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Liban - Justice

Samaha : J'ai commis une énorme erreur

L'ancien ministre accuse Milad Kfoury de l'avoir entraîné dans un piège.

L'ancien ministre, Michel Samaha.

L'ancien ministre Michel Samaha a reconnu hier devant le tribunal militaire avoir transporté des explosifs de Syrie vers le Liban. M. Samaha, dont le procès a débuté hier, a toutefois insisté sur le fait qu'il avait été « entraîné » à commettre son acte par Milad Kfoury, une taupe qui avait été placée par les services de renseignements des Forces de sécurité intérieure et chargée de surveiller l'ancien ministre. M. Samaha a ainsi accusé Milad Kfoury de travailler « pour le compte de services de renseignements locaux et internationaux » pour précisément le piéger. Il a reconnu devant les juges avoir commis « une énorme erreur ».

Présidée par le général Khalil Ibrahim, l'audience a commencé à midi et demi en présence des six avocats de la défense de l'ancien ministre, Sakhr el-Hachem, Maan Assaad, Malek Sayed, Tony Frangieh, Chahid el-Hachem, Rouba Azouri et des membres de sa famille. Le général Ibrahim a indiqué en début d'audience qu'après avoir examiné le dossier des poursuites engagées contre M. Samaha et le général Ali Mamlouk, le chef du bureau de sécurité nationale du parti Baas syrien et conseiller du président syrien Bachar el-Assad en matière de sécurité – une personnalité que « le tribunal a eu des difficultés à notifier et à amener » –, la cour a estimé qu'il ne faut pas que la procédure relative au général Mamlouk puisse retarder le procès de M. Samaha.

Le représentant du procureur a lu le texte de l'acte d'accusation qui précise que M. Samaha a constitué avec le général Ali Mamlouk un groupe subversif dans l'objectif de commettre des crimes visant des personnes et des biens. Ils sont accusés en outre d'œuvrer à saper l'autorité de l'État et son prestige et à assassiner des figures politiques, des députés, des hommes religieux et des citoyens. « M. Samaha a en outre incité au meurtre dans la région du Akkar. » Le texte ajoute que Ali Mamlouk s'est procuré des explosifs dans le but de tuer. Ils ont été remis à M. Samaha qui les a transportés pour commettre des actes terroristes.

Interrogé par le président du tribunal, M. Samaha a évoqué son passé dans le milieu politique, notamment son affiliation au parti Kataëb et le rôle qu'il a joué durant la guerre pour tenter de libérer les personnes kidnappées, passant en revue les différents postes qu'il a occupés en tant que ministre, notamment au sein du premier gouvernement de Rafic Hariri.
Le général Ibrahim lui demande : « Vous, qui avez un passé aussi honorable, que faites-vous ici ? »
Ce à quoi, M. Samaha répond : « Depuis la polarisation (politique) qui a eu lieu au Liban, j'ai pris des positions publiques (...), et effectué des contacts à l'intérieur comme à l'extérieur. Au cours de ma détention, ma conviction s'est renforcée qu'il y a des parties locales et des ambassades qui ont été dérangées par mes activités. »
Évoquant l'ordre présidentiel issu par l'ancien président américain George Bush lui interdisant l'entrée aux États-Unis, M. Samaha a signalé qu'il avait été pointé du doigt « pour ses activités politiques et non terroristes ».
« Depuis, les services de renseignements ont collaboré entre eux pour me surveiller et s'enquérir de mes relations et contacts. Un agent a été alors chargé de me surveiller continuellement (...). Il a été choisi parmi ceux avec lesquels j'entretiens des relations personnelles depuis longtemps », dit-il en allusion à Milad Kfoury.

