pourquoi ne pas y voir une inclusion à travers une grille de lecture souverainiste? Et considérer ce semblant d'ambivalence comme une porte d'entrée pour l'autre partie contractante, destinée à lui permettre de se placer dans l'intersection? Mais que voulait donc le jeune député? Qu'au lieu d'une clause réaliste, pragmatique, adaptée à la realpolitik, on reste sans clause? Sans plateforme commune? Voulait-il qu'au lieu d'un document d'intentions, qu'il traite comme s'il s'agissait d'une Constitution, on reste sans intentions, sans entente, sans accord? Les circonstances ne contraignent-elles pas, parfois, un leader à devoir ménager la chèvre et le chou? Pour le bien commun? Pour l'intérêt général, et surtout celui de la patrie?
3 - Concernant les 4 principes évoqués à la conférence de presse, M. Gemayel ne trouve-t-il aucun dénominateur commun, aucune concordance avec le « document d'intentions » signé conjointement par les FL et le CPL, lequel a fait l'objet de programme électoral durant l'annonce par Geagea de la candidature de Aoun qui s'est d'ailleurs engagé à l'inclure dans son discours d'investiture? Ne trouve-t-il pas que les principes qu'il a solennellement évoqués, à savoir « la protection de la souveraineté du Liban, la distanciation du Liban des conflits régionaux, l'amélioration du système politique libanais et le respect de la Constitution et des institutions » sont expressément mentionnés dans la déclaration d'intentions, à un point tel qu'il serait accusé de plagiat? Que le chef des Kataëb fasse l'effort de lire attentivement ce document, point par point, et qu'il nous dise, honnêtement, ce qu'il en pense. Il aura la surprise de découvrir, entre autres, « l'appui à l'armée libanaise et l'instauration de la seule autorité de l'État sur tout le territoire», «l'interdiction d'utiliser le Liban comme point de départ des armes et des combattants » et «la nécessité de la mise en place d'une politique étrangère indépendante qui garantirait le bien du pays ». Par la clause précitée, le candidat Aoun répond clairement à la préoccupation des Kataëb concernant «sa position sur la politique étrangère du Liban, particulièrement sur la Syrie ». À moins de faire preuve de mauvaise foi, on ne peut qu'admettre que Aoun avait plus d'une fois manifesté son opposition à l'ingérence du Hezbollah en Syrie, depuis les premiers pas de ce dernier dans le bourbier syrien. Et que cheikh Samy se rassure : le candidat Aoun a formellement annoncé, de sa propre bouche à Meerab, qu'il souscrivait aux termes du document d'intentions.
4 - Le jeune député, que nous estimons et aimons, considère-t-il vraiment, en son âme et conscience, que le programme électoral de Aoun, basé sur le document d'intentions, relève d'un projet du 8 Mars? Peut-il mettre sur un pied d'égalité les positions et le parcours politiques de Aoun et de Frangié? Ne trouve-t-il pas que Aoun est moins 8 Mars que Frangié? Aurait-il oublié que Aoun était, à l'origine, du 14 Mars? Qu'il a considérablement contribué à la manifestation du million du 14 mars 2005? Qu'il avait combattu l'occupation syrienne durant sa période d'exil forcé, avec ses partisans qui en ont fait les frais au prix de leur vie et de leur liberté ? Et si, grâce aux « louables » efforts de Saad Hariri, la course à la présidence de la République se joue entre ces deux « projets du 8 Mars », lequel choisiriez-vous ? Celui dont le projet parle de lui-même, de par son passé rectiligne, « impeccable », ou celui dont le projet se conjugue, maintenant, avec les principes du 14 Mars? Entre ces deux « maux », quel est le moindre à vos yeux ?
5 - S'il convient de séparer, comme M. Gemayel l'a affirmé, la réconciliation de Meerab de l'accord politique, serait-il prêt à se joindre à cette réconciliation interchrétienne, en tant que personne et en tant que parti, encouragé par les propos spectaculaires de Aoun qui a déclaré que «la réunion de Meerab est plus importante que l'élection présidentielle elle-même»? Afin justement de contribuer à consolider cette entente, comme il en a exprimé le souci dans sa conférence ?
6 - Si M. Samy Gemayel et son parti veulent le salut de la nation, est-ce par leur abstention lors de la séance de vote pour l'élection d'un président qu'ils parviendront à cette fin? Ou par leur vote pour un candidat n'ayant aucune chance? Sachant que leur apport pourrait faire pencher la balance dans un pointage serré? Qu'est-il moins préjudiciable à la patrie pour eux? De contribuer à faire pencher la balance, par leur abstention ou leur mauvais choix, du côté du candidat Frangié qui n'a rien à leur offrir ou, par le meilleur choix possible, du côté du candidat Aoun qui a en main un document d'intentions, malgré ses insuffisances, et pour lequel il s'est publiquement engagé? Ne trouvez-vous pas, honnêtement, que le document d'intentions et d'engagement présidentiel remplit et déborde vos conditions?
7 - Le parti Kataëb et son chef, jalousement attachés au respect de la Constitution, ont donné rendez-vous à toutes les parties pour le 8 février et se sont engagés, très démocratiquement, à féliciter le gagnant qui qu'il soit. Même s'il est porteur du projet du 8 Mars? Ne serait-il pas préférable, en attendant que les conditions de succès du projet du 14 Mars se réunissent, de violer la Constitution et la démocratie plutôt que de les voir voler en éclats advenant l'élection d'un «projet du 8 Mars»? Et cette dernière question, je l'adresse aussi au parti des Forces libanaises qui fait preuve d'un zèle constitutionnel et démocratique inconsidéré.
En espérant que ces questions parviendront à M. Samy Gemayel et qu'il y répondra, non en paroles, faute de temps ou de contre-arguments, mais en actions préventives et correctives.

