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Liban - Liban

Hygiène alimentaire : « Satisfait », Bou Faour se livre à « L’OLJ »

De nombreux établissements touchés par la campagne en matière d'hygiène alimentaire lancée par le ministre de la Santé ont commencé à régulariser leur situation.

La boucherie al-Yassamin a été fermée hier à l’aube par des agents des FSI. Photo Ani

Le dossier des abattoirs sera étudié aujourd'hui au Grand Sérail lors d'une réunion avec les responsables des départements concernés. « Avec la fermeture des abattoirs, nous craignons que les bouchers, notamment dans les régions éloignées, ne reviennent à une vieille habitude et abattent le bétail dans les rues », confie à L'Orient-Le Jour le ministre de la Santé, Waël Bou Faour. Ce qui constituera un problème supplémentaire de santé publique. « Cette réunion a pour objectif donc de mettre au point un plan pour la prochaine période, poursuit-il. Nous avons de bons abattoirs dans les régions et nous envisageons d'y recourir, le temps que ceux qui ont été fermés soient réhabilités » de manière à répondre aux normes d'hygiène requises, note-t-il, précisant que la viande locale constitue 30 à 40 % de la consommation de viande au Liban, le restant étant importé.

À la question de savoir quelles mesures compte-t-il prendre à l'encontre des restaurants syriens illégaux, M. Bou Faour précise que ce dossier « relève des prérogatives du ministère de l'Économie ». Idem pour ce qui est des compagnies d'eau potable illégales et des usines agroalimentaires dont la situation relève des prérogatives du ministère de l'Industrie. Ces ministères ont-ils l'intention de coopérer? « Lorsque la campagne de lutte en faveur d'une hygiène alimentaire a été lancée il y a quelques semaines (voir les listes ici, ici et ), elle constituait l'initiative d'un ministère, fait remarquer M. Bou Faour. Désormais, elle fait l'objet d'un projet du gouvernement. »

(Lire aussi : Sûreté alimentaire au Liban : le grand déballage prend un tour politique)


Pour le ministre, les effets de la campagne commencent déjà à se faire ressentir sur le terrain, « de nombreux établissements ayant déjà commencé à régulariser leur situation ». Leurs noms devraient être annoncés en cours de semaine. « L'une des meilleures réalisations de cette campagne, c'est le transfert du projet de loi sur l'hygiène alimentaire aux commissions parlementaires mixtes », affirme-t-il. Celui-ci moisit en fait dans les tiroirs du Parlement depuis près d'une décennie. Son examen a été gelé des années durant pour cause de conflits de prérogatives entre les différents ministères, le principal opposant au projet de loi étant l'ancien ministre de l'Agriculture, Hussein Hajj Hassan. Les commissions mixtes se pencheront donc dès mardi sur le texte en question, dans l'espoir que la loi soit promulguée dans les plus brefs délais. Le ministre de la Santé est toutefois sceptique. « Je ne mise pas beaucoup sur la promulgation de la loi, principalement en raison de la question des prérogatives », dit-il. Et de conclure en affirmant que cette campagne n'est pas « temporaire ». Elle s'inscrit désormais dans le cadre du travail routinier de son ministère, tant qu'il occupe ce poste.

Rencontre des organismes économiques

Samedi, à l'initiative du président de la Fédération des Chambres de commerce, Mohammad Choucair, une réunion élargie s'est tenue à la Chambre de commerce de Beyrouth et du Mont-Liban, à laquelle ont pris part des représentants des organismes économiques et des syndicats actifs dans le secteur de l'alimentation et de la restauration, ainsi que les ministres de la Santé, de l'Économie, du Commerce, du Tourisme, de l'Industrie et de l'Environnement.
Les responsables de ces organismes n'ont pas pu s'empêcher de rappeler aux ministres l'impact négatif de cette campagne sur la réputation du Liban à l'étranger, affirmant que les entreprises du secteur de l'agroalimentaire et de la restauration ont besoin, après les derniers développements, de redorer leur blason à l'échelle internationale.

(Repère : Sûreté alimentaire au Liban : un diagnostic inquiétant)


Des propos qui n'ont pas pour autant ému M. Bou Faour qui a affirmé qu'en tant que ministre de la Santé : « Je dois assurer la santé du citoyen, même si cela va parfois à l'encontre de l'économie. » « Je suis convaincu » de cette campagne, a-t-il ajouté, assurant que « la sécurité sanitaire des aliments est susceptible d'améliorer le tourisme et l'économie ». « D'ailleurs, ce qui se passe au Liban, du Liban-Nord à Beyrouth, en passant par Ersal ne nuit-il pas à l'économie et au tourisme ? » s'est-il interrogé.