Interrogé ensuite sur sa relation avec Ali Mamlouk, il a indiqué qu'il a eu affaire à lui depuis un certain temps, notamment pour des questions à caractère politique relatives aux relations de la Syrie avec des États étrangers comme la France, l'Espagne ou l'Italie. M. Samaha a ajouté qu'il connaissait Milad Kfoury, qui est originaire de sa propre région, depuis 1992, soulignant avoir compris qu'il entretenait des relations avec des services de renseignements au Liban.
Le président du tribunal l'interroge sur des réunions qui ont eu lieu à son domicile avec Milad Kfoury en présence de l'officier syrien. « Lorsque j'ai donné mon témoignage précédent, j'étais confus et sous pression du fait des circonstances de mon arrestation et de la manière hollywoodienne dont ils ont accédé à mon domicile », a-t-il dit.
« M. Kfoury affirme que vous l'avez contacté pour lui dire que Mamlouk le salue et lui demande d'exécuter une opération. Qu'en est-il ? » demande le président de la cour. « C'est vrai, reconnaît M. Samaha. Mais c'était dans le cadre d'une demande et d'un plan d'action préalable. Il avait évoqué ce sujet sous l'angle du danger qu'il pouvait comporter. »
Le général Khalil Ibrahim le relance : « Comment se fait-il que M. Kfoury discute avec vous de questions dangereuses alors que vous venez de dire que vous n'avez aucun lien avec tout ce qui est sécuritaire et militaire? » Et M. Samaha de réitérer qu'il est tombé dans le piège que lui a tendu M. Kfoury qu'il qualifie à plusieurs reprises d' « agent et d'incitateur qui lui a tendu un piège ».
Affirmant qu'il ne savait pas quelle était la destination des explosifs, ni les cibles visées, et qu'il était un simple « facteur », encore moins Ali Mamlouk ou les Syriens, M. Samaha a affirmé que c'est Kfoury qui avait déterminé les personnes et lieux à cibler. « Moi j'étais prédisposé à cela », dit-il.
M. Samaha a poursuivi en affirmant que la partie syrienne l'avait informé que « la marchandise », était prête, avant de donner des détails sur la préparation de l'opération. « J'ai fait une gaffe énorme », a-t-il assuré aux juges.
M. Samaha a également présenté ses excuses au mufti de Tripoli, Malek Chaar, et au député de la même ville, Khaled Daher, deux personnalités qui devaient être ciblées par les attentats.

L'épouse de Samaha affirme que son époux a rejeté l'ensemble des accusations, à l'exception du transport d'explosifs

Dans un communiqué rendu public hier, Mme Gladys Samaha, l'épouse de l'ancien ministre Michel Samaha, a démenti les informations rapportées par les médias, indiquant que son mari a démenti l'ensemble des accusations qui lui sont adressées. Mme Samaha, qui souligne qu'elle se trouvait personnellement dans la salle d'audience, a insisté sur le fait que son époux a simplement reconnu avoir transporté les explosifs après avoir été « entraîné dans le piège » qui lui a été tendu par les services de renseignements des FSI. Il l'a fait à la demande de ces derniers, a-t-il dit. À la justice de déterminer par la suite la responsabilité du transport des explosifs après avoir fait la distinction entre le guet-apens tendu par les services de renseignements et la responsabilité pénale, soutient Mme Samaha.

 

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commentaires (4)

Voila un echantillon de nos politiciens...

Houri Ziad

15 h 46, le 21 avril 2015

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Commentaires (4)

  • Voila un echantillon de nos politiciens...

    Houri Ziad

    15 h 46, le 21 avril 2015

  • Il ne pouvait pas tomber plus bas, le bas.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 22, le 21 avril 2015

  • ERREUR ? PREND-IL LES GENS POUR IMBÉCILES CELUI-LÀ ? PAS UNE ERREUR... MAIS... UN IMPARDONNABLE ET GRAND CRIME !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 18, le 21 avril 2015

  • Ni guet-apens, ni ballout! Il a accepté de transporter des explosifs pour le compte d'un pays tiers et surement pas pour faire des feux d'artifices mais dans de très mauvaises intentions. Il le savait et donc de facto il est complice avec préméditation. Chercher a prétendre qu'il ne savait pas et qu'il s'excuse n'est qu'une fumisterie et un mensonge. Si les attentats avait eu lieu qu'aurait il donc fait? Se serait-il dénoncé et dévoilé le crime et ceux qui en sont derrière? Mon C.... C'est un traître qui a manigancé contre son pays et il se doit d'etre jugé et condamné en conséquence pour donner l'exemple a tous ceux qui se croient encore au dessus des lois. A bon entendeur salut!

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 55, le 21 avril 2015

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