Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole - Sylvain THOMAS

Surmonter la douleur après un deuil

Après un deuil, nous devons toujours finir par repérer la ou les personnes qui nous prodigueront leur affection comme aussi le réconfort dont nous avons besoin. C'est en allant à leur rencontre que nous surmonterons notre chagrin.
Certes, quand on est en deuil, on est condamné à vivre de longs moments de condamné(e), et des journées vides et solitaires. Mais une mélancolie qui dure plusieurs mois dénote souvent un amour empreint d'une excessive sujétion, une sorte de contrefaçon du véritable amour.
Celui ou celle qui continue à pleurer un être cher sans se préoccuper de son avenir ni des tâches qui l'attendent fait preuve d'une sorte d'inaptitude à aimer véritablement. Cette personne montre qu'elle n'a jamais réussi à atteindre la maturité et l'indépendance. Si difficile à admettre que cela puisse paraître à première vue, le deuil dans lequel sont plongés certains êtres signifie qu'ils vivent en réalité leur propre deuil, celui qui exprime la pitié égocentrique qu'ils ont pour leur vie sans but.
Nous ne devrions pas non plus simuler une souffrance que nous n'éprouvons pas, comme lorsque la mort vient délivrer un parent âgé atteint d'une maladie incurable. on ne doit jamais déguiser ses sentiments à seule fin de se conformer aux convenances.
Réagir d'une manière contraire au bon sens devant la douleur, c'est fausser le sens de la vie. Les enfants en souffrent autant que les grandes personnes. C'est malheureusement ce qui se produit souvent. Un père laisse derrière lui une veuve et un enfant. Au moment de l'enterrement, on confie le bambin à des parents et la mère s'entend avec toute la famille pour lui cacher la vérité. On évite de mentionner devant lui le nom du disparu ou bien, si l'on ne peut faire autrement, on se hâte de détourner la conversation.
Cette conspiration du silence s'appuie sur le principe que l'enfant n'est pas armé pour la douleur. Bien que procédant des meilleures intentions, ce genre de dissimulation risque de troubler gravement le développement émotionnel de l'enfant.
Lors du décès de son époux, une mère avait envoyé chez une parente éloignée sa fillette âgée de sept ans qu'elle trouvait bien trop jeune « pour vivre dans une maison si triste ». Nous avons insisté pour qu'on ramène immédiatement l'enfant, qu'on la mette brièvement au courant du décès de son père, et surtout qu'on lui dise que sa mère avait besoin d'elle pour lui redonner courage et l'aider à chasser sa tristesse. Réconforter sa mère : voilà la mission importante qu'il fallait lui confier ! La petite fille est donc revenue, elle a réussi à la décider à jouer avec elle un jeu de société. Il s'est ainsi créé entre elles une intimité d'autant plus grande que toutes deux surmontaient la même épreuve.
Il est illusoire de s'imaginer que l'enfant ne soit pas capable de faire face au chagrin et qu'en toute circonstance, il faut le dorloter, le protéger contre les dures réalités de la vie. La vérité est tout autre. L'enfant peut supporter le chagrin et la douleur, mais jamais le mensonge. Il ne s'effondre pas devant un malheur qu'on lui explique avec sincérité. En revanche, il peut être profondément troublé lorsqu'on l'exclut du cercle familial, lorsqu'on l'accable sous un lourd fardeau de faux-fuyants, de demi-vérités, d'élans refroidis, de manœuvres et de prétextes mensongers.
Quand le malheur frappe, c'est folie de chercher un réconfort trop rapide, une guérison miraculeuse. La douleur a une valeur lucrative et tout effort pour lui échapper conduit finalement à l'abîme. Nous ne devons pas exiger de nous plus que la nature elle-même ne le permet.
En somme, nous ne pouvons espérer surmonter un deuil d'un seul coup. Au cours de notre convalescence psychologique, nous devons nous attendre à sentir une évolution se faire en nous. Nous connaîtrons une période de profonde douleur, des journées vides, et nous ressentirons un dégoût de vivre. Nous refuserons même d'être consolés.
Puis nous reprendrons graduellement le dessus sous l'action curative du rayonnement de l'amour, de l'amitié et d'un sentiment de défi à la société, et en nous rapprochant des membres de la famille que nous aimons. Nous pourrons enfin reprendre notre nouvelle vie faite de soumission à la lutte inévitable que nous impose la vie.
Instruits par la sagesse acquise dans la douleur, nous finissons toujours par surmonter notre mal et par découvrir la paix de l'âme et du cœur.

Après un deuil, nous devons toujours finir par repérer la ou les personnes qui nous prodigueront leur affection comme aussi le réconfort dont nous avons besoin. C'est en allant à leur rencontre que nous surmonterons notre chagrin.Certes, quand on est en deuil, on est condamné à vivre de longs moments de condamné(e), et des journées vides et solitaires. Mais une mélancolie qui dure...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut