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Santé - Maladies pulmonaires

Broncho-pneumopathie : halte au tabagisme !

À l'occasion de la Journée mondiale de la broncho-pneumopathie chronique obstructive, la Société libanaise de pneumologie met l'accent sur les effets néfastes du tabagisme. Elle insiste sur la nécessité d'une application stricte de la loi 174 pour la lutte antitabac pour protéger les enfants et les non-fumeurs de toute maladie liée à ce fléau.

Il ne se passe pas une occasion sans que le tabagisme, sous toutes ses formes, ne soit pointé du doigt par les professionnels de la santé. À juste titre, puisque cette pratique constitue un important facteur de risque pour de nombreux cancers, ainsi que des maladies cardio-vasculaires et pulmonaires, comme il a été démontré dans plusieurs études internationales. À la veille de la Journée mondiale de sensibilisation à la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), célébrée le 19 novembre, la Société libanaise de pneumologie (SLP) saisit l'occasion pour insister sur l'importance de mesures strictes pour lutter contre ce fléau qu'est le tabagisme.


« La BPCO est une maladie liée dans plus de 85 % des cas au tabagisme, insiste le Dr Mirna Waked, présidente de la SLP. Dans le reste des cas, elle est liée soit à des infections graves survenues durant l'enfance, l'obstruction se développant ainsi avec le temps, soit à un facteur génétique, les patients ayant un déficit en alpha-1 antitrypsine (une protéine qui a pour rôle de protéger les poumons contre les inflammations, NDLR). La BPCO est aussi liée à une exposition aux biocombustibles, comme les émanations des générateurs, ou encore du fuel ou du bois utilisés pour chauffer la maison ou pour cuisiner... »


Mais qu'est-ce que la BPCO ? « C'est une maladie respiratoire chronique caractérisée par une obstruction permanente et progressive des voies aériennes qui se rétrécissent, explique le Dr Waked. L'obstruction est due à un dépôt de mucus dans les bronches, mais aussi à l'effet toxique de la fumée de cigarette qui provoque un épaississement du diamètre de la bronche qui se rétrécit. Ce phénomène commence dans les petites voies aériennes, avant que l'obstruction ne s'installe progressivement sur les grandes voies aériennes jusqu'à provoquer l'essoufflement qui est caractéristique de la BPCO. La maladie se manifeste en fait par une dyspnée ressentie d'abord lors de l'accomplissement de grands efforts. Avec le temps, celle-ci s'aggrave et devient sévère. La personne s'essouffle rapidement au moindre geste, aussi banal soit-il, comme le fait de s'habiller ou de se déshabiller. La BPCO est également caractérisée par une toux et une expectoration chroniques, que les fumeurs attribuent en général au tabagisme. Or il s'agit de signes pathologiques avant-coureurs qui font partie de la maladie, d'autant qu'il n'est pas normal de tousser et de cracher le matin, pendant des mois, voire des années consécutives. »

 

L'asthme du fumeur
Il y a encore une dizaine d'années, la BPCO était prise pour de l'asthme. « On parlait de l'asthme du fumeur, d'autant que la toux, les expectorations, l'essoufflement, les sifflements dans la poitrine et l'obstruction des voies aériennes sont communs aux deux maladies », précise le Dr Waked. Ce sont d'ailleurs le pronostic et la réponse au traitement qui ont poussé les spécialistes à en chercher les différences dans les détails scientifiques, médicaux et physiopathologiques. Le Dr Waked explique ainsi que dans l'asthme, la réponse au traitement est favorable, ce qui n'est pas le cas dans la BPCO. De plus, l'asthme survient à un âge jeune, au moment où la BPCO survient généralement à partir de l'âge de 35 ans, à moins qu'on n'ait commencé à fumer à un âge très jeune, qu'on n'ait été exposé aux biocombustibles, ou encore qu'on ne souffre d'une maladie génétique aggravée par le tabagisme. « L'allergie joue un rôle dans l'apparition de l'asthme, alors que la BPCO est essentiellement liée au tabagisme, poursuit la praticienne. Par ailleurs, dans l'asthme, la dyspnée et le sifflement dans la poitrine sont réversibles avec le traitement. Dans la BPCO, ils sont partiellement réversibles. Enfin, l'asthme est traitable dans le sens où les symptômes peuvent complètement disparaître, ce qui n'est pas le cas dans la BPCO, si la maladie est bien installée. »


