La mode sera écologique ou ne sera plus

En clair, le recyclage est un processus de traitement des déchets permettant de réintroduire ces derniers dans le cycle de production (le plastique en fin de vie pour produire des objets en plastique, le verre pour produire des objets en verre, les déchets organiques pour créer de l'énergie ou du compost). Le surcyclage, ou upcycling est le procédé par lequel les produits de récupération ne sont pas détruits, mais transformés en produits de qualité supérieure, souvent grâce à la valeur ajoutée de l'art et de la création.
Il est désormais entendu, vu l'accumulation des déchets sur terre et sur mer (et le Liban traverse une crise qui permet d'en constater l'ampleur), qu'il n'est plus raisonnable, par exemple, de pomper davantage de pétrole pour fabriquer davantage de plastique.
Les industries sont donc de plus en plus appelées à transformer les matériaux existants pour continuer à fabriquer de nouveaux produits. La mode et l'industrie du vêtement en général ne sont pas en reste.

L'initiative de Pharrell Williams
En septembre dernier, le chanteur Pharrell Williams, interprète du succès planétaire Happy, s'associait à la marque hollandaise G-Star pour créer une ligne de vêtements écologiques réalisés à partir de la fibre révolutionnaire Bionic Yarn dont Pharrell Williams est l'ambassadeur. Le Bionic Yarn (ou fil bionique) est lui-même fabriqué à partir de bouteilles en plastique recyclé et de plastiques divers récupérés « dans les océans et sur les rivages ». Jeans, tee-shirts, sweat-shirts, blousons et trench féminins et masculins, coloris et inspirations variées, cette collection portant la marque G-Star Raw faisait partie d'un projet global baptisé Raw for the Oceans – littéralement « ramer pour les océans ».

Les pêcheurs de Valenciennes
Depuis des décennies, à Valenciennes, de petits chalutiers quittent aux aurores les bords de la Costa Blanca pour ramener ce que la Méditerranée veut bien leur donner, crevettes, sèches, ou cigales. Depuis quelques mois, las de recueillir davantage de déchets plastiques et de filets de pêche usés que de produits comestibles, ils jouent les éboueurs malgré eux. Il manquait une initiative pour leur permettre de vivre de cette tâche ingrate. Elle est venue de l'Espagnol Javier Goyeneche, 45 ans, président d'Ecoalf. Son entreprise, basée à Madrid, convertit le plastique usagé en manteaux, sacs ou maillots de bain. « Il ne faut pas continuer à creuser le sol toujours plus profond pour produire du pétrole », lance Goyeneche. « Là où d'autres voient des ordures, nous voyons une matière première et pouvons la transformer en tissus à travers des processus sophistiqués de recherche et développement », explique l'industriel, dont les doudounes et sacs à dos matelassés sont vendus dans des magasins huppés, tels Harrods à Londres et Bloomingdale's à New York, avec pour égérie Gwyneth Paltrow.

En janvier 2016, ces déchets issus de la mer seront transformés en fil dans une usine en Catalogne. À ce jour, 35 % des composants sont des déchets issus de la mer et 65 % sont d'origine terrestre. À terme, Ecoalf voudrait produire un fil recyclé à 100 % à partir de détritus marins, sachant qu'il faut 70 bouteilles en plastique pour créer une doudoune. En 2015, la quantité de déchets plastiques répertoriée en Méditerranée était de 9 millions de tonnes.

Depuis le milieu des années 2000, l'industrie du vêtement est de plus en plus consciente de l'urgence d'abandonner la production de fibres neuves pour se tourner vers les fibres recyclées. La mode est sur la ligne de front d'un combat de plus en plus serré pour le sauvetage de la planète.

Pour mémoire
Les pochettes de Nour Kays : « Simplixity » !

Grâce à une robe écolo, une Franco-Libanaise a habillé une star aux oscars