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Liban - Décryptage

De l’eau dans le gaz du Futur

En dépit des divergences, de la tension et des déclarations incendiaires entre le courant du Futur et le Hezbollah, la treizième séance de dialogue s'est tenue lundi à Aïn el-Tiné sous le parrainage du président de la Chambre Nabih Berry. Selon toute probabilité, il ne devrait pas y en avoir de nouvelle pendant la période du jeûne du ramadan, d'une part parce que trois des personnalités qui y assistent souffrent d'un mal de dos (le ministre Ali Hassan Khalil, le conseiller de sayyed Hassan Nasrallah, Hussein Khalil et le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk), et d'autre part parce que dans les circonstances actuelles, le dialogue ne peut plus avancer. Selon une des personnalités qui participent à ce dialogue, les treize séances ont été cordiales et les sujets ont été évoqués avec calme et réalisme. Mais les participants ont atteint le stade où ils se sont dit tout ce qu'ils pouvaient se dire dans le contexte actuel. Chaque camp est resté sur ses positions au sujet de la guerre en Syrie, du dossier présidentiel et de celui des nominations militaires, tout en étant convaincu qu'il ne faut pas aboutir à une paralysie totale des institutions et qu'il faut chercher à réduire la virulence des déclarations dans les médias. Mais même ce dernier point ne dépend pas totalement des participants à ce dialogue, puisque le ministre de la Justice, par exemple, ne tient pas compte des tentatives d'apaisement, tout comme d'ailleurs certaines personnalités du Hezbollah.

Selon des sources qui suivent ce dialogue, il est de plus en plus clair que le courant du Futur est divisé en plusieurs tendances et dans la situation actuelle, celle des « faucons » aurait le vent en poupe. Les mêmes sources rappellent qu'à plusieurs reprises déjà, le chef du courant du Futur Saad Hariri avait donné des signaux positifs au Hezbollah et surtout au général Michel Aoun avant d'être contraint de se rétracter. Ce fut le cas notamment il y a plus d'un an lors du début du dialogue entre Aoun et Hariri sur le dossier présidentiel. M. Hariri s'était donc montré positif, promettant au général Aoun de défendre ses théories auprès des différentes composantes du 14 Mars et auprès des autorités saoudiennes, avant de prendre ses distances, sans toutefois couper le fil du dialogue avec le CPL. Quelques mois plus tard, lors du fameux dîner d'anniversaire du général Aoun donné au domicile de Saad Hariri au centre-ville de Beyrouth, le sujet des nominations militaires et sécuritaires avait été évoqué par M. Hariri lui-même qui s'était même montré favorable à la désignation du général Chamel Roukoz à la tête de l'armée et à celle du général Sélim Osman à la tête des FSI. Une fois de plus, le leader du Futur a nuancé par la suite ses positions et le dossier des nominations militaires et sécuritaires est venu s'ajouter à celui de la présidentielle dans la série des problèmes non réglés.

Les sources politiques proches du 8 Mars sont convaincues que dans toutes ses démarches, Saad Hariri était de bonne foi, sachant qu'il a de nombreuses raisons de vouloir régler ces dossiers pour rentrer au Liban et y assumer des fonctions exécutives. Mais il se heurte à deux sortes d'obstacles, le premier est lié à la situation régionale et à l'absence de tout dialogue entre l'Iran et l'Arabie saoudite, ce qui pousse les dirigeants saoudiens à refuser toute idée de compromis interne au Liban pour ne pas renforcer la position du Hezbollah, et par conséquent celle de son allié, Téhéran. Quant au second obstacle, il serait dû au fait que M. Hariri aurait perdu la position privilégiée qu'il avait avec les dirigeants saoudiens. Saad Hariri était effectivement très proche de la famille du défunt roi Fahd et de celle de son successeur le roi Abdallah. Mais ses relations seraient moins bonnes avec la nouvelle équipe, notamment le prince héritier Mohammad ben Nayef et son propre héritier le prince Mohammad ben Selmane.

D'ailleurs, au cours de la dernière visite du Premier ministre Tammam Salam à Djeddah, Saad Hariri n'a pas été invité à assister à la réunion entre la délégation libanaise et le prince ben Nayef, comme cela se faisait du temps du roi Abdallah, sous prétexte qu'il n'en fait pas partie. Il a aussi été invité à faire une courte apparition au dîner donné en l'honneur de la délégation. Ce qui laisse supposer qu'il ne bénéficie plus de la position privilégiée qu'il avait auparavant. Et cette nouvelle situation aurait des répercussions sur les rapports de forces au sein du courant du Futur. L'ancien Premier ministre Fouad Siniora aurait donc pris de l'importance et, avec lui, les autres « faucons » comme le ministre de la Justice Achraf Rifi, au détriment du camp dit modéré représenté par le chef du courant du Futur Saad Hariri et le chef de son cabinet Nader Hariri.

