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Nos Lecteurs ont la Parole - Laure FALAISE

Le dernier spectacle de Dieudonné

Paris 11e, passage de la Main d’or.

Ce soir, je vais dans l'antre du diable.
Du damné du système, du pilier de prétoire. De l'ennemi public numéro 1.
Non, je ne suis pas très rassurée.
De lui, j'aime à voir Le cancer dédié à son tonton, Jésus sur la croix et le vieil Oképi lorsqu'il interprète Aimez-vous les uns les autres.
Son spectacle de ce soir est intitulé La paix.
Il sera son dernier.
Non, ce n'est pas à l'église.
Ce soir, armée de pied en cap, je vais voir Dieudonné.
Passage de la Main d'or. Je descends aux abysses. En guise de cour des miracles, un public bon enfant. À l'entrée du théâtre, jus de fruits frais, canne à sucre, gingembre et sandwichs colorés vendus à la criée par une femme en boubou. L'accès de la fosse au lion est au fond de la salle. Au-dessus de la porte, cette inscription :
« Spectacle dangereux ».
Salle conviviale et ramassée comme une main, autour d'un foyer. Distribution de coussins rouges. Il entre.
Une stature imposante. On dirait un gourou. Sa présence irradie un magnétisme certain. Il déroule le fil de ses farces et mimiques comme un vieux baladin, les tours de son chapeau. Virtuose et rodé. Un peu las, comme un clown usé par la dissidence. Il nous parle d'amitié, même si, il en convient, elle est son fond de commerce. Puis au détour d'une phrase, il nous plante un décor : nous sommes dans l'habitacle du vol A320. Aux commandes, Andreas Lubitz, le pilote suicidaire. Nous sommes les passagers et lui est l'amuseur qui égaie la galerie pendant que l'avion de ligne descend pour s'écraser.
Majestueux et truculent comme Balzac avec sa traîne. Il en a le regard. Un regard pénétrant qui sonde l'âme humaine. Son empathie le lie aux autres comme une moule à son rocher. Regard dur ou enjoué mais qui ne se baisse pas. À l'idée du lendemain, il vacille un petit peu.
Et Toto, qu'est-ce qu'il dit ?
Alors, il se lève, grave et droit comme un piquet.
Il dit que le spectacle est terminé.
Ni vu ni connu.

Ce soir, je vais dans l'antre du diable.Du damné du système, du pilier de prétoire. De l'ennemi public numéro 1.Non, je ne suis pas très rassurée.De lui, j'aime à voir Le cancer dédié à son tonton, Jésus sur la croix et le vieil Oképi lorsqu'il interprète Aimez-vous les uns les autres.Son spectacle de ce soir est intitulé La paix.Il sera son dernier.Non, ce n'est pas à l'église.Ce...

commentaires (2)

DIEU-DONNÉ... OU DIEU-HÉBÉTÉ... QUELLE DIFFÉRENCE ?

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 07, le 21 août 2015

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Commentaires (2)

  • DIEU-DONNÉ... OU DIEU-HÉBÉTÉ... QUELLE DIFFÉRENCE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 07, le 21 août 2015

  • D'une banalité !.... et d'un ordinaire !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 37, le 21 août 2015

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