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Économie - Économie numérique

Le difficile positionnement du hardware libanais

Les professionnels de l'ingénierie technologique se sont réunis lors du BDL Accelerate, qui a clôturé hier ses travaux, pour partager leurs difficultés et des idées pour les surmonter.

Fadi Daou, PDG de Multilane, annonce la création d’un campus technologique de plus de 12 000 m² en 2016. Photo C.H.

« Le Liban n'a pas de véritable industrie hardware, car nous ne pouvons pas rivaliser avec l'Inde ou la Chine », lance Jamil Corbani, PDG de Green Studios, une start-up spécialisée dans les technologies d'architecture végétale, lors d'une table ronde organisée jeudi à la deuxième édition du BDL Accelerate de la Banque centrale. Pourtant, ce secteur n'est pas si embryonnaire : « Le marché des TIC au Liban, évalué à 381 millions de dollars, est largement dominé par l'équipement informatique – à 235 millions de dollars en 2014. Il est suivi par le marché des services informatiques – à 112 millions de dollars – et par celui de logiciels – à 34 millions –, même si ce dernier devrait connaître la plus forte croissance dans les années à venir », note un rapport dédié de BankMed publié en juin.

Bakchich prohibitif aux douanes
« Le Liban a commencé à être témoin d'une augmentation des compagnies spécialisées dans la production d'équipements électriques, de technologies propres, de design de composants hardware et de semi-conducteurs. Ces industries, caractérisées par une forte dynamique de croissance, aident à créer des opportunités pour d'autres sociétés innovantes au Liban », détaille un autre rapport sur le secteur technologique en 2015 d'Idal et du réseau Lebanon for Entrepreneurs.
Pour autant, les professionnels du secteur s'accordent à dénoncer certains obstacles structurels qui l'empêchent de se développer. « L'environnement politique et règlementaire conjugué à des tarifs douaniers prohibitifs nous empêchent d'accéder aux marchés internationaux. Ce secteur pourra s'épanouir rapidement une fois que nous avons les infrastructures adaptées pour supporter cette industrie », explique Fadi Daou, PDG du fabricant de semi-conducteurs Multilane. « Ce n'est pas tant les tarifs douaniers qui posent problème, mais le montant des bakchich que nous devons glisser à toutes les étapes d'importation et d'exportation, entre les inspecteurs des douanes, les agents des stations de pesage des camions, entre autres... Nous avons donc ouvert une branche en Allemagne, car il est beaucoup plus facile d'importer et d'exporter depuis là-bas », rebondit Ziad Yammine, directeur associé d'YL Engineering.
Pour parer à cet obstacle, les professionnels se disent contraints de ne conserver que la conception de leurs produits au Liban. Implantée à Houmal (Aley), le village natal de Fadi Daou, Multilane fabrique ainsi ses produits à Taïwan mais les vend avec la mention « Conçus au Liban ». « Vous ne pouvez pas produire à très grande échelle du Liban, mais vous pouvez y créer le meilleur processus de fabrication de vos produits, y effectuer les tests, créer les machines et les transformateurs et à des prix défiants la concurrence », confirme Jamil Corbani.


(Lire aussi : Au « Davos » technologique de la BDL, l'écosystème libanais se met sur son 331)

 

Avantages comparatifs
Une stratégie qui permettrait au pays du Cèdre de mieux se positionner sur les marchés internationaux. « Au lieu de vouloir rivaliser avec les plus grands, le Liban est témoin de l'émergence d'industries qui appartiennent à des marchés de niche très spécialisés et à forte valeur ajoutée. Car le Liban a des avantages comparatifs par rapport au monde arabe », souligne Ziad Yammine. « Le Liban compte beaucoup de diplômés à fort potentiel, et nous travaillons activement aujourd'hui avec plusieurs universités pour en former certains afin qu'ils puissent développer les capacités nécessaires à cette industrie », détaille Fadi Daou. D'autant que cette main-d'œuvre qualifiée reste bon marché par rapport aux pays occidentaux et aux pays du Golfe. Mais le revers de la médaille n'est pas surprenant : « Les meilleurs talents préfèrent quitter le Liban pour travailler dans ces pays et nous devons piocher parmi ceux qui restent. En tout cas notre travail d'ingénierie est toujours prédominant au Liban car nous capitalisons sur ses ressources humaines », explique Ziad Yammine.
Reste que ce secteur est en manque d'un véritable écosystème pour le soutenir. « Nous voulons développer un campus pour des compagnies high-tech, qui agirait comme un incubateur. Il pourra abriter une douzaine de compagnies et quelques 500 employés, en y incluant un atelier de prototypage et une usine de production. Ce parc, de 12 000 m², verra le jour en 2016, si nous arrivons à franchir les obstacles de la paperasse et de la corruption de notre cher gouvernement ! » annonce Fadi Daou, sans donner plus de détails.

 

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Le Berytech Fund II annonce avoir investiun total de 20 millions de dollars

Après avoir annoncé 13 millions de dollars d'investissements dans six sociétés jeudi, le Berytech Fund II a communiqué hier avoir investi 7,4 millions de dollars dans six autres autres. Les bénéficiaires sont : Et3arraf, un site Internet de rencontres matrimoniales adapté aux mœurs des pays arabes (2 millions de dollars) ; Cinemoz, une plate-forme de vidéo à la demande dans la zone Mena (2 millions) ; Ounousa, un portail Internet d'actualité qui cible les femmes de la région (2 millions) ; Atbaki, un site de recettes en langue arabe (600 000 dollars) ; Appdater, une application mobile d'information en continue (500 000) et Yalla Play, une plate-forme de jeux sur Internet (300 000). Le Berytech Fund II a été lancé en février dernier pour opérer dans le cadre de la circulaire 331 de la Banque du Liban avec un capital opérationnel de 51,5 millions de dollars.

 

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