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Liban - Environnement

Machnouk : Comment protéger la mer sans traiter les dépotoirs et les eaux usées ?

Un grand congrès s'est tenu hier sur la réactualisation du plan d'action national pour la protection de la mer contre la pollution d'origine terrestre, élaboré il y a déjà dix ans.

Le ministre de l’Environnement dénonçant les obstacles à la limitation de la pollution de la mer, tout en affirmant la nécessité d’adopter un nouveau plan d’action.

Alors que le Conseil des ministres vient d'adopter une décision instaurant une journée nationale de protection des tortues de mer le 5 mai de chaque année, un énième animal vient d'être découvert mort sur une plage de Mina, à Tripoli. Le secrétaire général de l'association des Scouts de l'environnement au Liban, Mrad Abouchi, a indiqué que la tortue de mer, de type « Caretta caretta », a probablement été tuée par la quantité de sacs de plastique qu'elle a ingérés, les prenant de toute évidence pour des méduses, son menu préféré.
Entre-temps, dans un hôtel de Beyrouth était organisée une conférence visant à relancer le plan national pour la protection de la mer contre la pollution d'origine terrestre, celle-là même qui aurait tué la tortue et qui fait de notre littoral un grand dépotoir. Le ministre de l'Environnement, Mohammad Machnouk, était présent, ainsi que le représentant du Programme de protection de la mer Méditerranée contre la pollution, Medpol, Mohammad Kayal.
La réunion d'hier était centrée sur la réactualisation du plan d'action national pour la protection de la mer, élaboré et adopté en 2005 par le Liban comme par tous les pays qui sont partie à la convention de Barcelone pour la protection de la Méditerranée.
Engagée comme consultante auprès du ministère de l'Environnement par le projet MAP du Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue), en vue de la réactualisation de ce plan d'action, Darine Mawla explique à L'Orient-Le Jour que ce processus était prévu dès le début, étant donné qu'un tel cadre doit suivre l'évolution relative aux critères de protection de la mer. « Au Liban, dans le cadre du premier plan, beaucoup de projets avaient été suggérés et des sites nécessitant une protection particulière avaient été désignés, explique Darine Mawla. Malheureusement, comme d'autres pays en développement, le Liban souffre de problèmes structurels comme les difficultés d'assurer des fonds pour les projets d'environnement qui ne figurent souvent pas parmi les priorités (les fonds proviennent généralement de l'étranger), le manque de ressources humaines et de moyens... »
« Ainsi, poursuit-elle, un grand nombre de projets qui avaient été identifiés dans le premier plan d'action n'ont pas été réalisés. D'autres ont été entrepris, mais appliqués avec beaucoup de lenteur. Voilà pourquoi le nouveau plan d'action, dont nous venons de lancer la réactualisation, se penchera sur les obstacles rencontrés la première fois afin de les surmonter. Notre objectif : identifier de nouveaux projets et tenter de leur assurer des financements, traiter certains problèmes comme la formation des fonctionnaires par exemple, et, surtout, coordonner les efforts entre les ministères, car cette réactualisation ne doit pas être du seul ressort du ministère de l'Environnement. »

« Les eaux usées ? Un scandale... »
Tout en soulignant l'importance de cette réactualisation, le ministre de l'Environnement s'est demandé comment on peut mettre un terme à la pollution en présence de 760 dépotoirs sauvages et des eaux usées qui se déversent dans la mer sans traitement. « La question des eaux usées atteint dans certains cas un niveau scandaleux, a-t-il dit. Pour quelles raisons garde-t-on les usines de traitement des eaux usées fermées durant trois ans, alors que nous payons des millions de dollars chaque année pour les entretenir ? Tout cela parce que les raccords avec les canalisations d'égouts ne sont pas réalisés, alors que leur longueur ne dépasse pas les 300 mètres. C'est un scandale. Même dans le cas des usines qui fonctionnent, où va l'eau traitée ? En mer ou dans les champs. »
Revenant à la question des déchets ménagers, M. Machnouk a rappelé une boutade de son homologue des Finances, Ali Hassan Khalil : « Si tu veux être un héros en appliquant le plan national de gestion des déchets solides, oublie l'affaire, elle est plus compliquée que le conflit du Proche-Orient ! » Et d'ajouter : « Pour nous, il est impératif d'arriver à un système viable de traitement des déchets. Ce plan a été adopté sachant qu'il n'est ni le meilleur ni le plus parfait. Quand on a foi en ce qu'on fait, on ne désespère pas. »
Pour ce qui est du plan national de protection de la mer, le ministre a espéré que sa réactualisation ouvrira la porte à des fonds étrangers en vue de réaliser les projets requis. « Toutefois, aucun projet de protection de l'environnement ne peut être un succès tant que les citoyens n'en sont pas le principal pilier », a-t-il conclu.

S. B.

Alors que le Conseil des ministres vient d'adopter une décision instaurant une journée nationale de protection des tortues de mer le 5 mai de chaque année, un énième animal vient d'être découvert mort sur une plage de Mina, à Tripoli. Le secrétaire général de l'association des Scouts de l'environnement au Liban, Mrad Abouchi, a indiqué que la tortue de mer, de type « Caretta...

commentaires (1)

"Yeslam temmak" Ministre Machnouk, pour votre derniere phrase. Permettez-moi cependant de la modifier legerement. "AUCUN PROJET ETATIQUE NE PEUT-ETRE UN SUCCES TANT QU'IL N'INCLUT UNE PARTICIPATION ACTIVE DES CITOYENS A LA GOUVERNANCE". Oui, Ministre Machnouk, ce n'est pas seulement l'environnement qui reclame la participation active et le support du citoyen, c'est l'ensemble de la gouvernance et de la gestion du pays qui devraient etre conduites en mode "participative". D'ailleurs comment pouvons-nous esperer resoudre nos problemes environnementaux, si nous gaspillons chaque annee, sans justifications dix milliards de dollars, qui nous sont indispensables pour bien gerer ce pays?

George Sabat

14 h 35, le 25 mars 2015

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Commentaires (1)

  • "Yeslam temmak" Ministre Machnouk, pour votre derniere phrase. Permettez-moi cependant de la modifier legerement. "AUCUN PROJET ETATIQUE NE PEUT-ETRE UN SUCCES TANT QU'IL N'INCLUT UNE PARTICIPATION ACTIVE DES CITOYENS A LA GOUVERNANCE". Oui, Ministre Machnouk, ce n'est pas seulement l'environnement qui reclame la participation active et le support du citoyen, c'est l'ensemble de la gouvernance et de la gestion du pays qui devraient etre conduites en mode "participative". D'ailleurs comment pouvons-nous esperer resoudre nos problemes environnementaux, si nous gaspillons chaque annee, sans justifications dix milliards de dollars, qui nous sont indispensables pour bien gerer ce pays?

    George Sabat

    14 h 35, le 25 mars 2015

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