Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Syrie

L’Onu « horifiée » par le carnage de Douma

Le bilan des raids sur un marché près de la capitale s'est élevé à presque 100 morts.

Deux enfants blessés, victimes des raids de l’armée syrienne sur le marché de Douma, dimanche. Les attaques du régime ont fait près de 100 morts et 240 blessés, en majorité des civils. Sameer al-Doumy/AFP

L'Onu a qualifié « d'inacceptable » et s'est déclarée « horrifiée » par les raids du régime qui ont fait près de 100 morts sur un marché près de la capitale syrienne, l'une des attaques les plus meurtrières depuis le début de la guerre en 2011.
Le carnage qui s'est produit dimanche à Douma, fief rebelle dans la région de la Ghouta orientale, survient presque deux ans jour pour jour après l'attaque à l'arme chimique dans le même secteur qui avait fait des centaines de morts le 21 août 2013, et avait été attribuée au régime par les Occidentaux et l'opposition.
La série de frappes menées par les avions du régime du président Bachar el-Assad a visé un marché très fréquenté de la ville de Douma située à 13 km au nord-est de Damas et tenue par les insurgés depuis près de trois ans.
« Le bilan est monté à 96 morts », en grande majorité des civils dont des femmes et des enfants, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), soulignant que le nombre de morts risque d'augmenter en raison de l'état critique de nombreux blessés. Au moins 240 personnes ont été blessées d'après cette ONG qui dispose d'un large réseau de sources à travers la Syrie, où l'aviation est la principale arme du régime contre les insurgés.
Hier, quelques heures après la condamnation par l'opposition en exil d'un « massacre », les avions du régime ont encore frappé à quatre reprises la ville meurtrie. Selon un photographe de l'AFP sur place, les gens tentent d'enterrer leurs morts dans le cimetière mais certains n'y arrivent pas car le lieu a été la cible de raids dimanche et lundi.

Enfants couverts de sang
Dimanche, le photographe a décrit l'attaque comme étant la pire qu'il ait couverte à Douma. Après les raids, il a vu des habitants affolés transportant dans un hôpital de fortune un grand nombre de blessés. Faute de place, des dizaines de cadavres étaient alignés sur un sol maculé de sang et même à l'extérieur de l'hôpital. De nombreux enfants couverts de sang criaient et pleuraient. Une vidéo mise en ligne par des militants a montré une scène de dévastation à un carrefour avec des véhicules calcinés au milieu des gravats. Plusieurs façades d'immeubles se sont effondrées.
L'envoyé spécial de l'Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, a jugé « inacceptable pour un gouvernement de tuer ses propres citoyens quelles que soient les circonstances », selon un communiqué. « Le bombardement du gouvernement sur Douma hier a été dévastateur, les attaques de zones civiles avec le lancement à l'aveugle de bombes aériennes, telles que des bombes incendiaires, sont interdites par le droit international », a-t-il ajouté.
En visite à Damas au moment des frappes, le patron des affaires humanitaires de l'Onu, Stephen O'Brien, s'est dit quant à lui « horrifié par l'absence totale de respect de la vie des civils dans ce conflit », lors d'une conférence de presse hier.
Le responsable, qui effectuait sa première visite en Syrie, s'est dit « particulièrement atterré » par le bilan à Douma. Stephen O'Brien se trouvait à Damas pour évaluer les besoins humanitaires de la Syrie, pays qui compte au moins 7,6 millions de déplacés sur son territoire et 422 000 civils assiégés par les belligérants, selon l'Onu.

