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Nos Lecteurs ont la Parole - Ronald BARAKAT

Nucléaire iranien : un accord « printanier »

On a beaucoup spéculé, de part et d'autre du Golfe persique, sur les gains et pertes des deux parties – Groupe 5+1 et Iran – relativement à l'accord sur le programme nucléaire iranien, conclu le 14 juillet à Vienne. Iraniens et pro-Iraniens (syriens et libanais) ont aussitôt jubilé, criant victoire, ce qui vient confirmer le fait que les victoires imaginaires ne plongent pas leurs racines dans les soubassements de la personnalité de base arabe uniquement, mais perse également.
En effet, loin des élucubrations et des délires analytiques des journalistes « experts », nous nous confinerons dans la position de l'observateur sobre, muni de sa logique brute, et nous utiliserons une grille de lecture fort simple, susceptible de ramener les triomphateurs et triomphalistes sur terre ferme.
Il ressort de l'accord sur le nucléaire que l'Iran n'aura pas sa bombe atomique, pas d'arme nucléaire. Pas de sitôt, pas dans dix ans et probablement pas dans cent ans. Point. Tandis que toutes les tractations, les tergiversations et les résistances, sur des années, avaient pour raison et pour motivation principales le désir de l'Iran de se doter de l'arme nucléaire, à l'instar d'Israël et d'autres pays ne faisant pas partie des puissances nucléaires traditionnelles, telles que l'Inde, le Pakistan et la Corée du Nord. Et la question est de savoir comment l'Iran et ses alliés ont pu accepter cette « injustice », après l'avoir longtemps dénoncée. Comment ont-ils pu admettre que des sunnites aient la bombe atomique (Pakistan), des hindous (Inde), des juifs (Israël), outre les chrétiens représentés par les puissances nucléaires traditionnelles, et point les chiites, dont la voie à l'armement nucléaire est désormais barrée.
Il ressort de l'accord que les installations nucléaires de l'Iran seront soumises, comme l'a bien affirmé Obama, à « une surveillance sans précédent, 24 heures sur 24, sept jours sur sept », tandis que l'intéressé s'y était refusé.
Il en ressort que les sanctions, qui seront levées graduellement, seront rétablies en cas de violation de l'accord, tout en maintenant l'embargo des Nations unies sur l'importation d'armes par l'Iran pour une durée de cinq ans.
Il en ressort un fait qui n'a pas l'air d'avoir embarrassé outre mesure les tenants et partisans de la « moumanaa » (l'axe de la résistance au tandem américano-sioniste) qui est celui de l'ouverture à l'Oncle Sam par la signature d'un accord historique avec ce « Grand Satan » longtemps abhorré, lequel inaugurera une nouvelle ère qui fera entrer l'Iran – sous conditions – dans la cour des nations, après un long isolement fort dommageable, ce qui l'obligera, lentement mais sûrement, à se conformer à ses valeurs et à sa charte. Cette entrée d'un régime théocratique dans le monde laïque, occidental en l'occurrence, introduira le pays dans le grand village de la mondialisation, au profit de l'aile réformatrice et aux dépens (pour ne pas dire au grand dam) de l'aile conservatrice qui ne pourra freiner à la longue, même en serrant au mieux la vis, la marche démocratique de l'histoire et l'inoculation des valeurs laïques dans le « socius » iranien. Les conjonctures favorables à un soulèvement de masse, inspiré du soulèvement sauvagement réprimé de 2009, suite à la réélection contestée d'Ahmadinejad, se représenteront en force, et en temps utile, pour annoncer ce qu'il conviendra d'appeler le Printemps de Téhéran. La seconde pousse dudit Printemps, après la première de 2009, arrachée par la violence, s'est déjà manifestée par l'élection, le 14 juin 2013, du seul candidat modéré à la présidence de la République islamique d'Iran, Hassan Rohani.
Les spéculateurs du dimanche, qui considèrent que dans le bras de fer qui a opposé le Groupe 5+1 et l'Iran c'est ce dernier qui a pris le dessus, devraient mieux justifier leur raisonnement, car d'ordinaire c'est l'assiégé qui jette du lest, qui se plie aux conditions de l'assiégeur et non le contraire. C'est l'Iran qui avait besoin de respirer économiquement, sous peine de courir le risque d'un Printemps prématuré.
Et les premiers indices concrets, antérieurs et postérieurs à l'accord sur le nucléaire viennent déjà montrer la tendance : retrait de l'influence iranienne au Yémen avec la libération d'Aden, destitution du pro-iranien Maliki en Irak et relâchement de la mainmise iranienne dans ce pays et en Syrie au profit de l'État islamique sunnite, enlisement de son appendice, le Hezbollah, dans le bourbier syrien en passe d'engloutir son autre allié, Bachar el-Assad, ceci sans oublier l'écrasement du soulèvement chiite à Bahreïn.
Et, chose aussi inattendue qu'inédite : la nouvelle vocation militaire que se découvre l'Arabie saoudite qui a pris la tête de la Coalition arabe contre les chiites houthis du Yémen. À la puissance militaire chiite, nous voyons émerger son équivalent sunnite opposé, représenté par le royaume wahhabite, les pays du Golfe et l'Égypte, ceci outre le sunnisme ultraradical répandu dans son voisinage direct, à cheval entre l'Irak et la Syrie, ce qui accentuera la dépendance du « petit satan » envers le Grand Satan pour en venir à bout, non sans consentir à des sacrifices supplémentaires.
La levée des sanctions économiques de l'Iran ne peut être considérée comme une victoire en soi, puisqu'elle est le résultat de concessions iraniennes, qui permet le retour de ce pays à la normale, étant donné qu'il est anormal pour un pays d'être sanctionné. Et si cette normalisation générera une prospérité, elle ne peut qu'être bienvenue pour ce pays comme pour tout autre, pourvu que celle-ci soit utilisée à bon escient, pour l'émancipation des siens et non la domination des autres. Et il reviendra à ces « autres », pays arabes surtout, de veiller au grain.
Il leur reviendra aussi de développer, de plein droit – leur puissance financière aidant – une industrie nucléaire civile, à l'instar de leur rival chiite.

On a beaucoup spéculé, de part et d'autre du Golfe persique, sur les gains et pertes des deux parties – Groupe 5+1 et Iran – relativement à l'accord sur le programme nucléaire iranien, conclu le 14 juillet à Vienne. Iraniens et pro-Iraniens (syriens et libanais) ont aussitôt jubilé, criant victoire, ce qui vient confirmer le fait que les victoires imaginaires ne plongent pas leurs...

commentaires (2)

DES PETITS HASARDS AUQUELS ON DONNE DES DIMENSIONS ENORMES ET IRREELLES !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 02, le 29 juillet 2015

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Commentaires (2)

  • DES PETITS HASARDS AUQUELS ON DONNE DES DIMENSIONS ENORMES ET IRREELLES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 02, le 29 juillet 2015

  • C clair net et precis....a bon entendeur ...salut..

    Houri Ziad

    11 h 06, le 29 juillet 2015

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