Russell Ebeid et son background ancestral.
C'est le 15 novembre, journée nationale de la philanthropie aux USA, que le « Arab American National Museum » a choisi d'honorer l'un de ceux qui se sont fait connaître dans ce domaine : Russell J. Ebeid.
Russell, comme son prénom ne l'indique pas, est un citoyen certes américain mais de pur sang libanais, originaire du village de Chahtoul (Kesrouan). C'est un grand magnat de l'industrie du verre au pays de l'Oncle Sam. Il a longtemps été président du « Guardian Industries Glass », basé à Auburn Hill (Michigan).
En 2010, Russell Ebeid a été nommé « commerçant de l'année » pour avoir conforté les négoces internationaux. Plus récemment, il a été décoré de la médaille d'honneur d'Ellis Island (entrée principale près de New York pour les immigrants, de 1892 à 1954). Parallèlement, on le retrouve très actif dans un grand nombre d'organisations humanitaires et culturelles.
Par ailleurs, à la mémoire de ses parents, il octroie des bourses universitaires à des jeunes qui étudient dans son « pays ancestral ». Il a aussi été le principat sponsor du documentaire cinématographique primé Notre histoire arabo-américaine, de même qu'il est le producteur d'un film médical intitulé Ageing of Men. Aujourd'hui, il est propriétaire du Fairlane Club à Dearborn, un club athlétique doublé d'un espace de rencontres familiales et d'affaires : bibliothèque, salles de cinéma, de conférences, et bien sûr manucuré à souhait.
De la construction de « jlal » à « Burj Dubai »
Russell Ebeid a aussi à cœur l'« Arab American National Museum » dont il est l'un des conseillers et pour lequel il s'est engagé à débourser deux millions de dollars pour enrichir, diversifier et moderniser davantage sa bibliothèque. Celle-ci portera son nom, comme l'a voulu le musée. Lors de cette cérémonie de dédicace, M. Ebeid a longuement parlé de son père. Tout de go et avec fierté, il a dit : « Mon papa était un émigré à sac à dos (appelé à l'époque "kaché" par les Libanais). Il était venu ici sans savoir ce qu'il cherchait. Mais il savait bien ce qu'il avait laissé derrière lui ! »
À savoir, le pénible travail de constructeur de gradins de pierres (« jlal » en arabe) sur le flanc d'une montagne. Ce qui a poussé ce père, dès son très jeune âge, à acheter un billet bon marché pour New York. Il ne parlait pas l'anglais mais portait sur lui une carte avec cette inscription : « Conduisez- moi à Dearborn. » Arrivé là avec l'aide des uns et des autres, ce sont douze métiers treize misères pour arriver enfin à faire des études tout en se mariant et devenant père de famille. Son épouse suit ses traces et s'inscrit à des cours du soir.
Leur fils, Russell, qui a grandi à Detroit, se souvient : « Dans notre quartier, il y avait des Allemands, des Arméniens et des Hongrois. Nous, Libanais, faisions partie de ce mélange. » Les enfants de tout ce monde allaient à l'école en jeans et espadrilles, tenue refusée par les parents Ebeid qui avaient opté pour le strict pantalon-chemise. Il précise : « Je me sentais américain, voulant me prouver que j'étais américain, alors que j'étais la risée de mes camarades. De quoi me sentir pas du tout américain ! »
Par la suite, les études poussées qu'il a effectuées, son intelligence et sa compréhension du tissu social où il évoluait l'ont porté au sommet par le biais d'une fulgurante carrière dans l'univers industriel. Alors que ses aïeux transformaient la montagne en gradins, lui se voit porté au pinacle pour avoir su brasser affaires et philanthropie. Au moment où sa société va couvrir de verre « high tech » « Burj Dubai », l'une des plus hautes constructions du monde, il conduit l'Arab American National Museum vers l'excellence.