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Liban - Liban

Rue Huvelin, la suspension des élections fédère les étudiants...

Une centaine d’étudiants ont protesté hier contre la décision de l’université. Photo tirée de la page Facebook « Pétition contre l’annulation des élections estudiantines à l’USJ »

L'image était particulièrement expressive, hier, devant le campus mythique des sciences sociales de la rue Huvelin, haut lieu de résistance contre la tutelle syrienne et l'hydre sécuritaire dans les années 2000.
En dépit des profonds clivages qui les séparent sur le plan macropolitique, ils ont fait l'effort hier de taire leurs querelles partisanes et de dire « oui », d'une seule voix, à la sauvegarde de la démocratie.
Quelques jours après la suspension des élections estudiantines sur tous les campus de l'Université Saint-Joseph (USJ) pour l'année 2014-2015 en vertu d'une décision du conseil universitaire, les étudiants des différents partis politiques ont ainsi organisé hier, ensemble, un sit-in pour revendiquer la restauration du scrutin démocratique, arborant pour seules couleurs, fait hautement symbolique, celles du drapeau libanais.
Aux alentours de midi, de nombreux employés et professeurs de la faculté ont franchi le seuil du campus pour assister à la manifestation des étudiants, qui ont entonné l'hymne national avant d'observer une minute de silence, une manière de faire le deuil de la démocratie. Sur une grande banderole rouge, l'on pouvait lire : « On préfère le désordre de la démocratie au silence de la dictature. »

 

 (Pour mémoire : Daccache : « L'USJ est un lieu d'apprentissage pour tous les Libanais »)


« Les élections ont été rétablies grâce aux efforts déployés par la faculté de droit dans les années 90, confie Rita el-Am, étudiante et ex-déléguée au sein de l'amicale estudiantine de ladite faculté, à L'Orient-Le Jour. Ces élections restent une expression et un symbole de la démocratie, et elles se déroulaient, en dépit de tout, dans des conditions nationales extrêmement difficiles. Nous refusons qu'elles soient annulées pour des raisons qui sont, pour le moins qu'on puisse dire, banales. » La semaine dernière, le recteur de l'USJ, le père Salim Daccache, expliquait à L'Orient-Le Jour les motifs de cette décision, estimant que « le climat interne du pays n'était pas favorable à la tenue des élections », et soulignant que cette suspension n'opérerait que pour un an « en principe ». « Nous voulons protéger notre université des effets contraires à ceux que l'on attend d'un exercice démocratique normal », avait-il souligné.


« La solution ne consiste pas à ignorer le problème, et ce n'est surtout pas comme ça que l'on forme des juristes, a ajouté pour sa part Rita el-Am, qui a assuré que les partis et étudiants sont prêts à déployer tous leurs efforts pour que les élections soient rétablies, au moins à partir de l'année prochaine. » « Notre solidarité, toutes affiliations partisanes confondues, montre à quel point nous pouvons nous unir quand le plus précieux de nos droits nous est retiré », a poursuivi l'étudiante, qui a prononcé une allocution au nom des étudiants de la faculté de droit de l'USJ durant le sit-in, suivie de Mounir Tanjar, qui s'est exprimé au nom de ses camarades de la faculté de gestion.
Le Parti national libéral a d'ailleurs salué dans un communiqué le sit-in « pacifique, symbolique et unissant tous les partis ».

 

 (Pour mémoire : Les étudiants résistent à la suspension des élections à l'USJ)

 

« Une répression de la liberté d'expression »
Au lendemain de l'annonce de la décision de l'université de suspendre les élections, une pétition estudiantine rédigée par des étudiants à Huvelin a été signée par de nombreux protestataires. « Elle sera remise à l'administration, explique Yasmina Najem, vice-présidente de l'amicale de droit sortante de l'an dernier. Nous attendrons la réponse de l'université pour savoir ce que nous ferons ensuite après ce sit-in, mais ce sera certainement une action regroupant tous les partis ». Et d'ajouter, en réponse à une question sur les divergences d'opinion entre les étudiants concernant la décision de l'administration : « Il est vrai que certains étudiants ont approuvé cette décision et en sont satisfaits. Comme dans tout le pays, qui connaît actuellement une vague de rejet de la politique, ces personnes estiment que les élections sont trop politisées et sont à la base des troubles qui se produisent. Mais cela n'enlève rien au fait que de nombreuses voix sont catégoriquement contre la suspension des élections. » Hier, des dizaines d'étudiants participant au sit-in s'étaient d'ailleurs collé un ruban adhésif sur la bouche pour dénoncer « une répression de la liberté d'expression ».


« Le droit de vote démocratique constitue un droit fondamental, et l'université doit revenir sur sa décision, assure pour sa part Anthony Féghali, ancien président du bureau de l'amicale de la faculté de droit, et nous gardons bon espoir. Nous sommes surtout motivés par la collaboration de l'ensemble des partis, qui participent de bonne foi au sit-in, lequel sera bientôt suivi d'une table ronde et d'un débat profond à Huvelin sur toutes les questions litigieuses qui posent problème sur le campus. » Et de poursuivre : « Il est normal que ce soit ce campus en particulier qui ait levé la voix pour s'opposer à la décision de l'USJ. Autrefois, ironiquement, les étudiants manifestaient à l'intérieur du campus car ils étaient opprimés à l'extérieur. Aujourd'hui, ils protestent dans la rue et n'ont plus le droit de s'exprimer dans l'enceinte de l'université... »

 

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L'image était particulièrement expressive, hier, devant le campus mythique des sciences sociales de la rue Huvelin, haut lieu de résistance contre la tutelle syrienne et l'hydre sécuritaire dans les années 2000.En dépit des profonds clivages qui les séparent sur le plan macropolitique, ils ont fait l'effort hier de taire leurs querelles partisanes et de dire « oui », d'une seule voix,...

commentaires (3)

JE RÉPÈTE QUE, EN TANT QU'EX PRÉSIDENT DE L'AMICALE DE LA SECTION DE GESTION DES AFFAIRES DE L'USJ, JE PROTESTE TRÈS ÉNERGIQUEMENT CONTRE CETTE DÉCISION ANTI DÉMOCRATIQUE ! IL NE RESTE DANS CE PAYS QUE LA LIBERTÉ D'EXPRESSION ! SI ON LA MUSÈLLE AUSSI : ADIEU LE PAYS !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 41, le 04 novembre 2014

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Commentaires (3)

  • JE RÉPÈTE QUE, EN TANT QU'EX PRÉSIDENT DE L'AMICALE DE LA SECTION DE GESTION DES AFFAIRES DE L'USJ, JE PROTESTE TRÈS ÉNERGIQUEMENT CONTRE CETTE DÉCISION ANTI DÉMOCRATIQUE ! IL NE RESTE DANS CE PAYS QUE LA LIBERTÉ D'EXPRESSION ! SI ON LA MUSÈLLE AUSSI : ADIEU LE PAYS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 41, le 04 novembre 2014

  • "Fédère", oui ; mais malheureusement pour only un tout petit laps de temps.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 39, le 04 novembre 2014

  • Bon, ils feraient mieux de nous épargner encore plus de "désordre de la démocratie", on sait ce que cela donne sur les campus et ailleurs, et de penser à leurs études et avenir.

    Christine KHALIL

    09 h 14, le 04 novembre 2014

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