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Liban - Crise des déchets

Le plan Chehayeb serait sur le point d’être mis en œuvre

Une nouvelle décharge dans la Békaa sous étude.

Le ministre de l'Intérieur a tenu hier deux réunions consécutives avec les élus du Akkar. Photo Dalati et Nohra

À moins de nouveaux obstacles imprévus, un règlement de la crise des déchets qui empoisonne le pays depuis des mois serait annoncé d'ici à la fin de la semaine, a-t-on appris hier de sources proches du ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb, chargé du dossier.
Les travaux au niveau de la décharge de Srar dans le Akkar, qui doit accueillir une partie des détritus de Beyrouth et du Mont-Liban, sont presque terminés. Le site adjacent à la décharge où les ballots d'ordures doivent être entreposés est prêt et l'on met la dernière main à celui de la décharge qui a été élargie et recouverte d'une membrane étanche. Dans le même temps, des études sont en train d'être effectuées sur un terrain qui doit également servir de décharge dans la Békaa, Akram Chehayeb ayant renoncé au choix de Masnaa, après l'opposition farouche des habitants et les mises en garde des écologistes qui l'avaient alerté sur la présence d'importantes nappes phréatiques dans la région.
Le ministre a assuré qu'il n'est pas question pour lui de révéler le lieu prévu pour la nouvelle décharge. Cette discrétion s'explique par sa volonté de barrer la voie à « de nouvelles campagnes arbitraires de protestation ». Si jamais les conclusions du groupe d'experts qui examinent le site sont concluantes, Akram Chehayeb révélera sa situation et son réaménagement commencera aussitôt, selon les mêmes sources. On devrait en avoir le cœur net dans les quelques prochains jours.
« Le Conseil des ministres, prévu pour lundi, ne se tiendra pas tant qu'une solution à la crise n'a pas été trouvée », a, par ailleurs, déclaré M. Chehayeb lors d'une conférence-débat à Jdeidé sur le rôle des municipalités dans la gestion des déchets. « La rue nous attend. Notre conscience aussi », a-t-il insisté. Après avoir souligné que les décharges n'affectent pas les eaux souterraines, il a affirmé qu'il appuyait le mouvement civil « à condition qu'il serve l'intérêt public ».

 

(Repère : Les grandes lignes du plan présenté par la commission d’experts présidée par Chehayeb*)


Signe éventuel d'une solution imminente, les réunions consacrées au dossier des déchets se sont multipliées hier. Le Premier ministre, Tammam Salam, a présidé une réunion de la commission ad hoc en présence de M. Chehayeb, du ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, et du président du Conseil de développement et de reconstruction (CDR), Nabil Jisr, pour faire le point sur la situation. C'est au terme de cette réunion qu'Akram Chehayeb a annoncé à la presse qu'il préfère ne pas révéler le site de la décharge prévue dans la Békaa, avant d'indiquer qu'une partie des fonds dus aux municipalités a été débloquée. Le reste ne doit pas tarder à l'être, le décret de transfert des fonds ayant été préparé, selon lui. « C'est pour cette raison que l'application de notre plan a tardé. Nous attendons que les municipalités perçoivent l'argent promis », a-t-il expliqué.
Plus tard, c'est le ministre de l'Intérieur qui a tenu deux réunions consécutives avec les moukhtars puis avec les présidents des conseils municipaux du Akkar. Les deux parties semblaient favorables à l'agrandissement de la décharge de Srar, étant donné les garanties obtenues des autorités, selon leurs représentants. « Nous allons relayer ces garanties aux habitants de la région. Il faut comprendre que le Akkar a un problème chronique avec l'État à cause de l'état d'abandon dans lequel il se trouve depuis toujours », a affirmé Zaher Kassar, au nom des moukhtars, en assurant qu'ils ont obtenu la promesse que les déchets ne seront envoyés à Srar que lorsque la décharge sera aménagée en fonction des normes internationales. Aussi bien les moukhtars que les municipalités souhaitent des garanties bétonnées. « Il faut donc que la décharge soit salubre, que les détritus soient traités avant d'être enterrés et qu'on lance les projets de construction d'usines de tri et de recyclage », a-t-il ajouté, en insistant sur le fait que « les habitants du Akkar sont prêts à faire confiance à l'État si celui-ci se comporte de manière positive avec lui ».