 

(Lire aussi : Syrie : négocier quoi et avec qui ?, l'article d'Anthony Samrani)

 

« Barbarie primaire »
En France, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a « condamné avec la plus grande fermeté le bombardement par le régime de Damas du principal marché de la ville de Douma » et estimé que « cet acte barbare illustre une nouvelle fois l'inhumanité d'un régime qui n'hésite pas à massacrer sa propre population ».
« C'est de la barbarie primaire, une haine contre l'homme », a affirmé pour sa part le chef de la Coalition de l'opposition en exil, Khaled Khoja, dénonçant indirectement la complicité des alliés du régime Assad, notamment la Russie et l'Iran. « Ceux qui arment ce régime et empêchent le Conseil de sécurité de le tenir pour responsable sont complices dans ce crime », a-t-il ajouté en référence à Moscou qui a opposé son veto à plusieurs reprises à une résolution de l'Onu condamnant le pouvoir de Damas.
Côté gouvernemental, où on présente le raid de dimanche comme une réponse aux attaques des insurgés contre Damas, une source militaire syrienne a accusé les groupes rebelles d'implanter délibérément leurs centres de commandement dans des zones résidentielles. « S'il devait y avoir une escalade contre Damas, il y aura une riposte très forte et décisive », a-t-on poursuivi de même source.
« Nous n'avons aucune présence dans les zones résidentielles », a toutefois démenti un porte-parole de l'Armée de l'islam.
Enfin, hier, des roquettes tirées par les rebelles se sont abattues sur la ville de Lattaquié (Ouest), fief du clan Assad, tuant six personnes selon la télévision syrienne. L'OSDH a parlé de cinq morts.

 

Poser le départ d'Assad comme préalable est « inacceptable » pour la Russie

Poser le départ du président syrien Bachar el-Assad comme précondition est « inacceptable pour la Russie », a affirmé hier le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov lors d'une rencontre avec son homologue iranien, Javad Zarif. Sergueï Lavrov a par ailleurs réaffirmé que « le destin de la Syrie devait être décidé par les Syriens eux-mêmes, sans interférence extérieure ni aucune sorte de prérequis », rappelant les désaccords de Moscou avec les États-Unis et plusieurs pays de la région sur le « destin du président actuel et légitime de Syrie ».
« Toute atteinte à l'intégrité territoriale, à la souveraineté nationale et à l'indépendance politique » de la Syrie et de l'Irak « est inacceptable, et toute ingérence étrangère est inacceptable », a pour sa part affirmé le ministre des Affaires étrangères iranien, Javad Zarif. « Dans ces domaines nous avons une position commune » avec la Russie, a-t-il ajouté.

 

Lire aussi
À Lattaquié, la vraie menace, c'est la division

Riyad refuse de prendre part à la coalition internationale anti-EI proposée par Moscou

Et les nouveaux alliés des Américains en Syrie sont..., l'article d'Anthony Samrani

« Beaucoup de Syriens ont déjà intégré l'idée d'une partition du pays »

L'Onu a qualifié « d'inacceptable » et s'est déclarée « horrifiée » par les raids du régime qui ont fait près de 100 morts sur un marché près de la capitale syrienne, l'une des attaques les plus meurtrières depuis le début de la guerre en 2011.Le carnage qui s'est produit dimanche à Douma, fief rebelle dans la région de la Ghouta orientale, survient presque deux ans...

commentaires (3)

Le monde a beau pleurer la mort d'innocents civils, l'Iran et la Russie continue de voir en Bachar une légitimité inexistante depuis belle lurette. Un criminel est légitime!!! C'est la le drame!!!

Pierre Hadjigeorgiou

12 h 21, le 18 août 2015

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Le monde a beau pleurer la mort d'innocents civils, l'Iran et la Russie continue de voir en Bachar une légitimité inexistante depuis belle lurette. Un criminel est légitime!!! C'est la le drame!!!

    Pierre Hadjigeorgiou

    12 h 21, le 18 août 2015

  • Après 4 ans de guerre civile en Syrie et pleins de carnages en tout genre ...l'ONU est plutôt en retard sur leurs calendrier du chocking professionnel...

    M.V.

    07 h 52, le 18 août 2015

  • Finalement, son secrétaire général adjoint chargé des Affaires humanitaires étant sur place et se rendant compte du carnage indicible de Douma commis par le régime criminel de Damas, l'ONU reconnaît qu'elle a affaire à un régime d'un petit Hitler, qui a commis et commet tous les crimes de guerre et tous les crimes contre l'humanité possibles et imaginables. L'ONU comprend également comment un régime aussi monstrueux engendre fatalement des Daech en réaction.

    Halim Abou Chacra

    05 h 03, le 18 août 2015

Retour en haut