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Liban - Micro-trottoir

Le nouveau code de la route angoisse une population qui reste quand même sceptique

Jusqu'au 28 avril, les agents de police sont mobilisés dans tout le pays pour sensibiliser les automobilistes au nouveau code de la route. Certains conducteurs sont favorables aux règles et sanctions plus strictes, mais d'autres doutent de la pérennité de telles mesures.

Les agents de la circulation sont tous munis d’un signal d’arrêt.

Au carrefour de Sodeco, un policier fait remarquer à une jeune fille, juchée sur le siège arrière d'un scooter, qu'à l'instar du conducteur, elle doit également porter un casque. Elle le supplie de ne pas lui donner de contravention, l'agent lui rétorque alors : « Ça ira pour aujourd'hui, mais à partir de la semaine prochaine vous serez sanctionnée. »
Le ton est donné : les agents de police présents aux grands carrefours de Beyrouth facilitent la circulation et sont également en charge de la bonne application du code de la route tout au long de cette semaine de prévention. Les amendes tellement redoutées par les Libanais ne sont pas pour cette semaine. À partir du mardi 28 avril, il va falloir être nettement plus vigilant sur les routes.
Les policiers appellent à une plus grande responsabilité de la part des conducteurs. En adoptant des mesures simples de sécurité, comme le port obligatoire de la ceinture ou du casque, l'interdiction du téléphone portable au volant, le respect des limitations de vitesse et des feux de signalisation, de nombreuses vies peuvent être sauvées.
Ce matin, les automobilistes semblent manifester de la bonne volonté pour respecter certaines règles du nouveau code de la route. La plupart des conducteurs portaient leur ceinture de sécurité : « Je l'ai toujours mise, même avant qu'on parle de ce nouveau code », affirme un homme au volant. Au milieu des embouteillages du croisement Omar ben Abdel Aziz, un taxi, soucieux de la nouvelle réglementation, prie son client de mettre sa ceinture.
Certains automobilistes, moins informés, se font rappeler à l'ordre par les agents, et d'autres encore n'hésitent pas à se renseigner auprès des officiers de police pour connaître la valeur des sanctions en cas d'infractions. C'est le cas de ce passant à Hamra qui s'inquiète du prix de l'amende qu'il risque de recevoir s'il traverse à un feu rouge pour piétons : « 20 000 LL ! » répond le policier. Le piéton fait la moue et se fige en attendant le feu vert. En effet, le prix des contraventions a presque quintuplé depuis l'instauration du nouveau code.
La modernisation du secteur passe notamment par la création de nouveaux organismes responsables de la sécurité routière, la réforme de l'éducation et des procédures d'obtention du permis de conduire, ainsi que l'augmentation du montant des contraventions en cas de violations. Yara, une jeune conductrice, avoue encore manquer d'informations sur les sanctions. « Je vais me renseigner davantage car les infractions coûtent trop cher », dit-elle. Beaucoup déplorent d'ailleurs le fait que ce code « favoriserait la corruption », ou « n'aurait vu le jour que pour renflouer les caisses de l'État ». « Ce sont des mesures contre les pauvres et pas contre les riches », fulmine un chauffeur de taxi. Un policier à Hamra affirme pourtant : « Nous ne faisons pas cela pour l'argent, mais bien pour réduire le nombre d'accidents sur les routes. »
En moyenne, une cinquantaine de personnes meurent chaque mois des suites d'accidents de la route au Liban, selon les Forces de sécurité intérieure (FSI).
Nul ne doute que l'objectif premier est de garantir la sécurité routière, mais il faudra encore convaincre les plus sceptiques quant à l'application de ce code. « Ça ne marchera pas, les Libanais n'aiment pas les lois », lance un conducteur. « Ça ne va pas durer, ils vont faire respecter le code deux ou trois semaines et après, tout redeviendra comme avant », ajoute un autre. Les nouvelles réglementations soulèvent également d'autres réflexions concernant le manque d'infrastructures. « Le problème de ce pays, c'est qu'il n'y a pas de feux, pas de passages pour piétons, pas de marquage au sol, pas de panneaux ni d'éclairages pour les routes. Avant d'appliquer ce code, il faut résoudre ces choses-là pour que nous puissions rouler correctement », relève un automobiliste. Une autre dame met en avant le problème de l'obtention du permis de conduire. « Avant tout, il faut former les jeunes au code de la route », s'exclame-t-elle.
Étonnamment, aucune des personnes interrogées ne fait allusion aux mauvaises pratiques qui caractérisent la conduite libanaise : des excès de vitesse qui vont bon train, des automobilistes qui font marche arrière sur l'autoroute, qui grillent des feux rouges tout en envoyant des messages sur leur téléphone portable, et qui se garent en double file sur des passages pour piétons.
Reste à voir si l'entrée en vigueur de mesures plus strictes améliorera la sécurité routière au Liban.

Sarah SOUHAIL et Marie TIHON

Au carrefour de Sodeco, un policier fait remarquer à une jeune fille, juchée sur le siège arrière d'un scooter, qu'à l'instar du conducteur, elle doit également porter un casque. Elle le supplie de ne pas lui donner de contravention, l'agent lui rétorque alors : « Ça ira pour aujourd'hui, mais à partir de la semaine prochaine vous serez sanctionnée. »Le ton est donné : les agents...

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