Au Liban, près de 10 % des personnes âgées de plus de 40 ans présentent une BPCO, selon une étude effectuée sur 2 201 personnes par des chercheurs sous la direction du Dr Waked. « C'est un taux assez élevé », insiste la présidente de la SLP. Selon l'étude, quelque 14 % des anciens fumeurs et des fumeurs actuels et 3,4 % des non-fumeurs souffrent d'une BPCO. « Nous avons réussi à prouver dans d'autres études que le narguilé, tout comme la cigarette, est un important facteur de risque de la maladie », note-t-elle.

 

(Pour mémoire : La cigarette, principal facteur de risque des cancers du rein et de la vessie)



Quid des fumeurs passifs ?
« Nous n'avons pas pu démontrer, jusqu'à présent, que les enfants exposés au tabagisme parental développeront une BPCO à l'âge adulte, répond le Dr Waked. L'étude a par contre montré une corrélation entre le tabagisme passif sur le lieu de travail et la maladie. »
Selon l'étude également, 20 % des personnes souffrant de BPCO étaient conscientes de leur maladie. « Un chiffre qui s'aligne sur les chiffres internationaux, constate le Dr Waked. Cela est dû au fait que pendant longtemps, la BPCO était confondue avec l'asthme. À cela s'ajoutent le déni et l'absence d'une politique nationale de dépistage. Le patient consulte soit parce que son essoufflement s'aggrave, soit à la suite d'une exacerbation, c'est-à-dire lorsque la maladie est aggravée à cause d'une infection. À ce stade, la BPCO est déjà à un stade avancé. Le malade ne revient jamais à l'état de base. L'arrêt du tabac est le seul moyen de stabiliser son état et d'empêcher cette descente aux enfers. D'ailleurs, c'est le seul moyen de changer le pronostic de la maladie. Dans les cas très avancés, on a recours à l'oxygène. Tous les autres moyens sont des traitements symptomatiques qui ne changent en rien l'histoire naturelle de la maladie. »

 

Dix paquets-années
La sévérité de la BPCO est proportionnelle à l'intensité du tabagisme cumulé. « Mais on ignore qui développera une BPCO, indique le Dr Waked. Dans les études internationales, on a fixé le seuil de 10 paquets-années (PA) comme étant significatif de risque de la maladie. » Le PA est une unité qui permet de mesurer la consommation de tabac. Elle est obtenue en multipliant le nombre de paquets de cigarettes consommés par jour par le nombre d'années de consommation. Ainsi une personne qui fume deux paquets de cigarettes par jour pendant dix ans est à 20 PA.


Il est important donc que les fumeurs qui rechignent à arrêter le tabac soient vigilants. « Il faut qu'ils soient conscients que le moindre problème respiratoire (toux, essoufflement, bronchite) peut être un signe avant-coureur d'une BPCO, affirme le Dr Waked. Il ne faut pas attendre que l'essoufflement s'installe pour se décider à se prendre en charge. Il faut consulter au premier signe chronique de toux et d'expectoration. Chez les jeunes fumeurs, les pneumonies et les bronchites à répétition sont des prémices de la maladie. »
Et le Dr Waked de conclure : « Il est nécessaire de comprendre que la BPCO va devenir un des fléaux du XXIe siècle. Or cette maladie est étroitement liée à toute forme de tabagisme et peut envenimer toute une vie. Les chiffres que nous avons sur cette maladie doivent permettre aux autorités concernées de prendre conscience de l'importance des campagnes de sensibilisation, mais aussi de la nécessité de lois qui protègent les non-fumeurs. En somme, un fumeur assume sur le plan médical les conséquences de son tabagisme. Il faut toutefois protéger les non-fumeurs, surtout les enfants qui sont le plus exposés aux effets néfastes du tabac. Nous disposons de nombreux arguments scientifiques qui doivent pousser nos responsables à repenser la loi antitabac et son application. »

 

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