Rita, 42 ans et mère de trois enfants, emmenait ses nièces et son neveu fraîchement rentrés du Canada pour les vacances chez le pâtissier pour leur offrir un dessert, à Jbeil, où elle venait de s'acheter, avec son mari, un nouvel appartement. Mais un drame dont elle a été la principale victime la laissera sans vie sur le trottoir devant son fils âgé de 9 ans et ses neveux.
Rita Daham Francis, qui avait dans les bras son neveu Nathan, âgé de trois ans, a été fauchée par une chauffarde à l'entrée du parking de la pâtisserie L'Abeille d'or, la renversant ainsi que l'enfant par terre. La conductrice, apparemment encouragée à fuir par un passager qui l'accompagnait et prise de panique, selon des témoins oculaires qui la suppliaient de s'arrêter, a décidé de s'enfuir. En maniant sa jeep de type Nissan Murano de couleur noire, elle a écrasé à deux reprises le corps de la victime bloquée sous la voiture, en plus du choc initial, et occasionné des blessures au petit Nathan qui n'a pas réussi à éviter les roues de la voiture tout-terrain.
Les os de Rita se sont brisés sous le poids de la jeep qui est passée à plusieurs reprises sur son corps mince, selon le rapport du médecin légiste, et ont perforé son cœur et ses poumons. Nathan, quant à lui, s'en est sorti avec quelques blessures.
« Rita n'est pas morte sur le coup, elle est restée consciente et se plaignait de douleurs insupportables à sa sœur Rima qui l'accompagnait dans l'ambulance qui l'a transportée à l'hôpital où elle a été transférée aux soins intensifs avant de rendre l'âme », raconte la nièce de la victime, Khouloud Moubarak Hélou, à L'Orient-Le Jour. « Ce n'était pas une tante, mais plutôt une sœur aimante et très proche de nous, elle a essayé d'éloigner les enfants qui étaient sous sa garde de la voiture qui les menaçait, mais malheureusement, elle n'a pas eu le temps de se sauver elle-même. Son sort n'aurait pas été tragique si la femme au volant avait eu la bonté de s'arrêter à temps après le premier choc », reprend Khouloud.
Son fils aîné Andrew, 19 ans, un champion de basket-ball interscolaire, qui se trouvait dans les parages, a accouru vers le lieu de l'accident, alerté par son père au téléphone, et a essayé de prendre en charge son petit cousin gisant sur le sol et pleurant, près de sa mère Rita aux prises avec la mort, en attendant l'arrivée des secours.
Un troisième fils, Peter, venait de décrocher son baccalauréat à 17 ans.
« Le benjamin de Rita, Jason, aurait reçu le premier l'impact de la jeep, mais a réussi à s'écarter à temps malgré des blessures visibles sur ses jambes, et nous nous estimons heureux que les enfants, eux, sont restés en vie malgré l'horreur du vide laissé par une maman de trois jeunes garçons désormais orphelins qui ne demandent que la justice et le droit à la vérité », poursuit la nièce de la victime. « Jason est toujours en état de choc et il ne cesse de répéter que sa maman a rejoint Jésus. Il ne retrouve plus le sommeil, nous lui avons pris d'ailleurs un rendez-vous chez un psychothérapeute afin de l'aider à dépasser ce traumatisme », dit-elle. « Son mari n'a pas accepté que quelqu'un porte le cercueil de Rita lors des funérailles où tous les présents étaient en état de choc, il voulait lui-même s'occuper d'elle », raconte Khouloud.
Scénarios différents
Des témoins présents au moment de l'incident ont suivi la voiture qui a provoqué l'accident et ont réussi, avant sa disparition, à prendre le numéro de la plaque d'immatriculation qu'ils ont communiquée aux agents de police dépêchés sur les lieux. « Aucun détail ni aucune information pertinente ne nous ont été donnés jusqu'à présent, une semaine après l'accident, mais nous comptons déposer plusieurs plaintes, notamment une plainte devant l'ambassade du Canada au Liban, et nous tenons à connaître l'identité de cette femme sans conscience qui a accepté de laisser une autre périr sous les roues de sa jeep », relève Mme Hélou. « Je connais bien la mentalité de Rita et celle de son mari, c'est celle du pardon. Si la femme s'était manifestée après l'accident ou même avait proposé son aide, nul d'entre nous n'aurait pensé à avoir recours à la justice », affirme la jeune femme.
Surtout que, selon elle, les autorités essaient de leur présenter à présent des scénarios différents de l'accident, notamment que Rita aurait été écrasée lorsqu'elle essayait de franchir l'autoroute ou que le conducteur n'était pas une femme, mais un homme... « Eh bien, non ! Rita était debout sur le trottoir avec un enfant dans les bras et la personne au volant de la voiture meurtrière était une femme voilée au vu et au su de tout le monde. Nous allons dévoiler les faits réels de l'accident quelles que soient les raisons pour lesquelles certaines parties essaient de nous cacher la vérité », insiste-t-elle.
« Rita n'est pas victime d'un accident de la route, elle est victime de l'inconscience et de la lâcheté des chauffards qui fuient leurs responsabilités. Qui est censé protéger les piétons innocents ? » se demande Mme Hélou.
Contactés par L'Orient-Le Jour, les agents de la brigade de la sécurité routière à Jbeil se sont refusés à tout commentaire concernant les détails de l'accident.
Pour mémoire
Quand un secouriste en mission est renversé par un chauffard
Le code de la route appliqué lentement, mais sûrement, estime la police
commentaires (12)
Peut être que c 'est la voiture de la femme du diable qui sait?? franchement quelle lâcheté !!! C'est dégoûtant!
CBG
23 h 29, le 15 juillet 2015