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Liban - Décryptage

Le ras-le-bol de Aïn el-Tiné : stop à la paralysie des institutions publiques !

On ne peut plus paralyser les institutions du pays et les projets de développement, en attendant l'élection d'un président. La réunion du Conseil des ministres devrait donc avoir lieu et même une session extraordinaire du Parlement devrait être ouverte. C'est ce que rapportent les milieux proches du président de la Chambre Nabih Berry, qui laissent transparaître une sorte de ras-le-bol, doublé d'une volonté de réagir. Selon ces milieux, Berry a fait de son mieux pour comprendre les appréhensions des parties chrétiennes à la suite de la vacance à la tête de l'État. Mais au final, cette situation dure depuis plus d'un an et rien n'indique un déblocage imminent. Faudrait-il donc continuer de paralyser toutes les institutions de l'État, dans un climat régional explosif, sans aucune perspective de solution ? Cela paraît risqué, d'autant que l'idée de départ de cette paralysie était de faire pression pour accélérer l'élection d'un nouveau président. Or, il est clair que cette pression ne sert à rien, puisque le blocage reste total.

Dans ce cas, à quoi sert de maintenir cette pression ? Les milieux proches de Aïn el-Tiné précisent qu'il y avait eu une situation similaire entre novembre 2007 et mai 2008, sans que les parties chrétiennes réagissent ainsi. Pourtant, cette fois, le président de la Chambre a fait tout ce qui était en son pouvoir pour faciliter l'élection d'un président. Il a même convoqué une séance d'élection avant la fin du mandat du président Sleiman et le quorum des deux tiers avait alors été assuré. Le premier vote avait même eu lieu et les bulletins blancs avaient été les plus nombreux. Ce qui voulait dire que si le général Michel Aoun avait présenté sa candidature et si le second tour avait eu lieu, il aurait été probablement élu. Mais à ce moment-là, Aoun était convaincu qu'il serait élu avec l'aval du bloc du Futur et qu'il fallait seulement attendre un peu... Voilà où nous en sommes aujourd'hui...

Les milieux de Aïn el-Tiné sont catégoriques : la situation ne peut plus continuer ainsi. Le président de la Chambre a fait preuve d'une grande patience, mais le Liban est en train de perdre des aides considérables à cause de ce blocage. La Banque mondiale a ainsi accordé d'importants crédits pour la construction du barrage de Bisri qui devrait fournir de l'eau à la moitié du Liban. Mais il y a un délai et si le Parlement ne donne pas son accord, le crédit pourrait s'évaporer et avec lui bien d'autres projets du même genre. Il n'est donc plus possible d'attendre le bon vouloir de certaines parties, qui est en train de coûter cher à l'ensemble du pays. D'autant que, toujours selon les milieux de Aïn el-Tiné, le quorum de la séance parlementaire peut être assuré et l'esprit du pacte national respecté, puisqu'il y aura des représentants de toutes les confessions et de toutes les parties, sachant que le bloc parlementaire du courant des Marada compte assister à la séance, ainsi que les députés chrétiens du bloc du Futur. Même chose pour la réunion du Conseil des ministres, prévue pour jeudi, qui doit prendre des décisions urgentes sur plusieurs sujets importants pour les citoyens et dont la majorité des présents est assurée, puisque 16 ministres ont déjà promis d'y assister (pour rappel, le Premier ministre avait rencontré Berry pendant le week-end avant de décider de convoquer le Conseil des ministres à une réunion jeudi).

Les milieux de Aïn el-Tiné saluent au passage l'immense patience et le nationalisme dont fait preuve le Premier ministre Tammam Salam qui cherche à maintenir le cap en dépit des remous environnants. Ils saluent aussi les prestations du ministre de l'Intérieur qui montre à chaque épreuve qu'il est à la hauteur des responsabilités qui lui sont confiées. Mais la tâche devient de plus en plus difficile face à la radicalisation des positions politiques. Pourtant, les Libanais avaient une chance rare de pouvoir élire un président « made in Lebanon », vu que dans le contexte actuel, les pays qui avaient traditionnellement de l'influence au Liban sont occupés par d'autres problèmes. Malheureusement, les Libanais ne parviennent pas à s'entendre sur un minimum et la situation tout entière s'en ressent.

