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Économie - Éclairage

Les données bancaires, nerf de la guerre économique contre Daech

Les États-Unis font de plus en plus appel à cette nouvelle forme de renseignement pour guider leurs frappes aériennes contre les installations pétrolières de l'EI en Syrie.

Sur le porte-avions américain Theodore Roosevelt dans le Golfe. Les bombardements des infrastructures pétrolières de l’EI en Syrie, entamés par l’US Air Force le mois dernier dans le cadre de la guerre économique contre l’organisation fondamentaliste sunnite, lui ont fait perdre un tiers de ses gains tirés de l’or noir. Hamad I. Mohammad/Reuters

Les bombardements des infrastructures pétrolières du groupe État islamique (EI) en Syrie entamés par l'US Air Force le mois dernier dans le cadre de la guerre économique contre l'organisation fondamentaliste sunnite ont fait perdre à celle-ci un tiers de ses gains tirés de l'or noir, estiment les États-Unis. Pour trouver leurs cibles, les avions américains se sont en partie appuyés sur une source non conventionnelle de renseignement : les données bancaires, qui fournissent des informations pour déterminer les raffineries et les stations-service qui génèrent des liquidités pour le groupe.


Le but est de couper l'EI de ses sources de financement en mettant au jour les liens qu'il a encore avec le système financier international. En identifiant les flux financiers en provenance de l'EI et vers l'EI, les autorités américaines ont pu se faire une idée de la façon dont marche son économie souterraine, explique-t-on au sein des équipes au fait de ce travail. Et cela a à son tour eu une influence sur les cibles à viser par les frappes aériennes. Cette tactique a été mise en place avant les attentats du 13 novembre à Paris et s'est intensifiée depuis, explique-t-on. « Nous avons fait du vrai bon boulot en maintenant largement l'État islamique hors du système financier officiel », estime Matthew Levitt, qui était chargé du renseignement au Trésor américain sous le gouvernement de George W. Bush. Sauf que l'agence Reuters n'a pu vérifier quand cette campagne, « Tidal Wave II » (« Raz-de-marée II ») a exactement commencé, ni même comment des documents bancaires ont pu être utilisés pour identifier les objectifs pétroliers de l'EI les plus lucratifs en Syrie.

 

(Pour mémoire : Financement du terrorisme : Paris cible les cartes prépayées)

 

Couper du système
Selon un rapport du Groupe d'action financière (Gafi), un organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, plus de 20 établissements financiers syriens sont présents dans les territoires contrôlés par l'EI en Syrie. En Irak, le Trésor américain travaille avec le gouvernement pour couper du système financier irakien et international les succursales bancaires se trouvant sur le territoire de l'EI.
Gerald Roberts, chef de section des opérations de financement du terrorisme au FBI, explique que les recrues de l'EI arrivent souvent en Syrie avec des traces financières « exploitables. Nous les voyons utiliser le système bancaire traditionnel », a-t-il déclaré la semaine dernière. Les jeunes membres de l'EI pointus en matière technologique sont également habitués aux devises virtuelles, telles le bitcoin, a-t-il ajouté. Selon Matthew Levitt, l'EI est parfois contraint d'utiliser les banques commerciales quand les montants impliqués sont trop importants à déplacer par d'autres canaux.


Le réseau FinCEN du Trésor américain utilise une série de techniques pour repérer, dans les quelque 55 000 rapports reçus chaque jour des établissements financiers, les signes d'activité de l'EI, indique un porte-parole. Il n'a pas voulu décrire ces techniques, mais, expliquent des sources judiciaires et policières, les noms, les adresses IP, les adresses e-mails et les numéros de téléphone figurent parmi les données que les services de renseignements travaillent à faire correspondre. Le FinCEN peut ainsi « relier des points entre des individus et des entités ne semblant pas reliés », a déclaré son porte-parole. Actuellement, le FinCEN détecte chaque mois quelque 1 200 correspondances suggérant une activité financière liée à l'État islamique contre 800 en avril, ajoute le porte-parole. L'utilisation de données financières liées à l'EI n'est qu'une partie de la collecte de renseignements destinée à ajuster les frappes aériennes en Syrie. Il y a également la surveillance aérienne par les drones.

