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Lifestyle - Un peu plus

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Pour comprendre un mot, on a toujours utilisé un dictionnaire. Trois mille pages de noms communs, féminins, pluriels, d'adjectifs, de verbes, de synonymes et de contraires, de phonétique, de locutions et de nouveaux venus. Trois mille pages qui donnent un sens à nos pérégrinations lexicales. Aujourd'hui, les mots changent. Les expressions adoptent la langue de Shakespeare. Les définitions ne sont plus les mêmes en fonction des langues que l'on utilise. Le français, l'anglais et surtout l'arabe. Cette langue maternelle aux mille sens, aux mille nuances. Ces mots intraduisibles, ces proverbes populaires et autres expressions qui savent mieux que n'importe quel autre dialecte exprimer nos sensations. Mais la langue n'est plus la seule à subir des transformations, des mutations. Un grand nombre de domaines sont en évolution et les mots qu'on utilisait auparavant pour en parler ne sont plus « accurate ». Il est difficile désormais de parler de styles musicaux sans avoir à rajouter des adjectifs. Rock, disco, blues, jazz, folk, funk, rap, reggae, pop, électro font toujours partie des genres majeurs mais, à côté de ça, des variations sur les mêmes thèmes ont explosé. Progressive house, deep house, nu disco, neo soul, chillstep, hip-hop psychédélique, speedcore, uplifting trance et tant d'autres encore. Et quand on ne sait plus comment classer un morceau, on le fourre dans l'indie, voire l'alternatif ou l'underground. Compliqué ? Salutaire plutôt. Pourquoi devrait-on se limiter à un seul mouvement? Tous les chemins étant possibles, autant les explorer. Les caresser du bout des doigts. Tous les chemins de la vie. On n'a plus besoin de labelliser les choses, les gens. Ni leurs jobs, ni leurs orientations sexuelles, ni leurs choix, ni leurs relations. À l'heure où toutes les définitions sont devenues permises, où les mots se construisent et/ou se déstructurent, où les mélanges sont acceptés, plus rien n'est impossible. Et pas besoin d'utiliser ce qu'on appelle le urban dictionary pour légitimer un nouveau mot. Tout est à (ré)inventer. Les postes au sein d'une entreprise ont déjà damé la route. On peut être tout et n'importe quoi, porter une suite de titres incompréhensibles pour qui ne maîtrise pas le sujet et accrocher plusieurs cordes à son arc. On a (ré)inventé la cuisine, les plats. On a redéfini les compositions, marié les ingrédients. Pas dans ce qu'on appelle la fusion, mais dans une réinterprétation des saveurs. On a (ré)inventé la littérature, l'écriture et ce fameux champs lexical. On reconstruit les phrases et les paragraphes, les chapitres et l'ensemble du livre. On a (ré)inventé le style, la mode, les genres. Hipster, métrosexuel, lumbersexuel, boho, preppy, gothic chic. On a (ré)inventé la famille. On a créé de nouveaux formats, de nouvelles valeurs plus modernes. On a (ré)inventé l'amour. Les histoires d'amour. En ne logeant plus à la même enseigne que les générations précédentes. On a redéfini les mots en n'attribuant plus d'étiquette au fonctionnement des sentiments. Ensemble, pas ensemble, mariés, pas mariés, engagé, pas engagé, compromis, pas compromis. Ta femme, son homme, ton boyfriend, son date, ton fuck buddy, son bootie call, une cougar, friends with benefits... On a redéfini toutes les situations, comme on place un hashtag (#) devant nos nouveaux ouvrages. On a remodelé nos modes de vie, renouvelé ces définitions qui nous coinçaient dans une boîte aux angles obtus et on s'est octroyé le droit de sortir de la marge, d'y mettre nos observations, nos commentaires à l'encre indélébile et en effaçant avec plaisir les notes que d'autres pouvaient nous mettre. Il n'y a plus de mauvaises notes.

Pour comprendre un mot, on a toujours utilisé un dictionnaire. Trois mille pages de noms communs, féminins, pluriels, d'adjectifs, de verbes, de synonymes et de contraires, de phonétique, de locutions et de nouveaux venus. Trois mille pages qui donnent un sens à nos pérégrinations lexicales. Aujourd'hui, les mots changent. Les expressions adoptent la langue de Shakespeare. Les définitions...

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