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À La Une - Liban

Al-Nosra aurait finalement décidé de reporter l'exécution de Ali Bazzal

Les familles rouvrent la route de Saïfi, au centre-ville de Beyrouth.

La mère du soldat libanais Ali Bazzal que le Front al-Nosra menace d'exécuter vendredi à 23h30. Capture d'écran.

Il est désormais clair que le Front al-Nosra joue avec les nerfs des familles des militaires qu'il détient en otage. Le groupe jihadiste, cité par l'agence de presse Anatolie, a ainsi attendu jusqu'à la dernière minute avant la fin de l'expiration du délai pour annoncer sa décision de reporter l'exécution du soldat Ali Bazzal. Une annonce démentie quelques minutes plus tard par un porte-parole d'al-Nosra.

Tout au long de la soirée, des informations contradictoires avaient d'ailleurs été rapportées concernant le sort du soldat libanais que la branche syrienne d'el-Qaëda menaçait d'exécuter vers 23h30, heure libanaise.

Ainsi, l'Agence nationale d'information (Ani, officielle) avait en début de soirée rapporté que suite aux efforts et contacts établis par le directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, al-Nosra a suspendu ses menaces de liquider le soldat Bazzal. L'Ani a ajouté que la SG a entrepris des contacts avec le médiateur syrien du Qatar qui a informé le général Ibrahim de son intention de retourner au Liban dans les prochaines heures.

Un peu plus tard, une source au sein d'al-Nosra a néanmoins assuré que le groupe n'a pas suspendu ses menaces de liquider l'otage ni prolongé le délai avant de mettre ses menaces à exécution. Selon cette source, l'équation est claire : contre la suspension de l'exécution, une prisonnière au Liban doit être libérée.

Contacté par L'Orient-Le Jour, le ministre de la Santé Waël Bou Faour a de son côté déclaré que "la menace persiste et que la situation est mauvaise". Le ministre a néanmoins ajouté que les négociations se poursuivent. 

 

Vers 15h30, heure libanaise, al-Nosra a réitéré son ultimatum aux autorités libanaises, menaçant d'exécuter Ali Bazzal si un échange n'a pas lieu dans les huit heures suivantes. "Si dans huit heures notre sœur Joumana Hmayyed n'est pas libérée, le soldat Ali Bazzal sera liquidé", pouvait-on lire sur un compte Twitter géré par le groupe jihadiste. Hmayyed avait été arrêtée, en février dernier, à bord d'une Kia bourrée d'explosifs interceptée au rond-point entre Ersal et Laboué.

Jeudi soir, le groupe jihadiste qui détient avec le groupe Etat islamique une trentaine de militaires depuis les combats à Ersal début août, avait lancé un ultimatum de 24h au gouvernement libanais pour relancer les négociations, faut de quoi un otage serait exécuté.

Trois otages ont déjà été tués, dont deux par décapitation. Les islamistes réclament notamment la libération des islamistes détenus par les autorités libanaises pour les libérer.

 

(Lire aussi : Un parapluie sécuritaire, mais pas encore politique...Le décryptage de Scarlett Haddad)

 

Des familles désespérées
Les menaces d'al-Nosra ont provoqué un nouvel accès de colère, vendredi après-midi, au centre-ville de Beyrouth. Les proches des militaires ont ainsi bloqué la route de Saïfi, axe principal reliant la capitale Beyrouth au nord.

L'épouse de Ali Bazzal a alors déclaré à la LBC qu'elle rendra visite au cheikh sunnite Moustapha Hojeiry (un islamiste proche de ce front ayant intervenu à plusieurs reprises dans le dossier des otages) afin de savoir les résultats de ses contacts avec le groupe jihadiste. "Je me rendrai au jurd de Ersal avant l'expiration du délai, s'il le faut", a-t-elle ajouté. La LBC a en outre rapporté que cheikh Hojeiry s'est rendu dans le jurd de Ersal dans une tentative de suspendre l'exécution de Ali Bazzal.

En début de soirée, les familles ont rouvert la route de Saïfi après avoir reçu des informations faisant état de la suspension de l'exécution de Ali Bazzal. Remerciant tous ceux qui ont joué un rôle positif dans cette affaire, notamment cheikh Moustapha Hojeiry, elles se sont de nouveau dirigées vers la place Riad el-Solh où elles campent depuis plusieurs semaines.

Un peu plus tard, les espoirs de l'épouse du soldat Bazzal ont été déçus. "Al-Nosra s'obstine à liquider Ali", a-t-elle affirmé citant Moustapha Hojeiry.

 

Désespérés, les proches des otages avaient déjà bloqué la même route quelques heures durant, vendredi matin, avant qu'elle ne soit rouverte par les forces de sécurité. "Nous allons rester dans la rue. Il n'y a pas de différence entre les otages. Soit tout le monde est libéré, soit personne ne l'est", a lancé vendredi matin Nizam Mghayt, le frère de l'adjudant Ibrahim Mghayt, originaire de Qalamoun, en référence à l'otage hezbollahi dont le parti chiite a obtenu la libération mardi en échange de deux éléments armées syriens. "Personne ne peut nier l'échange qui a eu lieu", a poursuivi M. Mghayt. Cet échange entre le Hezbollah et l'Armée syrienne libre a suscité l'ire des familles des militaires enlevés.

