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Nos Lecteurs ont la Parole - Louis INGEA

Propos sur le pardon

« Mon Dieu, pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font. »
C'est sur ces paroles divines dans la bouche du Christ sur sa croix que nous devons planter les jalons de notre comportement au quotidien.
Le pardon, l'idée du pardon, est à la base même de l'idée de rédemption. Et comme la rédemption, il ne peut être que gratuitement partagé. De plus, et afin que l'effet agisse, il faut absolument être au moins deux à le vivre. Car le don n'a de valeur que dans son interaction entre le donneur et le receveur.
Voilà qui résume dans son application la plus pure l'importance de « l'autre » pour chacun de nous. C'est cette dualité, l'autre et moi, qui constitue l'essence première de toute réalité. La vie, son apparition et son évolution, l'une ne tenant pas sans l'autre, n'aurait pu exister sans la conception de deux éléments qui s'attirent mutuellement. Et ce fut le jeu des premiers atomes, leur duo, leur couple... sous l'effet d'un souffle unique : l'amour.
Voici donc alignés les trois mots-clés de l'enseignement chrétien : amour, rédemption, pardon. Trois attitudes en une seule, telle une trinité indissoluble. Pour la comprendre et en vivre, il faut absolument être à deux. Voilà pourquoi Dieu aussi a besoin des hommes. Et c'est par le don qu'il peut réaliser l'amour.
La caractéristique d'origine est la gratuité. Sans aucun calcul. Car dès que le raisonnement intervient, c'est l'intérêt qui pointe son museau, chose qui dénature, au départ, l'essence et la beauté du don.
Pour le commun des mortels que nous sommes, le pardon pratiqué couramment reste une sorte de rétractation, d'humiliation sublimée ou même de calcul en vue d'une satisfaction égocentrique. En un mot, une vaine suffisance. Comme ne pardonne que celui qui se sent lésé, son initiative n'est en réalité qu'un dédouanement jouissif et peut-être orgueilleux. Il octroie au lieu d'aimer. Il se distingue au lieu de s'effacer. Il nous faut donc nous faire à cette idée que le pardon ne doit jamais se présenter comme un acte ou une conclusion judiciaire. Parce qu'il est et ne doit être qu'un acte d'amour, c'est-à-dire « par don ».
En conclusion, le don et le pardon véritable ne peuvent apparaître à nos yeux que comme l'expression d'un excès. L'excessif est forcément nébuleux et rejoint par ce côté l'être et le néant. Ainsi en va-t-il de la foi qui n'est qu'une croyance infinie et indéterminée, incertaine et comportant sa propre nuit. Le penseur l'a bien souligné, qui écrit :
« Cette foi dont nous disons qu'on ne l'a pas assez, mais qu'elle nous a, et qui nous met dans une obscurité telle qu'il n'est plus de secours humain possible. Il nous reste à nous abandonner à l'abîme de la miséricorde. »
À une époque où nous sommes parvenus à voler sans carburants, à la seule instigation de la lumière, il serait grand temps de reconnaître que le socle de la foi ne peut reposer sur aucune certitude. Mais que le fait de se donner soi-même, par don qui répond au don initial, est la seule issue envisageable pour rejoindre notre éternité...

Louis INGEA

« Mon Dieu, pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font. »C'est sur ces paroles divines dans la bouche du Christ sur sa croix que nous devons planter les jalons de notre comportement au quotidien.Le pardon, l'idée du pardon, est à la base même de l'idée de rédemption. Et comme la rédemption, il ne peut être que gratuitement partagé. De plus, et afin que l'effet agisse, il faut...

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