Jusqu'à hier matin où des passants ont vu, horrifiés, une tête d'homme accrochée au grillage de cette usine de Saint-Quentin-Fallavier dans l'Isère, les Français croyaient que les décapitations n'avaient plus cours depuis les années terribles de la Révolution. Mais le choc mêlé à l'énorme explosion entendue à proximité ont provoqué, en même temps que la peur, une réelle prise de conscience sur la nécessité d'un début de réflexion et d'une volonté de comprendre et de demander de vraies explications. Jusqu'à hier matin, on se contentait d'exprimer des sentiments d'horreur ou de donner son sentiment sur ce qui se passe chez les autres...
À l'heure du Conseil des ministres restreint à l'Élysée qui coïncidait avec la noria habituelle des experts, spécialistes et autres analystes du petit écran, le Français moyen se posait une seule et même question. Et maintenant ?
Loin des cercles politiques et journalistiques, des observateurs se livraient à des évaluations et supputations oscillant entre le début de la « bataille (jihadiste) de France » et l'acte isolé d'un individu ou d'un tout petit groupe de fous de Dieu.
Les seuls éléments concrets ont été obtenus après la réunion de l'Élysée. Au-delà des déclarations faisant état du renforcement des dispositifs et mesures de Vigipirate dans la région Rhône-Alpes, à Paris et dans d'autres zones dites sensibles, des sources gouvernementales ont laissé entendre qu'au plus haut niveau de l'État, il y a maintenant une volonté de changement qualitatif à divers niveaux.
Même quand il s'agit de parfaits gentlemen...
Au plan sécuritaire, bien entendu, il y a un appel à une plus grande vigilance qui serait assortie de l'adaptation qui s'impose au niveau judiciaire. Explication : des individus fichés pour leurs penchants « salafistes », même s'ils ne sont pas impliqués dans des actes répréhensibles, ne devraient plus évoluer librement. La logique est qu'entre la fanatisation et l'acte, la paroi est très mince.
Par ailleurs, et au chapitre de l'évaluation des risques, il faudrait maintenant garder à l'esprit que les cellules dormantes, dont on parle tant, sont constituées justement par des personnes irréprochables en apparence, au casier judiciaire propre, assorti d'une bonne réputation dans leur entourage immédiat.
Enfin, on croit savoir que les trois ministres concernés (Intérieur, Affaires étrangères et Justice) ont été invités par le président François Hollande à plancher sur les points précis des départs et arrivées des jihadistes présumés qui parviennent à établir des liens entre les centres de commandement et les théâtres de combat.
Autres directives : la guerre contre un certain laxisme au niveau de la surveillance des sources de financement, même lorsqu'il s'agit de « parfaits gentlemen » ou de pays supposés amis. Surveillance plus stricte également des imams en action dans l'Hexagone, notamment sur les points précis de leur formation et de leurs références.
Si cela venait à se traduire dans les faits, le gouvernement pourrait obtenir des résultats dans des délais raisonnables.
Reste à savoir si les boucheries de l'Isère, de Sousse en Tunisie et de Koweit City étaient le signal d'une entrée dans une phase active d'opérations de ce type dans le cadre d'une rivalité à mort, on peut le dire sans jeu de mots, entre le groupe État islamique, l'organisation el-Qaëda et autres réseaux de la mort.
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commentaires (3)
Dont l'aboutissement final sera de declarer le qatar et la bensaoudie hors la loi . Faut pas se leurrer , pour ecraser le serpent , il faut le noyer a la source .
FRIK-A-FRAK
17 h 11, le 27 juin 2015