Je voudrais simplement partager quelques idées afin de dépassionner un débat nuisible. Hippocrate disait que le meilleur médecin est celui qui fait le moins de fautes. Il est évident que nous, médecins, nous ne sommes pas des surhommes, ni infaillibles. Nous avons prêté serment de guérir et soigner le malade et l'indigent. Nous passons notre vie à le faire ; nous sauvons des centaines d'enfants, nous pédiatres, et nous les voyons grandir, nous vivons avec eux, souffrons avec eux et rions avec eux quand ils sont heureux. Toute notre vie nous l'avons consacrée à guérir et soigner.
Mais nous ne sommes pas à l'abri d'une erreur, d'une négligence, d'une mauvaise information ou d'une paresse passagère un dimanche, nous qui n'avons ni week-end, ni sieste, ni repos, ni vacances prolongées, ni nuits de sommeil entières. Notre téléphone est toujours ouvert et nous sommes toujours à l'écoute. Aussi ne nous jetez pas la première pierre à la moindre erreur.
Certes mon collègue le Dr Maalouf a fait preuve de négligence en retardant de 24 heures le transfert de la petite Ella faute de l'avoir revue à temps à l'hôpital, mais qui n'a pas eu dans sa vie un moment de faiblesse.
D'un autre coté, je voudrais juste raconter une histoire similaire que j'ai vécue lorsque, fraîchement diplômé et de retour de France, j'ai eu à m'occuper d'un enfant de trois ans souffrant d'une pathologie similaire. J'ai passé cinq jours à son chevet, dormant même dans son lit ; je croyais l'avoir sauvé, mais la maladie était plus forte et au bout de 10 jours, nous avons dû l'amputer de ses quatre extrémités. Au point que j'ai presque regretté de l'avoir sauvé. Grâce à Sesobel durant la guerre, il a été transféré en Belgique. Fin de l'histoire, ou du moins c'est ce que je croyais. Mais, il y quelques années, je reçois un monsieur d'un certain âge qui me montre la photo d'un athlète en tenue de footballeur. Il me dit : c'est le petit gosse que tu avais sauvé ; il joue au foot dans une équipe de handicapés, conduit sa voiture et mène une vie normale ;
son seul problème est qu'il ne communique pas avec son père, ne sachant pas parler l'arabe.
C'est pourquoi il ne faut jamais perdre espoir, et surtout ne pas condamner de façon agressive un pédiatre respecté par tous ses pairs et toute la région de Jbeil. Lui qui a passé sa vie à se dévouer au service de l'enfance libanaise.
Ne jetez donc pas la pierre et aidons plutôt la petite Ella à pouvoir mener la vie la plus normale possible.
Professeur Robert SACY
Ancien président de la Société libanaise de pédiatrie
commentaires (5)
suite....Je pense que ce pédiatre n'avait pas une appartenance politique sinon il serait déjà acquitté... N'est ce pas étrange que les élections du conseil de l'ordre soit politisé? une profession d'élite doit elle être soumise au bas jeux politiques? La vraie victime est l'enfant Ella , le fautif est un système de santé qui ressemble plus à une jungle de sauvagerie concurrentielle qu'à un service dû à la population! Que des médecins défendent leur collègue rien d'anormal...l'aléa thérapeutique et diagnostic existe....Ce pédiatre doit être traité comme il se doit... ce n'est pas lui qui a causé la maladie... il y a des milliers des victimes par incompétence médicale ou défaut de moyens adéquats plus faciles à défendre...et des vrais coupables à emprisonner...
CBG
00 h 34, le 10 juin 2015