Hale chez Salam : « Il est du pouvoir des Libanais, seuls, de mettre fin à cette destruction des institutions de l’État »

L'ambassadeur des États-Unis, David Hale, a déploré hier l'entreprise « troublante » de « destruction des institutions » politiques du Liban par certaines parties. Il a également annoncé une aide supplémentaire de 20,2 millions de dollars des États-Unis pour le Programme alimentaire mondial de l'Onu au Liban.
M. Hale, qui a été reçu hier au Grand Sérail par le Premier ministre Tammam Salam, a indiqué qu'il avait axé l'entretien sur « l'engagement durable des États-Unis au Liban ».
« Les développements régionaux n'ont pas modifié la politique américaine envers le Liban ou nos engagements vis-à-vis de ce pays, ni notre engagement pour la sécurité régionale. Je tiens à dire clairement au peuple libanais : les États-Unis vous soutiennent et resteront à vos côtés », a affirmé le diplomate américain à l'issue de la réunion.
David Hale a ensuite exprimé son « admiration pour l'armée et les forces de sécurité » à l'occasion du 70e anniversaire de l'armée. « Les forces armées libanaises ont accompli un travail extraordinaire, celui de répondre aux menaces en provenance de la frontière syrienne. L'armée a montré, aux ennemis comme aux amis, qu'elle est forte, tout à fait capable de défendre les frontières du Liban et son peuple, et qu'elle a le soutien de ce dernier », a-t-il indiqué.
« Nous sommes engagés à assurer à l'armée la capacité d'assumer ses responsabilités pour défendre et protéger les frontières. Les États-Unis ont été et continueront à être le premier et plus ferme partenaire de la sécurité de la troupe. Depuis 2006, nous avons fourni plus d'un milliard de dollars en assistance à la sécurité et l'entraînement », a poursuivi l'ambassadeur des États-Unis.
« Tout comme vous pouvez compter sur le soutien international, le Liban a quelque chose qu'aucune autre armée n'a : le soldat libanais. Nos formateurs savent de quoi ils parlent : ils disent que les soldats du Liban, leurs compétences, leur professionnalisme, leur dévouement à la tâche et leur engagement à défendre leur pays sont inégalés », a-t-il noté.
« Nos programmes civils sont tout aussi importants que notre travail sécuritaire, même s'ils sont moins bien connus », a poursuivi l'ambassadeur des États-Unis, avant d'énumérer ces aides : « 220 000 000 dollars pour le secteur de l'éducation du Liban, 281 000 000 dollars à d'autres secteurs, tels que l'eau et le développement économique, un nouvel accès libéré de taxes douanières aux États-Unis pour la grande majorité des produits libanais, 869 000 000 dollars pour aider le Liban et les communautés libanaises à faire face à la crise des réfugiés. »
« Je suis heureux d'annoncer aujourd'hui une subvention supplémentaire de 20,2 millions de dollars des États-Unis pour le Programme alimentaire mondial de l'Onu pour ses opérations d'aide alimentaire d'urgence à l'intérieur du Liban », a souligné le diplomate américain.
« Dans des moments stressants comme celui-là, les Libanais attendent, et c'est justifié, de l'aide de leurs amis à l'étranger dans le but d'assurer une assistance légitime aux institutions étatiques », a par ailleurs indiqué David Hale. « Comme je l'ai dit, nous, et beaucoup d'autres, répondons à cette demande. C'est pourquoi, il est fort troublant que des dirigeants politiques, quelles que soient leurs motivations, prennent des mesures ou positions qui endommagent les institutions mêmes de l'État, lesquelles sont plus que jamais nécessaires maintenant », a-t-il souligné.
« Au lieu de voir de la force, nous constatons une présidence vacante. À la place de la coopération, nous voyons un blocage, y compris de certains prêts et subventions internationaux que le peuple libanais veut à juste titre et dont il a besoin pour faire face aux charges écrasantes qui pèsent sur la société », a ajouté David Hale.
Et de conclure : « Nous remplirons notre rôle et répondrons à toutes les demandes d'aide que nous recevrons. Mais il est du pouvoir des Libanais, seuls, de mettre fin à cette destruction des institutions de l'État et de commencer à les réparer. Quand cela commencera à se produire, les solutions suivront, ainsi qu'un soutien international encore plus fort. »
Dans le cadre de ses audiences, Tammam Salam a en outre reçu l'ancien ministre Tony Karam (Forces libanaises) et le chanteur Charles Aznavour.