Entre ces deux courants, il y aurait donc de l'eau dans le gaz et le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk évite de s'aligner sur l'un ou l'autre, soucieux d'assumer pleinement ses responsabilités en cette période particulièrement délicate pour le Liban et pour la région. Mais en même temps, à peine rentré d'Arabie saoudite, Machnouk a signé le décret de report du passage à la retraite du général Basbous à la tête des FSI pour deux ans. Ce qui montre bien qu'il n'y a aucune possibilité de conclure un compromis avec l'autre camp interne tant que la confrontation à peine déguisée entre l'Arabie saoudite et l'Iran se poursuit dans la région. Dans ces circonstances, le dialogue entre le courant du Futur et le Hezbollah ne peut que tourner à bas régime.

 

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commentaires (6)

Depuis quand quand on repond que " on va etudier la question " cela veut dire OUI Uniquement dans les dictatures ou dans les groups politiques avec a leur tete un home qui decide de tout Hariri est democrate , il propose ce qu'il a entendu et accepte la decision de la majorite de son groupe c est cela la DEMOCRATIE , MADAME SCARLETT On ne dit pas alors qu il retourne sa veste

LA VERITE

17 h 12, le 18 juin 2015

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Commentaires (6)

  • Depuis quand quand on repond que " on va etudier la question " cela veut dire OUI Uniquement dans les dictatures ou dans les groups politiques avec a leur tete un home qui decide de tout Hariri est democrate , il propose ce qu'il a entendu et accepte la decision de la majorite de son groupe c est cela la DEMOCRATIE , MADAME SCARLETT On ne dit pas alors qu il retourne sa veste

    LA VERITE

    17 h 12, le 18 juin 2015

  • De l'eau dans le gaz du "Futur", soit du beurre dans les épinards du Fakkîh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 35, le 18 juin 2015

  • mais madame hariri n'a jamais repondu au media lui demandant les résultats des pourparler .. ce sont vos allies madame qui ont sauter sur les conclusions pour acculer hariri sur le fait !! sinon je me rappelle tres bien des articles qui en parlaient ici sur l'OLJ et meme vous madame haddad en avait parler et j'ai tout les articles en archives (mes propres archives) voila pq je vous demandes svp de relire qlq articles que vous avez vous ecris il y a un an !! et en politique l'effet papillon peut durer des mois ou annees .. donc sujet tjrs d'actualite

    Bery tus

    15 h 22, le 18 juin 2015

  • L'article, comme a l’accoutumée, ne focalise que sur les desiderata ou les "wishful thinkings" de Aoun. Hariri gère un parti démocratique, qui a des institutions qui prends des décisions après concertations et vote. Aoun lui dicte, et les autres doivent se soumettre. Ce n'est pas parce que Hariri a répondu positivement d'étudier les propositions que c'est dans la poche! Mais voila Aoun ne supporte pas la démocratie. Elle lui a fait Defaults moult fois et il ne la supporte plus. Quand au reste, honnêtement qui s'en fout si le Prince X ou Y aime Hariri ou Siniora plus ou moins! Franchement c'est du Roman "Nous deux" bête et stupide. En Politique cela n'existe pas. Il y a des intérêts et c'est tout. Aujourd'hui il n'y a plus aucunes raisons de céder quoi que ce soit a Aoun ou au Hezbollah surtout que les deux ont viole la constitution répétitivement depuis 2005. Les deux coulent a grande vitesse et les faucons de tout bord se doivent de le rester et même d'augmenter la pression. Pas pour les anéantir ou les annihiler, loin de la il le font bien tout seul, mais les obliger a rentrer dans le giron de l’état et sortir de leur assujettissement a l'étranger.

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 28, le 18 juin 2015

  • TRÈS CHÈRE MADAME SCARLETT HADDAD... CE N'EST PAS HARIRI QUI A CHANGÉ DEUX FOIS D'AVIS... CE SONT LES DÉCLARATIONS IRRESPONSABLES DU PARAVENTISSIME... PAR ORDRE DE SES SÉÏDES PERC(S)ÉS ET LOCAUX... QUI FURENT ET SONT LA CAUSE DE SES DÉBOIRES DANS LE DOSSIER DE LA PRÉSIDENCE COMME DANS CELLE DU CHEF DE L'ARMÉE ! LE "MAL"... TRÈS CHÈRE MADAME... EST NUCLÉAIREMENT PERC(S)É !!!

    ARABOS-SIONISTES, L,ARTICLE DISPARAIT DES ECRANS

    09 h 00, le 18 juin 2015

  • Franchement les sources du 8 Mars se laissent aller souvent à de l'enfantillage. "A peine rentré d'Arabie saoudite, le ministre Machnouk a signé le décret du report du passage à la retraite du général Basbous...". Vous savez, les plus hautes autorités saoudites (avant c'était le ministre des Affaires étrangères, Saoud el-Faisal), durant une journée entière, laissent de côté le conflit au Yémen et s'occupent, avec le ministre Machnouk, de la prorogation du mandat du général Basbous. Alors, paff ! ils en donnent l'ordre au ministre. Merci, les sources du 8 Mars de nous faire rire de temps en temps.

    Halim Abou Chacra

    06 h 44, le 18 juin 2015

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