Il convient de féliciter cheikh Samy pour la position franche de son parti par rapport à la réconciliation de Meerab et par rapport à la question présidentielle, lors de sa conférence de presse du 22 janvier 2016. Il convient de le remercier d'avoir salué cette réconciliation, même si les expressions faciale, verbale et tonale ne se prêtaient pas tout à fait au discours. Nous aurions...

commentaires (3)

Oui, c'est vrai qu'aux âmes bien nées la valeur (qui n'est pas l'expérience) n'attend pas le nombre des années! Un questionnaire intelligent et réaliste, puisque, malheureusement MM les députés doivent élire un des moindres maux! M. Samy Gemayel, qui compte parmi les héritiers politiques, exerce ses fonctions de député et de Président d'un parti politique, avec une autonomie et une liberté d'expression remarquables. A mon humble avis, il répondra sans doute à vos question cher M. Ronald Barakat.

Zaarour Beatriz

19 h 52, le 19 février 2016

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Commentaires (3)

  • Oui, c'est vrai qu'aux âmes bien nées la valeur (qui n'est pas l'expérience) n'attend pas le nombre des années! Un questionnaire intelligent et réaliste, puisque, malheureusement MM les députés doivent élire un des moindres maux! M. Samy Gemayel, qui compte parmi les héritiers politiques, exerce ses fonctions de député et de Président d'un parti politique, avec une autonomie et une liberté d'expression remarquables. A mon humble avis, il répondra sans doute à vos question cher M. Ronald Barakat.

    Zaarour Beatriz

    19 h 52, le 19 février 2016

  • IL EST SI JEUNE ET AUX AMES MEME BIEN NEES... L,EXPERIENCE SE COMPTE EN LE NOMBRE D,ANNEES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 30, le 19 février 2016

  • Oui ! Mais une seule et unique question encore urge ! Qui a tué Pierre, et qu'entreprennent-ils pour le savoir ; mahééék ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 01, le 19 février 2016

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