Deux projets laitiers primés à Zahlé

En général, les « concours de pitch » sont réservés au monde des geeks : de jeunes « startupeurs » y présentent en cinq ou dix minutes chrono une introduction brève et rythmée de leur personne, de leur CV et de leurs projets. Mais hier, ce sont des agriculteurs qui ont relevé le défi et présenté devant un jury, composé d'experts européens et libanais, leur idée de business autour des produits laitiers. Cette compétition était organisée par la Chambre de commerce, d'industrie et d'agriculture de Zahlé (CCIAZ), en partenariat avec Anima Investiment Network, une plateforme de coopération européenne.

À Zahlé, où se déroulait ce concours, une dizaine de « projets innovants » étaient présentés. « Tous avaient en commun de miser sur la valorisation des produits traditionnels de la région », explique Saïd Gédéon, responsable du département agriculture de la CCIAZ et coordinateur du concours pour le Liban.
Deux projets ont été primés : le premier récompense le Centre de Kab Élias, qui produit une labné de chèvre issue de l'agriculture biologique. Le second valorise le travail de la Coopérative des femmes de Aïn el-Arich qui produit du kechek vert, un fromage typique de Rachaya.

Le choix de la filière des produits laitiers pour tester cette première « compétition de pitch » du monde agricole au Liban n'est pas dû au hasard : on y consomme en moyenne 189 litres par an et par habitant de produits laitiers. Ce qui place le pays parmi les plus « gros » consommateurs mondiaux. En valeur, la filière représente 2,2 milliards de dollars (et 5,7 % du total de la production agricole). Mais le secteur reste marqué par l'obsolescence de ses pratiques et de ses structures. En témoignent les récents « scandales », qui ont révélé l'usage d'additifs interdits dans la labné, la présence de lait frelaté dans les commerces ou la vente de fromages périmés...

Les deux lauréats ont reçu un chèque de 10 000 euros chacun. Ils bénéficieront également d'une assistance technique et commerciale de six mois pour mettre en œuvre et pérenniser leur projet. « Achat de matériel, aide au marketing... cette enveloppe est un coup de pouce », assure Saïd Gédéon. Avec l'espoir que, in fine, ces réussites participent à la modernisation de la filière du lait et des produits laitiers libanais.

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