 

(Repère : Le plan du mouvement civil en infographie)


Même son de cloche chez les présidents des conseils municipaux de la région. « Il y a eu un accord de principe sur toutes les propositions avancées : une décharge salubre aménagée en fonction des normes européennes et sous la supervision des agences de l'Onu, en coordination avec une commission qui supervisera les travaux et qui sera composée de personnes choisies par les fédérations des municipalités », a indiqué Ahmad el-Mir, président de la Fédération des municipalités du littoral du Akkar, qui a cependant mis en garde contre tout manquement aux engagements pris. « Au moindre faux pas ou lacune, nous nous rétracterons et considérerons que nous ne sommes liés par aucun engagement », a-t-il averti.
Il reste qu'un rassemblement de protestation a eu lieu au Akkar. Un autre a été organisé à l'entrée de la décharge de Naamé par un petit groupe de jeunes gens. Des activistes ont planté en soirée une tente à l'entrée de la décharge afin d'empêcher les camions d'y entrer. De sources proches de la commission ad hoc, on assure que le projet de réouverture de Naamé pour sept jours seulement afin qu'une partie des ordures de Beyrouth puisse y être entreposée est maintenu. La décharge ne sera cependant ouverte qu'en même temps que les deux autres, a-t-on précisé de mêmes sources.

 

Pour mémoire

Les réunions s’enchaînent... à la veille des premières pluies

À moins de nouveaux obstacles imprévus, un règlement de la crise des déchets qui empoisonne le pays depuis des mois serait annoncé d'ici à la fin de la semaine, a-t-on appris hier de sources proches du ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb, chargé du dossier.Les travaux au niveau de la décharge de Srar dans le Akkar, qui doit accueillir une partie des détritus de Beyrouth...

commentaires (3)

Espérons non seulement que c'est la fin de cette crise mais aussi que les enseigenments seront bien tirés. La mise en décharge restera et ce n'est pas un maux quand les règles sont respectées. Elle existe dans prersque tous les pays. Mais dans un petit pays où les terrains sont rares, il s'agit d'une solution ultime. Et pour réduire son impact, il n'y a pas d'autres solutions que le tri à la source. Là, le rôle du citoyen est de trier et celui de l'état et des municipalités d'encourager et de développer les filières de reprise et de valorisation. Il ne s'agit pas ré-inventer l'eau chaude. Partout ailleurs ces filières existent et ce sont de vrais moteurs économiques. Et pour que cela marche, la politique doit rester à l'écart; surtout la politique à la Libanaise. Il faut laisser les acteurs sociaux, techniques et économiques travailler. Le rôle dé l'état est de définir le cadre pour assurer que cela se fasse dans le respect de la concurence loyale, l'environnement et la santé du citoyen. Tout un roman pour le Liban. Mais nous devons et pouvons y arriver. Bruxelles

PPZZ58

20 h 32, le 07 octobre 2015

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Commentaires (3)

  • Espérons non seulement que c'est la fin de cette crise mais aussi que les enseigenments seront bien tirés. La mise en décharge restera et ce n'est pas un maux quand les règles sont respectées. Elle existe dans prersque tous les pays. Mais dans un petit pays où les terrains sont rares, il s'agit d'une solution ultime. Et pour réduire son impact, il n'y a pas d'autres solutions que le tri à la source. Là, le rôle du citoyen est de trier et celui de l'état et des municipalités d'encourager et de développer les filières de reprise et de valorisation. Il ne s'agit pas ré-inventer l'eau chaude. Partout ailleurs ces filières existent et ce sont de vrais moteurs économiques. Et pour que cela marche, la politique doit rester à l'écart; surtout la politique à la Libanaise. Il faut laisser les acteurs sociaux, techniques et économiques travailler. Le rôle dé l'état est de définir le cadre pour assurer que cela se fasse dans le respect de la concurence loyale, l'environnement et la santé du citoyen. Tout un roman pour le Liban. Mais nous devons et pouvons y arriver. Bruxelles

    PPZZ58

    20 h 32, le 07 octobre 2015

  • Ne reste plus qu'à espérer que toutes ces belles affirmations et promesses ne soient pas que des leurres pour sauver momentanément une situation devenue intenable... Et notre "super-ministre-de-l'environnement"...où est-il...que fait-il ??? Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 55, le 07 octobre 2015

  • Pauvres municipalités et mokhTârs ! Ils sont tombés en plein dans le panneau des requins.... à cols blancs !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 34, le 07 octobre 2015

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