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Nos Lecteurs ont la Parole - Massoud ACHKAR

Pendant ce temps, le Liban...

Depuis quatre jours, je suis attentivement les commentaires sur les réseaux sociaux et, aussi, dans les journaux, avec un profond sentiment d'amertume : « Je suis Charlie, mais... » est autant de l'ordre du blasphème que certaines des caricatures choquantes de ce journal.
Être Charlie aujourd'hui, c'est choisir le droit contre la barbarie. Les lois ne sont pas souvent justes, les lois ne sont pas souvent équitables, les lois ne protègent pas toujours les minorités, les lois sont ce qu'elles sont, justement pour nous préserver de ce que nos sociétés seraient sans elles : une jungle. « Être Charlie, mais... », c'est faire un compromis avec ce qu'il y a de plus sacré : la vie, les principes et le droit.
Ne nous détrompons pas, le 7 janvier 2015 est une date charnière dans l'histoire, non seulement de la France, mais aussi de l'Europe tout entière. « Le 7 janvier, c'est notre 11-Septembre », ont tweeté plusieurs politiciens, auteurs et artistes. L'immensité des manifestations du 11 janvier et le soutien incontesté des gouvernements occidentaux marquent le début d'une ère nouvelle dont les pays musulmans et le Liban subiront forcément les répercussions.
Le Liban aujourd'hui n'est pas Charlie. Au contraire, il ne cesse de s'éloigner de l'État de droit et de s'engouffrer dans la zone de la « loi à la demande », de la loi interprétée à l'avantage d'Untel ou d'un autre, à la loi qui s'applique différemment à chacun, au compromis sur les principes, etc. Pas plus loin que ces dernières années, combien de crimes comme celui commis contre Charlie Hebdo avons-nous vécus : des officiers et les soldats exécutés sommairement, la famille Fakhri assassinée, l'armée maintes fois bafouée et attaquée par des politiciens qui justifient des crimes contre les Libanais, les détenus en Syrie qu'on oublie volontairement, nos soldats entre les mains des terroristes, la dictature des députés qui se réélisent eux-mêmes, des responsables qui gèrent le pays comme une entreprise personnelle, des régions entières hors du contrôle de l'État, des criminels protégés par tel ou tel parti, le jeune Yves Naufal assassiné par des criminels encore en liberté... La liste est interminable.
Dans sa « Lettre ouverte au monde musulman », le philosophe Abdelnour Bidar accuse le monde musulman d'être la cause de ces mouvements fanatiques et radicaux, et de ne pas agir suffisamment pour inverser cette tendance. Il écrit : « L'avenir de l'humanité passera demain non pas seulement par la résolution de la crise financière et économique, mais, de façon bien plus essentielle, par la résolution de la crise spirituelle sans précédent que traverse notre humanité tout entière ! Saurons-nous tous nous rassembler, à l'échelle de la planète, pour affronter ce défi fondamental ? * »
Le Liban est-il engagé dans le sens du redressement moral et spirituel ? Non, au contraire ! Il suffit de naviguer sur les réseaux sociaux pour voir à quel point les Libanais sont divisés et sont aujourd'hui les victimes de leurs alliances contre nature.
Il fut un temps où nous étions profondément Charlie. La liste de nos journalistes, de nos policiers, de nos soldats, de nos magistrats, de nos politiciens assassinés pour les principes fondateurs de ce pays est longue, très longue. Si nous ne voulons pas rester à la traîne du changement, du nouvel ordre social que connaîtra forcément le monde, nous devons en toute urgence revenir aux principes pour lesquels nous avons combattu et pour lesquels beaucoup de nos amis ont donné leur vie. Des principes fondateurs, et plus que jamais d'actualité et incontournables si nous voulons rebâtir notre pays ; l'égalité, la convivialité, le respect, la souveraineté par le biais des « deux négations », la justice et le droit.

Massoud ACHKAR

Depuis quatre jours, je suis attentivement les commentaires sur les réseaux sociaux et, aussi, dans les journaux, avec un profond sentiment d'amertume : « Je suis Charlie, mais... » est autant de l'ordre du blasphème que certaines des caricatures choquantes de ce journal.Être Charlie aujourd'hui, c'est choisir le droit contre la barbarie. Les lois ne sont pas souvent justes, les lois ne...

commentaires (2)

Je pense avoir une certaine réponse a vos questions, Mr. Achkar. Ce qui nous a manque au Liban, particulièrement au court des 20 dernières années, c’est le respect et l’attachement a la chose publique accompagne d’une fixation démesurée sur l’entreprise individuelle et privée. Dans tous les domaines, cet état d’esprit s’est lentement incruste dans la conscience et dans l’esprit du citoyen et a eu pour effet de lui faire prendre en grippe tout ce qui a trait au service public, au profit des initiatives et des entreprises privées. C’est le processus oppose qu’il nous faudrait, a présent entreprendre au cours des 20 prochaines années, si nous voulons « refabriquer » la Nation qui s’est lentement désagrégée au profit d’une minorité de « profiteurs ».Le tout récent assassinat d’Yves Naufal n’est que la conséquence d’une telle attitude du « moi » qui prime dans l’esprit du citoyen toute autre considération. Les attentats de Jabal Mohsen sont, eux aussi, la manifestation d’un groupement criminel qui veut remplacer l’ordre public pour servir ses objectifs. C’est toujours le « moi » ou mon « groupe » qui prime et au diable les autres. C’est tout un état d’esprit qu’il nous faut inverser et remplacer par une nouvelle culture citoyenne et du respect de l’autre qu’il faudrait inculquer aux jeunes sans porter atteinte a l’esprit d’initiative. C’est cet équilibre que nous devrions cultiver a present.

George Sabat

07 h 37, le 13 janvier 2015

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Commentaires (2)

  • Je pense avoir une certaine réponse a vos questions, Mr. Achkar. Ce qui nous a manque au Liban, particulièrement au court des 20 dernières années, c’est le respect et l’attachement a la chose publique accompagne d’une fixation démesurée sur l’entreprise individuelle et privée. Dans tous les domaines, cet état d’esprit s’est lentement incruste dans la conscience et dans l’esprit du citoyen et a eu pour effet de lui faire prendre en grippe tout ce qui a trait au service public, au profit des initiatives et des entreprises privées. C’est le processus oppose qu’il nous faudrait, a présent entreprendre au cours des 20 prochaines années, si nous voulons « refabriquer » la Nation qui s’est lentement désagrégée au profit d’une minorité de « profiteurs ».Le tout récent assassinat d’Yves Naufal n’est que la conséquence d’une telle attitude du « moi » qui prime dans l’esprit du citoyen toute autre considération. Les attentats de Jabal Mohsen sont, eux aussi, la manifestation d’un groupement criminel qui veut remplacer l’ordre public pour servir ses objectifs. C’est toujours le « moi » ou mon « groupe » qui prime et au diable les autres. C’est tout un état d’esprit qu’il nous faut inverser et remplacer par une nouvelle culture citoyenne et du respect de l’autre qu’il faudrait inculquer aux jeunes sans porter atteinte a l’esprit d’initiative. C’est cet équilibre que nous devrions cultiver a present.

    George Sabat

    07 h 37, le 13 janvier 2015

  • Tout à fait exact ! "Des principes plus que jamais incontournables et d'actualité : l'égalité, le respect, la justice" et la morale qu'on devra imposer par La Loi.... et de Force dans ce cas désespéré libanais !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 40, le 13 janvier 2015

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