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Nos Lecteurs ont la Parole - Le centenaire du génocide arménien

1915 – 2015

Papa avait cinq ans quand tout a commencé ce 24 avril-là.
Ils étaient des centaines de milliers d'enfants comme lui, arrachés tout d'un coup, sans comprendre pourquoi, à leur vie, à leur avenir. Il a perdu son père, une sœur, des tantes, cousins et cousines.
Il s'est retrouvé exilé avec sa mère et deux de ses sœurs à Alep. Puis ce fut Beyrouth, les jésuites, les études de droit, de finance, un travail acharné, une volonté de réussir, de servir ce pays d'accueil auquel il a tout donné. Ils sont des milliers à avoir eu le même destin. Chacun a réussi à servir ce Liban tant aimé, à sa façon, dans son domaine.
Nous connaissons tous les difficultés, les souffrances, les misères endurées. Nous l'avons appris par maman à qui il s'était confié, et encore par bribes – lui était trop pudique pour en parler, et puis les grandes blessures sont difficiles à partager. Seule tante Alice, à la fin de sa vie, revivait les horreurs vues et vécues sur la route de l'exil.
Papa, tu ne nous parlais pas de tes terribles épreuves, pour nous protéger. Mais nous savions. Et cette tristesse et ces angoisses, soudaines et diffuses, que nous ressentions, apparemment sans raison – et qui perdurent –, c'était par osmose avec toi. Nous sentions quel lourd destin notre famille avait vécu.
Tous les enfants des survivants partagent ces sentiments. C'est cela, la mémoire collective.
Nous n'oublions pas. Nous pardonnons. Il faut pardonner, mais ne pas oublier – jamais.
Les descendants des tortionnaires doivent faire face à leur passé. C'est seulement s'ils acceptent d'appeler le crime par son nom qu'ils trouveront la paix, que nous trouverons la paix, que les martyrs trouveront la paix éternelle.
Nous ne demandons rien de plus.

Christiane OUGHOURLIAN-MAKAREM

Papa avait cinq ans quand tout a commencé ce 24 avril-là.Ils étaient des centaines de milliers d'enfants comme lui, arrachés tout d'un coup, sans comprendre pourquoi, à leur vie, à leur avenir. Il a perdu son père, une sœur, des tantes, cousins et cousines.Il s'est retrouvé exilé avec sa mère et deux de ses sœurs à Alep. Puis ce fut Beyrouth, les jésuites, les études de droit, de...

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