Il paraît évident que les communautés régionale et internationale n'ont pas du tout pour priorité immédiate l'élection d'un président au Liban. Les efforts récemment fournis par la France, et plus précisément par le président François Hollande, n'ont pas abouti, même s'il envisage d'aborder une nouvelle fois le dossier de la vacance présidentielle avec son homologue iranien Hassan Rohani qui visitera le 15 novembre prochain la capitale française. Ce dernier avait déjà répondu à New York à François Hollande, qui l'avait sollicité lors de l'Assemblée générale des Nations unies sur le sujet de la présidentielle libanaise, que la question nécessitait un examen plus approfondi qui peut-être pourrait avoir lieu lors de sa visite officielle à Paris.
En prévision de ce que la France considère comme un important événement diplomatique, le Quai d'Orsay a d'ores et déjà pris les devants en prévoyant une rencontre avec le ministre saoudien de la Défense, Mohammad ben Selmane, le 5 novembre prochain. Ce dernier a déjà visité la capitale russe la semaine dernière pour tenter d'assouplir la position de Moscou. La réunion avec le président Vladimir Poutine a été longue et exhaustive, elle a notamment permis au royaume wahhabite d'exprimer ses craintes et ses appréhensions concernant la situation en Syrie, en plus du refus saoudien de faire participer l'actuel président syrien Bachar el-Assad à un quelconque package-deal qui viendrait signer la fin du conflit sanglant en Syrie.
Avec le ministre saoudien, la France cherchera donc à connaître la véritable position de Riyad concernant l'échéance présidentielle libanaise avant de plancher sur ce sujet avec Rohani. En fait, si de nombreuses sources diplomatiques pointent clairement du doigt Téhéran, le Hezbollah et ses alliés accusent quant à eux ouvertement le camp du 14 Mars de rendre impossible l'élection d'un nouveau président au Liban. Dans ce contexte, une source diplomatique occidentale aurait affirmé à un ancien ministre que le Liban « est passé à côté de la chance qu'il avait eue de libaniser l'échéance présidentielle en mars 2014 », et, depuis, le vide s'est installé dans le palais de Baabda.
Côté libanais, certains milieux commencent à craindre que le dossier présidentiel soit désormais totalement lié au conflit syrien. Faudra-t-il attendre la fin des combats en Syrie pour assister à l'élection d'un nouveau président ? Il faut le croire, surtout au lendemain de l'implication russe dans les combats sur le terrain syrien. D'aucuns semblent donc désormais attendre l'issue de ce nouveau rapport de force – Moscou se serait fixé un délai de 4 mois en Syrie – pour décider de la prochaine posture politique à adopter. Mais les récentes complications qui apparaissent, jour après jour, sur le terrain font de plus en plus croire à un enlisement de longue durée qui exposerait purement et simplement la Russie aux terroristes islamistes. À cela viennent s'ajouter les réactions sunnites dans la région. Pour cette communauté, l'intervention russe est inadmissible, et les imams sunnites dans différents pays commencent à critiquer ouvertement Moscou. Ils encouragent également leurs fidèles à faire de même, et cela s'est récemment traduit au Liban par une manifestation devant l'ambassade de Russie à Beyrouth.
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commentaires (6)
Nous, petit peuple libanais, * Faut-il faire un pèlerinage ) Rabieh ? * Faut-il faire un pèlerinage au Liban Sud ? * Faut-il faire un pèlerinage à Teheran ? * Faut-il faire un pèlerinage à Moscou ? A Washington, ce n'est pas nécessaire : Obama ne reconnait pas le Liban, la question libanaise pour ce président chiffe molle, n'est pas à l'ordre du jour dans ses tablettes Quant à l'UE et à l'ONU, ils manifestent régulièrement leurs regrets Attendre de voir notre pays se désintégrer est quelque chose d'insupportable
FAKHOURI
21 h 36, le 14 octobre 2015