Petit(e)s, on s'est coltiné les contes de fées et les aventures de chevalier. Les princes sur pur-sang blanc, les princesses pures. Les gentils et les méchants. Et ces histoires d'amour entre un palefrenier et une reine, un prince et une souillon. Du Barbara Cartland pour moins de 10 ans. On nous a raconté des histoires. Au sens propre et surtout au sens figuré. Non, les dragons n'existent pas, les fées non plus. Eh non, ils ne vécurent pas heureux bla-bla-bla. On oublie Perrault, Grimm, Handersen et autre Walt Disney. On referme ces bouquins à deux balles qui ont leurré des générations de petites filles. Petites filles à qui on pardonne leur naïveté. À 7 ans, on a envie d'y croire.
Par contre, à 23, 31, 40, 52, faudrait arrêter. Arrêter de croire aux comédies romantiques. Ces espèces de films qui nous mettent le nez dans la bouse au premier rendez-vous raté. Même les mecs s'y font prendre. Faut pas croire que seules les jeunes filles en fleur et les femmes en bourgeon ont le monopole de la larme facile quand il la quitte, la retrouve, s'excuse, l'épouse. Les mâles aussi reniflent. Mais eux, ils se mouchent en cachette. Vingt ans après les foutaises de chevaliers, de boucliers, de sauveurs du monde, c'est reparti pour un tour de passe-passe. Les rom com, les romantic comedies (comme on dit chez eux) ont réussi leur coup : nous achever. Parce que non, ça ne se passe pas comme dans les films. On ne s'embrasse pas sous une pluie diluvienne, on ne prend pas tous les jours des bains à deux à la lueur des bougies et une flûte de champagne à la main avant de finir allongés sur un lit de pétales de roses. Ça peut arriver, mais genre une fois. Et encore. On ne se marie pas forcément avec la connasse de chez Smith qui nous a exaspérés des années durant. Les connasses ne deviennent pas des anges. Les connards non plus. Le salaud qui papillonne, séduit à tout va, se tape tout ce qui bouge, ne se transformera pas en prince charmant une fois l'hiver venu. Même Pierre Choderlos de Laclos a voulu nous faire avaler la rédemption de Valmont. Oui... mais non. Sans parler de Casanova amoureux. Dans la vraie vie, ça ne se passe pas vraiment de la même façon. À la fin, le gars qui se rend compte qu'il est amoureux, qu'il risque de perdre la femme de sa vie, ne court pas. Non. Il ne contourne pas tout le pâté de maisons, parce qu'à Beyrouth, déjà, faut s'accrocher pour trouver un trottoir, ensuite parce qu'il préférera envoyer un whatsApp ou, au max, passer un coup de fil. On évite de croire aussi que comme dans les films, on continue à s'envoyer en l'air sur le tapis devant la cheminée à Faraya, après 20 ans de mariage. Sauf si c'est avec son amant.
Non, un riche homme d'affaires ne tombe pas amoureux d'une putain et ne l'envoie pas faire un shopping démesuré à Beirut Souks, pour braver ensuite tous les interdits. Et si ça arrive, parce que des femmes vénales, il y en a des masses au Liban, généralement ledit homme d'affaires est loin de ressembler à Richard Gere. On est plutôt dans le style Dany de Vito. C'est comme cette star de cinéma américaine qui craque pour ce petit libraire de Notting Hill. Ils le filent où maintenant, leur parfait amour ? Tout comme Cameron Diaz et Jude Law. Tiens, encore un duo anglo-américain. L'Anglais, il n'a pas très envie de venir croupir dans l'odeur des poubelles à Broummana pour les beaux yeux d'une hôtesse de l'air libanaise.
Ah et last but not least, il faut arrêter de nous bassiner les oreilles avec les When Harry Met Sally et autres bêtises sur les fuck buddies. Si l'idéal était de se caser avec son meilleur ami, toutes les femmes le feraient. Enfin, quand le meilleur ami n'est pas gay. Et ce genre de relation finit rarement en grande histoire d'amour après 20 ans d'amitié.
C'est grave de mentir sur l'amour. Que ce soit au cinéma ou dans les magazines. Parce que non, il n'y a pas sept astuces pour retrouver son ex ou pour conquérir un pervers narcissique. Aujourd'hui, le meilleur film qu'on peut proposer aux jeunes filles en fleur et aux jeunes garçons à cheval, c'est Tinder. Et tout le monde n'est pas Amal Alameddine.
Lifestyle - Un peu plus
Anges et connards
OLJ / Par Médéa AZOURI, le 03 octobre 2015 à 00h03
commentaires (7)
excellent article le cinema est fait pour rever si on y mettait la realite de tous les jours ,le succes ne sera pas au rendez vous donc on continuera a faire des films pour faire rever et faire gagner de l'argent .........
LA VERITE
21 h 17, le 03 octobre 2015