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Nos Lecteurs ont la Parole

Les lecteurs ont dit... sur la francophonie

Invités par « L'Orient-Le Jour » à s'exprimer sur la situation de la francophonie au liban, nos lecteurs ont été nombreux à réagir sur courrier@lorientlejour.com et sur Facebook. Avis évidemment variés entre déception, lucidité et appui total.

Régression et trilinguisme

Je pense que la francophonie au Liban est en régression et que la situation est préoccupante.
De nombreux établissements scolaires et universitaires n'enseignent plus en français, et le trilinguisme n'est plus jugé indispensable à leur formation par une bonne partie des Libanais.
Même ceux qui ont appris le français à l'école le pratiquent très mal, à cause d'une baisse de niveau générale, imputable en partie au manque de lecture chez les jeunes.
Car, c'est bien connu, l'école est là pour inculquer les bases d'une langue, mais c'est par un travail personnel qu'on maîtrise la grammaire et l'orthographe, qu'on enrichit son vocabulaire et qu'on se forge un style.
Et dans un monde envahi par la technologie et par la communication à distance où un anglais très élémentaire suffit pour se comprendre, les jeunes d'aujourd'hui se détournent de plus en plus de l'approfondissement des langues.
Les chaînes de télé françaises accessibles aux Libanais sont cependant une aubaine.
Heureusement, de nombreux établissements scolaires prestigieux ( N-D de Jamhour, Louise Wegmann, N-D de Nazareth, Champville, Mont La Salle, Saints-Cœurs, Lycée français, etc.) portent haut l'étendard de la francophonie.
Il est nécessaire de sensibiliser les familles et les écoliers sur l'importance du français :
– comme vecteur de culture et de rapprochement avec un pays comme la France avec lequel le Liban a toujours eu des liens culturels et économiques très forts ;
– comme atout majeur dans l'ouverture à de nombreux pays, tel le continent africain dont la moitié est francophone et où les opportunités professionnelles sont énormes ;
– comme tremplin pour l'apprentissage d'autres langues latines qui ouvrent des horizons culturels et économiques intéressants (l'italien, l'espagnol et le portugais).
Dans un monde globalisé, le trilinguisme est une richesse rare, spécifique au Liban. Préservons-le.

Nabil Najjar

 

La francophonie au Liban ? Vivante !

Quel pays méditerranéen, sinon le Liban, peut se prévaloir d'avoir plus de 30 % de locuteurs francophones qui parlent un français presque sans faute et une presse quotidienne qui utilise des mots comme picrocholine ? Bien sûr, il y a des libanismes, mais il y a aussi des belgicismes, des romanismes, des particularités régionales sur les territoires gouvernés par Paris, qui n'étonnent pas, et les Français parlent souvent très mal la langue. Dans nombre de pays, le français est le privilège des classes sociales aisées. Au Liban, c'est une langue qui appartient à tous. De l'enfant au retraité, à Saïda, à Beyrouth, au Chouf, à Tripoli, à Baalbek, les visages s'illuminent à chaque fois que je réponds que je viens de France. Immédiatement, de l'anglais, mes interlocuteurs passent au français. Il n'y a alors plus de frontières, plus de religions, plus de politique, il n'y a qu'une langue aimée qui est la nôtre. Car oui, le français appartient aussi aux Libanais, il fait partie de l'identité du Liban. Le Salon du livre francophone de Beyrouth est le troisième au monde en termes de volume et d'importance ; partout les panneaux indicateurs et enseignes sont en arabe et en français. Tania Hadjithomas, directrice des éditions Tamyras, m'a appris que le mot Beyrouthin, qu'il soit gentilé ou adjectif, n'existe pas dans les dictionnaires de français. J'ai trouvé l'adjectif beyrouthine, déformation française du mot arabe baïroûti, employé dans un article de l'hebdomadaire lyonnais L'Écho de la fabrique du 15 mars 1844 ; à ma connaissance, c'est la première utilisation imprimée du mot. Cent soixante et onze ans d'emploi ininterrompu de l'adjectif et du gentilé, une histoire commune et pas un article dans nos dictionnaires ! Une pétition qui vise à demander à l'Académie et aux éditeurs du Larousse et des Robert que l'on répare cet oubli est à signer sur Internet. N'est-ce pas une preuve supplémentaire de la vivacité du français au pays du Cèdre ? (La pétition en ligne sur :
http ://tamyras.com/beyrouthin/)
Loup de Tenishev
ODOEVSKY MASLOV

