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Liban - Reportage

Coup de colère au centre-ville : les ordures jetées et brûlées au milieu des rues

Les routes menant vers le centre-ville via Béchara el-Khoury ainsi que la voie est du « ring » Fouad Chéhab et la rue Mar Élias ont été bloquées hier à la circulation après que des inconnus eurent mis le feu aux bennes à ordures déplacées au milieu de la chaussée.

Des sacs-poubelles déversés sur la route principale sous le ring et des bennes en feu ont bloqué la circulation hier soir. Photo RRT

La crise des déchets monte d'un cran. Il ne s'agit plus seulement de monceaux d'ordures débordant des bennes devenues de véritables décharges sauvages qui colonisent les trottoirs et occupent, gratuitement, les places de parking. Hier les sacs-poubelles, mélangés à des tessons de verre et d'autres déchets de tout genre, ont été déversés intentionnellement et soigneusement éparpillés sur la chaussée dans la ruelle reliant l'avenue Béchara el-Khoury au centre-ville. Le tout bloquant la circulation et causant de gros embouteillages.
« Des jeunes sont arrivés et ont mis le feu aux bennes avant de s'évanouir en un rien de temps dans la nature », indique le valet parking d'un restaurant avoisinant, affaissé sur sa chaise et fixant d'un air absent la fumée, inconscient du danger que représentent les gaz émanant de ce feu toxique.
Plusieurs grandes bennes métalliques vertes étaient en feu hier en début de soirée, certaines renversées avec leur contenu. Le tout formant un spectacle des plus désolants et des plus choquants et prenant au piège les automobilistes qui criaient leur rage.


Le même constat rageur est proféré par ces derniers lorsqu'ils arrivent enfin à un endroit où la fumée est un peu moins épaisse et qu'ils peuvent enfin entrouvrir leur vitre pour exprimer leur indignation : « Quel pays de m..., c'est invivable, c'est le pays des catastrophes, il ne nous manquait plus que ça : dormir avec pour dernière image des déchets et avec la fumée des ordures dans le nez, quelle honte... »
Les agents des Forces de sécurité intérieure (FSI), mobilisés aux côtés des soldats de l'armée, essayent d'organiser vaille que vaille la circulation bloquée depuis une bonne dizaine de minutes. La Défense civile dépêche des pompiers à bord de camions-citernes pour circonscrire les feux déclarés dans les poubelles au niveau de plusieurs bifurcations menant au centre-ville et sous le ring. L'odeur nauséabonde enveloppe toute la région connue pour ses restaurants et ses quartiers résidentiels.


Les militaires regardent impuissants les piétons contraints de s'engouffrer dans les ruelles avec leurs vêtements transformés en masques. À la question de savoir qui est responsable de ce gâchis supplémentaire qui vient s'ajouter aux autres faits assombrissant la saison estivale, ils se contentent de hocher la tête en disant que ce sont des jeunes qui veulent bloquer les routes en signe de protestation contre la crise des déchets, mais qui ont mandaté les bennes pour le faire à leur place. « Nous n'avons arrêté aucun des jeunes, nous nous contentons d'ouvrir les routes à la circulation et comme vous le voyez, c'est à nous d'enlever les ordures », dit un agent des FSI, laconique. Les policiers dégagent un passage tant bien que mal avec les moyens du bord pour que les automobilistes puissent poursuivre leur chemin.
Une fois la route rouverte à la circulation laissant passer une seule voiture à la fois, des passagers à bord de leurs motos sur le ring se mettent à crier à l'aide en direction des gendarmes, affirmant que des jeunes ont mis le feu à des bennes au niveau de la voie menant vers Achrafieh-Tabaris. Une autre patrouille des FSI se dirige immédiatement vers l'endroit cité. Le même scénario les attend : des bennes à ordures en feu avec des sacs-poubelles dont le contenu a été déversé au beau milieu de la chaussée. Un officier des FSI accourt et avec l'aide de ses hommes commence à dégager les sacs. Les policiers à l'œuvre inhalent la fumée qui se dégage des déchets. Une voiture des FSI arrive à leur secours et pousse les grosses bennes alourdies par le poids des ordures accumulées depuis plusieurs jours en les percutant. Quelques minutes ont été suffisantes pour provoquer un embouteillage monstre qui s'étend du pont jusqu'à la rue Spears. Le même scénario se produit dans la région de Mar Élias, apprend-on plus tard en soirée.


Certains automobilistes impatients insultent le pays et les responsables par la même occasion, d'autres prennent le risque de rouler sur les sacs-poubelles jetés sur les routes transformées en décharge. Sous leurs pneus, les bouteilles en verre éclatent. Les ordures en feu qui s'amoncellent se mélangent au goudron ramolli par la chaleur des flammes, faisant du passage des véhicules une vraie aventure risquée pour les automobilistes qui hésitent à s'engager sur la voie glissante.
Avec en bonus les multiples coupures d'électricité, les habitants de ces régions seront probablement confrontés à une soirée passée dans la chaleur et les fumées toxiques.
Aujourd'hui, c'est la société civile qui compte donner de la voix. Ce soir, à 17h, des jeunes de la société civile organisent un sit-in devant le Grand Sérail, avec pour slogan à l'adresse des ministres : « Vous puez ! »

 

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