 

Tentant de désamorcer la crise vendredi matin, le ministre de la Santé Waël Bou Faour, ne pouvant pas se rendre sur les lieux car il se trouvait à l'extérieur de la capitale, a demandé aux familles par téléphone d'accorder au gouvernement un délai pour faire avancer les négociations sur leur libération. Il a promis de rencontrer les familles samedi à 19h.

 

(Pour mémoire : Militaires enlevés : les familles mettent leurs menaces à exécution)

 


Violentes échauffourées
Mais la situation a fini par dégénérer en fin de matinée, les FSI décidant d'ouvrir la route par la force, face au refus de certains proches des otages d'évacuer les lieux. Les forces de l'ordre ont d'abord demandé aux journalistes de quitter les lieux, leur interdisant de filmer. Des heurts violents ont suivi, opposant les familles des militaires enlevés et les FSI. Des jets d'eau ont eu lieu afin de disperser les proches, en nombre inférieur par rapport aux forces de l'ordre. Plusieurs journalistes, dont le correspondant de la LBCI, ont été battus.

 

Capture d'écran LBCI

 

"Les familles des militaires enlevés sont nos parents, mais il y a une décision au niveau de l'autorité politique de ne pas laisser les familles bloquer la route. Nous avons tenté d'éloigner les journalistes et ce pour leur propre sécurité, mais les choses ont dégénéré en échauffourées", a déclaré à la LBC le chargé de communication au sein des FSI, le colonel Joseph Moussallem.

 

La fermeture des routes n'est pas la solution
Suite aux accrochages, les familles des militaires ont réclamé la démission du ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk. "Ils nous ont frappés, nos enfants sont en train de mourir entre les mains des jihadistes, et les forces de l'ordre s'en prennent à nous ici", s'est indigné l'un des proches des militaires à la LBC. "Nous tenons le gouvernement pour responsable au cas où l'un des otages est assassiné. Dorénavant, nous ne préviendront plus l'Etat de nos démarches", a lancé  un porte-parole des familles.

 

(Lire aussi : Salam critique le tapage du Hezbollah autour de la relaxe de son combattant capturé au Qalamoun)

 

Réagissant aux critiques, M. Machnouk a souligné d'un ton ferme qu' "il n'y aura plus de fermeture de routes dorénavant. Je comprends la douleur des familles, mais la fermeture des routes n'est pas la solution. Ces mesures paralysent l'État. Si les familles n'avaient pas de tribunes afin d'exprimer leurs opinions, nous pourrions comprendre ces mesures d'escalade. Mais ceci n'est pas le cas. Les fermetures de routes servent la cause des ravisseurs".

Signe de l'incapacité du gouvernement libanais à résoudre la crise, M. Bou Faour a avoué que  "l'Etat libanais attend des développements. Il ne détient pas toutes les cartes du dossier. Nous attendons une réponse de l'Etat syrien et des négociations du médiateur du Qatar. On attend des développements dans les jours qui viennent. Lors de la dernière réunion de la cellule de crise, nous nous sommes mis d'accord à être discrets au sein du gouvernement".

 

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commentaires (6)

Allah yésstorre !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

08 h 03, le 29 novembre 2014

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Commentaires (6)

  • Allah yésstorre !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 03, le 29 novembre 2014

  • L'INACTION DE L'ETAT EST INACCEPTABLE ET CRIMINELLE ! N'ÉCOUTEZ PLUS LES BOYCOTTEURS ! LIBÉREZ NOS SOLDATS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    22 h 22, le 28 novembre 2014

  • Mais que le gouvernement libère cette terroriste Joumana Hmayyed pour montrer ses bonnes intentions sur le principe de l'échange et sauver le soldat Bazzal de la main de ces bourreaux, bon sang !

    Halim Abou Chacra

    17 h 51, le 28 novembre 2014

  • On voit toute la difference entre un groupe aguerri qui negocie en force et un etat salade russe ou tout se mele et s'entre mele sans qu'on aboutisse a quoi que se soit ! les lecons sont faites pour etre prises . N'entend on pas que pour vaincre Israel il faut faire comme eux , les prendre en exemple , pareil pour notre resistance nationale !

    FRIK-A-FRAK

    13 h 18, le 28 novembre 2014

  • Mais que va faire le héZébbb.... pour les libérer ?!

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 03, le 28 novembre 2014

  • LE CALVAIRE DE CES FAMILLES ET DE LEURS FILS A ASSEZ DURÉ ! 3AYB ! LIBÉREZ NOS SOLDATS ! ÉCHANGES POUR TOUS ! MA FI BSAMNÉ OU BZÉT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 40, le 28 novembre 2014

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