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Nos Lecteurs ont la Parole - Ismaël MAATOUK

Joyeux anniversaire, Dame Feyrouz

Beaucoup d'amis me demandent à propos de cet « amour » que j'ai pour elle. Et moi, je ne le considère pas « amour ». C'est plutôt une « affection », si je la définis bien. C'est une affection tendre et obsessive.
Tout a commencé avec Layali chmal el-hazini, quand j'étais en autocar. Tout enfant, tout pétri d'idéalisme, j'ai découvert ces paroles tristes et cette musique encore plus triste et pourtant si calme. Et puis, j'ai commencé à rechercher d'autres chansons, d'autres paroles, d'autres musiques. Et j'ai découvert que ce que j'appréciais effectivement, c'était la voix, et non pas le décor des mots et des mélodies. Cette voix qui joue, comme les enfants, à murmurer, à crier, à parler, à rire. Je n'avais pas de choix à faire ni d'avis à partager. Je rentrais chez le propriétaire d'un magasin de disques, qui est mort peut-être, acheter des cassettes et les écouter. Je suis passé ensuite aux pièces de théâtre dont j'ignorais auparavant l'existence. Je ne savais même pas qu'elle avait joué des rôles si simples, si sublimes. Tout ce parcours que je décris en quelques lignes avait pris des années à l'époque. J'explorais un terrain vierge pour moi. Et c'est là que j'ai commencé à aimer telle chanson ou pièce de théâtre. La règle du jeu, c'est qu'en écoutant une voix pendant des années, on commence à avoir de la curiosité pour la personne derrière cette voix. Qui est-elle ? Comment vit-elle ? Quelle est son histoire ? C'est à ce moment-là que j'ai commencé à chercher toute source susceptible de m'éclairer sur un mot, une information. J'ai acheté des livres, lu des articles, vu des documentaires. Pourquoi ne dit-on pas tout ce qu'il y a à savoir ? Avec elle, on ne comprend jamais tout ce qu'il faut comprendre. Il y a toujours l'ombre d'un doute et des questions.
La première fois où je la voyais en chair et en os devant moi sur scène, c'était le 4 août 2000. Portant une robe rouge, elle apparaissait comme une déesse devant une foule de plusieurs milliers de personnes debout pour l'applaudir. Le respect qu'elle inspirait ! ...
Au fil des ans, Feyrouz est devenue pour moi un membre de la famille. Je pense à elle. Je ne l'écoute plus chaque matin, avec le café, ou plutôt je le fais rarement. Mais je pense à elle, à sa vie, à sa carrière et à sa famille. C'est une femme typiquement libanaise, respectueuse et timide, qui a subi les calomnies de certains proches, de certains amis, de certains membres de la famille, de journalistes, de personnes avides de gloire et d'argent. Elle a représenté son pays partout : aux Nations unies, à la Croix-Rouge internationale, à Paris et dans le monde arabe. Elle a fait le tour du monde, en chansons, en concerts réussis. Plein de gens que j'ai rencontrés connaissent Feyrouz mais ne connaissent pas le Liban. Et elle n'a rien demandé pour elle ! Elle répondait toujours par un silence respectueux et timide.
Feyrouz fait et fera toujours partie de l'histoire du Liban et de la mémoire de ce pays; ce pays qui n'a plus le temps de sauvegarder sa mémoire. Que nous le voulions ou non, elle fait partie de l'histoire du Liban. Je respecte cette image de cet être d'exception, elle la plus sincère des chefs arabes et orientaux. Personnellement, je préfère Feyrouz – Nouhad Haddad –, la femme libanaise timide et respectueuse, qui n'aime pas les caméras, la mère et l'épouse, patiente devant la haine des jaloux. Je préfère Nouhad, quand elle sourit devant une question ridicule d'un journaliste et qui fait semblant de ne pas avoir compris. Je préfère Nouhad qui, malgré son enfance difficile, n'a jamais été attirée par les lumières, les microphones et les caméras, la femme simple, timide, rêveuse, qui chante si merveilleusement, si parfaitement.

Beaucoup d'amis me demandent à propos de cet « amour » que j'ai pour elle. Et moi, je ne le considère pas « amour ». C'est plutôt une « affection », si je la définis bien. C'est une affection tendre et obsessive.Tout a commencé avec Layali chmal el-hazini, quand j'étais en autocar. Tout enfant, tout pétri d'idéalisme, j'ai découvert ces paroles tristes et cette musique encore...

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