 

(Lire aussi : Quelles sont les principales sources de financement de l'État islamique ?)

 

À dos de mulet
Un ancien officier militaire du renseignement au fait de ce processus explique que les informations financières collectées par FinCEN doivent ensuite être « soigneusement vérifiées » avant que l'armée ne puisse s'en servir pour agir.
Avant le mois d'octobre, l'EI gagnait environ 47 millions de dollars par mois grâce aux ventes de pétrole, selon les estimations du Pentagone.
Ce dernier estime que les frappes de l'opération « Tidal Wave II » ont réduit d'environ 30 % les bénéfices de l'EI tirés des ventes de pétrole, déclare un responsable américain de la Défense au fait de cette estimation qui n'avait pas été rendue publique. Reuters n'a pu confirmer ce chiffre en direct.
Mais les experts estiment que l'EI dispose de sources de revenus autres que les ventes de pétrole, notamment par l'extorsion de fonds ou les ventes d'antiquités, signale Thomas Sanderson, spécialiste du terrorisme au Center for Strategic and International Studies (CSIS). « L'argent peut être acheminé à dos de mulet, explique-t-il. C'est facile de faire passer des choses par la frontière dans les périodes de privation et de chaos. » Pour tarir les sources de financement de l'EI, la coopération d'autres États sera nécessaire, notamment de la Turquie et de la Russie, estiment les experts.

 

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Comment venir à bout de l'État islamique ?

 

Les bombardements des infrastructures pétrolières du groupe État islamique (EI) en Syrie entamés par l'US Air Force le mois dernier dans le cadre de la guerre économique contre l'organisation fondamentaliste sunnite ont fait perdre à celle-ci un tiers de ses gains tirés de l'or noir, estiment les États-Unis. Pour trouver leurs cibles, les avions américains se sont en partie appuyés sur...

commentaires (3)

LE PÉTROLE VENDU PAR DAESCH TRANSITAIT... DIT-ON... VIA LA TURQUIE... PAR DES TRAFIQUANTS TURCS... VERS L'EUROPE... ET LE POUTINE PROBABLEMENT SAIT CE QU'IL DIT !

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 20, le 26 novembre 2015

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Commentaires (3)

  • LE PÉTROLE VENDU PAR DAESCH TRANSITAIT... DIT-ON... VIA LA TURQUIE... PAR DES TRAFIQUANTS TURCS... VERS L'EUROPE... ET LE POUTINE PROBABLEMENT SAIT CE QU'IL DIT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 20, le 26 novembre 2015

  • DESCENDEZ SUR LE TERRAIN... TOUS ENSEMBLE... POUR EN FINIR DE TOUS LES DAESCHS... DES ORIGINAUX ET DES COPIES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 15, le 26 novembre 2015

  • Ex-commandant de l’Otan:"J’ai toujours eu l’impression qu’Ankara soutenait l’EI Le pétrole que vend l'Etat islamique va sans doute en Turquie, mais les Turcs ne le reconnaîtront jamais, a déclaré l'ancien commandant des forces de l'Otan en Europe Wesley Clark. L'ancien commandant des forces de l'Otan en Europe Wesley Clark n'a pas exclu, dans une interview de la chaîne américaine CNN, la complicité de la Turquie dans le trafic de pétrole réalisé par le groupe terroriste Etat islamique."Il faut être conscient que l'EI n'est pas qu'un groupe terroriste, c'est un groupe terroriste sunnite. Ce qui veut dire qu'il attaque les chiites et sert les intérêts de la Turquie et de l'Arabie saoudite/qatar, même s'il les menace", a indiqué le militaire. "J'ai toujours eu l'impression qu'Ankara soutenait l'EI d'une façon ou d'une autre", a confié Wesley Clark, avant d'ajouter que le pétrole que vend l'Etat islamique va sans doute en Turquie, mais que les Turcs ne le reconnaîtront jamais. "Le fait est que ni la Turquie, ni l'Arabie saoudite/qatar ne veulent qu'un "pont" soit créé par l'Iran, l'Irak, la Syrie et le Liban qui isolerait la Turquie et l'Arabie saoudite. Voilà le contexte stratégique de la situation", a ajouté le général à la retraite.

    FRIK-A-FRAK

    14 h 08, le 26 novembre 2015

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