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Liban - Maladies infectieuses - Liban

A(H1N1), un virus saisonnier de la grippe

Depuis la pandémie de 2009, les cas de grippe en ville suscitent une panique au Liban. Le virus A(H1N1) est pointé du doigt. Les spécialistes rappellent que cette souche du virus est désormais saisonnière et que la grippe s'accompagne souvent de complications et souvent de décès.

La grippe est toujours associée à des complications chez les personnes à risque. Photo Bigstock

Le décès de deux personnes hier au Liban-Sud des suites d'une grippe due au virus A(H1N1) a suscité un vent de panique parmi les Libanais qui craignaient la résurgence d'une pandémie de grippe porcine, à l'instar de celle qu'a connue le monde en 2009. Ces craintes ont été rapidement dissipées par une déclaration du directeur général du ministère de la Santé, le Dr Walid Ammar, qui a affirmé qu'« il n'existait pas de cas de grippe porcine au Liban ». « Les rumeurs qui circulent sont infondées », a-t-il ajouté. « Les tests que nous avons menés ont montré qu'il ne s'agissait pas des virus de la grippe porcine A(H1N1), de la grippe aviaire A(H5N1), ni du virus A(H7N9) qui circule actuellement en Chine ou encore du coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient », explique-t-il à L'Orient-Le Jour, précisant que « les investigations se poursuivent ».


La direction de l'hôpital libano-italien à Tyr a également démenti avoir des cas de grippe A(H1N1). Dans un communiqué, elle a précisé que certains médias ont rapporté que « des personnes porteuses du virus A(H1N1) » étaient hospitalisées dans cet établissement. « Après avoir mené les examens nécessaires, avec l'aide du ministère de la Santé, il s'est avéré que les patients ne portaient pas ledit virus, ajoute-t-on dans le texte. Il s'agit de cas de grippe saisonnière qui ne constituent pas une épidémie ni ne présentent un danger pour les citoyens. »


Un petit cours de virologie s'impose à ce stade. « En 2009, la pandémie de grippe qu'avait connue le monde et baptisée à l'époque grippe porcine était due au virus A(H1N1), rappelle le Dr Jacques Mokhbat, spécialiste en maladies infectieuses, contacté par L'Orient-Le Jour. Ce virus avait alors subi une mutation, c'est-à-dire un changement génétique global et brutal. De ce fait, il était différent des virus saisonniers de la grippe. Par conséquent, les gens qui étaient protégés contre les souches saisonnières de la grippe ne l'étaient pas contre cette nouvelle souche. Une pandémie a alors été déclenchée. »
Le Dr Mokhbat explique que lors de l'épidémie de 2009, les autorités sanitaires dans le monde craignaient que le virus ne soit sévère et qu'il n'entraîne une grande mortalité, « comme c'est le cas d'ailleurs avec la survenue de tout nouveau virus de la grippe au sein d'une population non protégée, la grippe espagnole de 1918 à titre d'exemple ». Celle-ci, rappelons-le, également due au virus A(H1N1), était particulièrement virulente et contagieuse, entraînant plus de 20 millions de décès dans le monde.

 

Un drift antigénique
En 2009, on avait peur que la même catastrophe sanitaire ne se répète. « Or il s'est avéré que la pandémie grippale était beaucoup moins grave, moins sévère et moins mortelle que la grippe saisonnière habituelle », indique le Dr Mokhbat. Chaque année, la grippe saisonnière cause près de 500 000 décès. Ce qui n'était pas le cas de la grippe A de 2009. « Malgré le grand nombre des personnes qui avaient contracté le virus, les taux de mortalité et de complications étaient nettement inférieurs à ceux qu'on avait prévu. » Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en effet, la grippe de 2009 aurait causé 18 500 décès sur la période comprise entre avril 2009 et août 2010.


Depuis 2009 donc, « le virus H1N1 fait partie des virus saisonniers » de la grippe. D'ailleurs, il est compris dans le vaccin antigrippal. Beaucoup de personnes ne l'attrapent pas, parce qu'elles ont développé une certaine immunité. « Sur le plan personnel, l'organisme se rappelle du virus avec lequel il a été en contact l'année précédente, développant ainsi une immunité partielle contre lui, explique le Dr Mokhbat. Sur le plan de la communauté, il y a ce qu'on appelle l'immunité de horde, qui consiste à créer une barrière au virus, essentiellement à travers la vaccination du plus grand nombre possible de personnes. Donc, chaque année, grâce à cette immunité de horde, le nombre de personnes infectées par le virus baisse. »
Pourquoi donc des gens continuent-ils à être infectés? « Parce que le virus change légèrement d'une année à une autre, répond le Dr Mokhbat. Il subit ce qu'on appelle un drift antigénique. C'est le cas cette année. De ce fait, beaucoup de personnes, même immunisées, sont tombées malades. La symptomatologie de la maladie est toutefois moins sévère. »


Il reste à savoir que la grippe est toujours associée à des complications chez les personnes âgées, les personnes ayant des problèmes pneumologiques ou cardiaques, les femmes enceintes, les fumeurs, les personnes ayant une déficience immunitaire et les nouveau-nés. « Ces personnes ont tendance à présenter un état grippal sévère et grave, précise le Dr Mokhbat. Et les complications peuvent être mortelles. Ce qui est dramatique, c'est l'exagération constatée dans le relais de l'information dans les médias. Celle-ci est souvent dépourvue de précisions scientifiques. La grippe a toujours existé et elle a toujours causé de décès. »

 

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POURQUOI ON Y AJOUTE LES 1 ?

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 17, le 12 mars 2015

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Commentaires (2)

  • POURQUOI ON Y AJOUTE LES 1 ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 17, le 12 mars 2015

  • H1N1 ! Encore ce Noirci !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    02 h 12, le 11 mars 2015

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