Le ministre du Tourisme, Michel Pharaon, a souligné que cette campagne « a mis l'accent sur un grand problème », mais que « 5 % des restaurants en ont été victimes ». « Personne ne bénéficie de couverture, a-t-il affirmé, mais nous verrons par quels moyens il serait possible de poursuivre dans cette voie et d'appliquer la loi. »
Saluant les mesures de M. Bou Faour, le ministre de l'Agriculture Akram Chehayeb a pour sa part proposé la création d'une institution pour l'hygiène alimentaire qui regrouperait des spécialistes des secteurs public et privé.
De son côté, le ministre de l'Environnement, Mohammad Machnouk, a affirmé que « la position adoptée par le ministre Bou Faour est celle de tout le gouvernement ». Il a en outre estimé que cette campagne a eu l'effet « d'un choc positif qui a poussé le secteur à se réévaluer ».

(Lire aussi : Pour « Malak al-Batata », cinq colonnes dans le « Washington Post »...)

Malgré cette volonté d'afficher une position gouvernementale unifiée, le ministre de l'Économie, Alain Hakim, a tenu à mettre les choses en perspective : « Oui, il y a un problème, et il a été largement exposé dans les médias, au plaisir des Libanais, malgré certaines imprécisions dans la couverture. Il ne faut pas donner l'impression qu'il y a une catastrophe au Liban. Oui, il y a des cas d'intoxication de groupes, mais ils ne sont pas nombreux. » Et d'assurer que « tous les ministères vont œuvrer dans le sens de la sécurité sanitaire des aliments ».
Le ministre de l'Industrie Hussein Hajj Hassan a enfin tenu à préciser que « le problème ne réside pas au niveau de la loi, même si nous avons un certain manque en matière de décrets d'application », mais au niveau de la continuité.
À la fin de la réunion, les organismes économiques ont annoncé les grandes lignes d'une feuille de route pour poursuivre cette campagne.

Le problème de l'eau potable

Sur le terrain, le ministre de la Santé a demandé hier au procureur général près la Cour de cassation, le magistrat Samir Hammoud, de prendre les mesures nécessaires à l'encontre des personnes qui ont attaqué l'équipe du ministère à Sabra. Samedi, des inspecteurs sanitaires du ministère de la Santé à Nabatiyeh ont visité l'abattoir du caza.

Par ailleurs, des agents des Forces de sécurité intérieure ont fermé hier à l'aube la boucherie al-Yassamin située dans le périmètre du rond-point Abou Ali à Tripoli. Les conditions d'empaquetage de la viande n'étaient pas conformes aux normes. Des échantillons de la marchandise ont été prélevés. De même, le restaurant Delicious à Halba a été fermé à la suite de plusieurs cas d'intoxication. Le propriétaire du restaurant a été arrêté pour les besoins de l'enquête.

De leur côté, les propriétaires des stations d'épuration et de vente de l'eau ont observé hier un sit-in, à la place Riad el-Solh, en guise de protestation contre la fermeture de ces entreprises illégales. Ils ont expliqué que la présence de ces entreprises est due à l'impuissance de l'État à approvisionner les citoyens en eau potable.


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commentaires (4)

Courage monsieur le ministre mais attention aux pistons .

Sabbagha Antoine

19 h 26, le 24 novembre 2014

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Commentaires (4)

  • Courage monsieur le ministre mais attention aux pistons .

    Sabbagha Antoine

    19 h 26, le 24 novembre 2014

  • BOU FAOUR... EN AVANT... TOUS DANS LE FOUR !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 43, le 24 novembre 2014

  • Il est précisé qu'il existe au Liban des normes sécuritaires dans le domaine de l'alimentaire. Où les trouve-t-on ? Qui est compétent pour contrôler les établissements et dans quel processus sont effectués lesdits contrôles? Je trouve par ailleurs cela très pertinent de lier les abus avec l'absence d'Etat puisque la sécurité alimentaire se rattache à la sécurité et cette dernière n'est pas le monopole de l'Etat (l'officiel, celui souhaité par certains)

    Olivier Georges

    13 h 02, le 24 novembre 2014

  • Bravo ! good job , Continuez a les cramer ces empoisonneurs Mr Bou Faour crematoire ...

    FRIK-A-FRAK

    10 h 53, le 24 novembre 2014

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