C’est super, ces superproductions !

Qui a vu dimanche 28 décembre sur Arte El Cid de Anthony Mann ? Cette superproduction avec Sophia Loren et Charlton Heston ?
C'était époustouflant, « comme on n'en fait plus ». Non, ce n'était ni ringard ni désuet. El Cid, c'est l'incarnation de ce qui nous manque : une émotion qui crève l'écran à voir briller les yeux de Sophia Loren dans le regard bleu marine de Charlton Heston, les voir joue contre joue dans une moue des plus sensuelles se jurer un amour éternel, avec ce timbre chaud propre à ces deux êtres devenus légendaires à force de présence, d'allure, de magie, de beauté.
Mais aussi, c'était ce qui nous manque dans ce Liban désarçonné. Nous sommes toujours à la recherche de notre Cid. Les batailles, l'avancée des catapultes dans cette énorme et monstrueuse machine de bois, le bruit étrange que faisait le roulis des vagues sur les côtes de Valence... Comme dans la scène finale où l'on ne sait plus si le Cid était vivant ou mort lorsqu'il apparaît sur son cheval dans un tourbillon de brume, vêtu de sa cape blanche, le casque dressé haut, la lance à la main, à la conquête de tous ces mondes à la dérive.
Mardi soir 30 décembre, c'était le tour de Lawrence d'Arabie, une autre super-superproduction de David Lean, avec un Peter O'Toole qui fonce dans le désert, impétueux, fou, fougueux dans une quête, celle d'abord de soi-même. Deux paires d'yeux « qui font baisser les miens », les black eyes de Omar Sherif et les yeux bleus de Lawrence d'un bleu univers entre ciel et mer, un bleu où couve la tourmente. Saviez-vous que durant le tournage du film dans le désert de Jordanie, dans les années 60, Peter O'Toole était venu au Liban ?
Un héros qui arrive avec sa bravoure, son idéal et ses croyances dans cet Orient déstabilisé. Des héros, il y en a, et plus qu'une brassée...
Films à voir, à revoir, à savourer, à méditer...

Mona MOUKARZEL