 

* Francophonie ? Ben, y a plus que Hamadé et quelques Gemayel de l'ancienne génération qui la défendent au Liban. Ça ne fait pas grand monde déjà. Bon, le français en soi, c'est une autre question car les Libanais sont bons communicateurs outre leur qualité de bons commerçants, ils aiment les langues fashion et aiment même les triturer en kaftas en les mélangeant savamment avec le parlé local genre « il est venu lui dans son huile », traduction « Ija houwwé b'zéto ». En plus, le français en a tellement pris aussi dans la gueule par maître Ingliche galopant (IG), 4e dan et sans staff d'anglophonie pour le soutenir SVP, que même l'arabe de la rue (el-3ammiyéh) le regarde avec indifférence battu sur le tatami.

Ali FARHAT

* Moi qui suis de culture francophone de souche orientale, habitant Paris depuis une trentaine d'années, je suis scandalisé à quel point les Libanais ne sont plus en phase avec cette culture.
À chaque voyage au Liban, je me rends compte que l'actuelle génération est absolument conditionnée par l'anglophilie.
Le nombre élevé des établissements pédagogiques et culturels privés anglophones implantés au Liban depuis maintenant une vingtaine d'années me conforte dans l'idée que la France a démissionné de son rôle culturel dans ce pays !
Le rayonnement de la langue de Molière qui est en voie de disparition me laisse perplexe sur un retour réel de notre culture tant chérie aux XIXe et au XXe siècles.
L'ancienne génération des années 50 et 60 garde de l'affection à notre culture, mais à l'avenir, quels sont nos projets dans ce domaine pour remonter la pente ? Il y a urgence !

Antoine FÉGHALI

* Si la francophonie disparaissait, à Dieu ne plaise, le Liban perdrait sa singularité et deviendrait un pays arabe comme les autres. Ce serait une perte de 150 ans de présence francophone prodiguée par les jésuites depuis un siècle et demi. J'ajoute qu'il perdrait surtout l'amitié séculaire de la France envers le Liban.

Bouez CHAHINE

* Quand on a un grand Libanais écrivain et membre de l'Académie française, qui s'appelle Amin Maalouf, la francophonie va bien et on en est fier dans ce pays qui résiste pour préserver sa vocation.

Halim ABOU CHACRA

*Le Liban, tribune d'expression plurilingue, fête depuis des années leMois de la francophonie par des manifestations et des activités de toutes sortes. Mais nous, Libanais, sommes-nous aussi francophones que nous le prétendons ? Truffé de mots d'anglais, notre français est imprégné du trilinguisme libanais, typique du « Hi, kifak, ça va ? ». La qualité s'en ressent... à en faire mal aux oreilles averties. D'autant plus que certains insistent à s'exprimer dans la langue de Molière sans pour autant la maîtriser et versent dans les faux sens et les libanismes. Mal de l'époque, de nombreuses personnes massacrent l'orthographe avec les abréviations sur les messages téléphoniques et les réseaux sociaux. Pour finir, n'oublions pas ceux qui roulent les r. De quoi vous gâcher la meilleure « pronanciatian » !

Hala K.

Régression et trilinguisme
Je pense que la francophonie au Liban est en régression et que la situation est préoccupante.De nombreux établissements scolaires et universitaires n'enseignent plus en français, et le trilinguisme n'est plus jugé indispensable à leur formation par une bonne partie des Libanais.Même ceux qui ont appris le français à l'école le pratiquent très mal, à cause...

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