Faut-il, dans ce cas, avoir des craintes pour la sécurité du pays ? Et jusqu'à quand le Liban sera-t-il épargné par la tempête environnante ? Les milieux proches de Aïn el-Tiné précisent que la seule bonne nouvelle c'est qu'il existe un filet de sécurité qui protège le Liban, d'abord à cause d'une prise de conscience de toutes les parties de la gravité de traduire leurs divergences sur le terrain, ensuite à cause du travail exceptionnel des services de sécurité libanais et, enfin, parce qu'il existe réellement une décision internationale de maintenir le Liban à l'abri des remous. C'est d'ailleurs pour consolider la sécurité interne que le président de la Chambre a lancé l'idée du dialogue entre le Hezbollah et le courant du Futur. Comme la confrontation dans la région devient de plus en plus claire entre les sunnites et les chiites en dépit des dénégations des uns et des autres, le président Berry a voulu éviter la propagation de cette épidémie au Liban. En parrainant un dialogue entre le courant du Futur et le Hezbollah, il établissait en quelque sorte un dialogue entre les sunnites et les chiites du Liban et, indirectement, il espérait lancer les prémices d'un dialogue entre l'Iran et l'Arabie saoudite. Il a réussi concernant les deux premiers points et le dialogue se poursuit tant bien que mal, alors que la rue est relativement apaisée, mais sur le plan régional, le blocage est total.

À ce sujet, les sources de Aïn el-Tiné précisent qu'il est certain que le général Aoun avait de bonnes raisons de croire qu'il avait obtenu l'aval du chef du courant du Futur, aussi bien pour la présidence que pour le commandement de l'armée, mais les promesses qui ont pu lui être faites ne vont peut-être pas être tenues. Faut-il pour autant paralyser tout le pays ? De plus, pourquoi soulever maintenant, à l'avance, la question du commandement de l'armée, alors que le mandat du général Kahwagi se termine en septembre ? Pourquoi veut-on punir cet homme qui réussit à maintenir l'armée en dehors des tiraillements politiques à un moment où le Liban a plus que jamais besoin d'elle ?
S'il s'agit d'un manque de confiance, peut-être justifié, à l'égard du camp du 14 Mars qui pourrait attendre la dernière minute pour imposer un nouveau report de l'âge de la retraite pour le commandant en chef de l'armée, pourquoi ne pas attendre la première semaine de septembre pour soulever cette question, au lieu d'envenimer le climat politique général dès maintenant ? Enfin, les sources de Aïn el-Tiné révèlent que Berry avait proposé une issue à ce conflit, par le biais du report de l'âge de la retraite pour plusieurs généraux en même temps, en respectant l'équilibre confessionnel, mais cette idée a été rejetée et un nouveau dossier conflictuel est venu hélas s'ajouter à tous les autres déjà en suspens...

 

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On ne peut plus paralyser les institutions du pays et les projets de développement, en attendant l'élection d'un président. La réunion du Conseil des ministres devrait donc avoir lieu et même une session extraordinaire du Parlement devrait être ouverte. C'est ce que rapportent les milieux proches du président de la Chambre Nabih Berry, qui laissent transparaître une sorte de ras-le-bol,...

commentaires (5)

De plus en plus arides ses articles, affabulations et méthode Coué.

Christine KHALIL

15 h 13, le 30 juin 2015

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Commentaires (5)

  • De plus en plus arides ses articles, affabulations et méthode Coué.

    Christine KHALIL

    15 h 13, le 30 juin 2015

  • Blablabla habituel.... p a t h é t i q u e !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 38, le 30 juin 2015

  • Ce Décryptage nous dit : "Les sources de Ain el-Tiné précisent qu'il est certain que le général Aoun avait obtenu l'aval du chef du courant du Futur aussi bien pour la présidence que pour le commandement de l'armée, mais les promesses "qui ont pu" lui être faites ne vont peut-être pas être tenues". On ne savait vraiment pas que l'instance la plus intelligente et la plus astucieuse du pays, soit Ain el-Tiné, avait des "sources" simplettes au point de croire que le chef du Futur, Saad Hariri, malgré une certaine mollesse qui caractérise son ton, allait donner son appui et celui de son courant au "candidat de l'axe Iran-Assad-Hezbollah", tel que le dénonçait fermement en ces termes mêmes il y a encore deux jours le député du Futur Ahmed Fatfat. Il est nécessaire d'en finir avec ces illusions délibérées pour que place soit faite au déblocage des "institutions publiques".

    Halim Abou Chacra

    10 h 32, le 30 juin 2015

  • OU : QUAND GOUPIL CONDAMNE LES AUTRES RENARDS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 21, le 30 juin 2015

  • Le premier vote avait même eu lieu et les bulletins blancs avaient été les plus nombreux. Ce qui voulait dire que si le général Michel Aoun avait présenté sa candidature et si le second tour avait eu lieu, il aurait été probablement élu. Mais à ce moment-là, Aoun était convaincu qu'il serait élu avec l'aval du bloc du Futur et qu'il fallait seulement attendre un peu... Voilà où nous en sommes aujourd'hui... MAIS bien sur mon cher Watson !!

    Bery tus

    03 h 20, le 30 juin 2015

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