Le langage de l’amour

Un jeune homme, le cœur battant, entre dans son bureau et annonce à son patron qu'il se marie le lendemain. Le patron donne une grande tape sur son bureau en lui lançant : « Félicitations ! », ajoutant que, lui-même marié depuis longtemps, il lui donne un conseil, un seul, qui lui servirait toute sa vie celui de toujours dire à son épouse qu'il l'aimait, de le dire sous toutes les formes et autant de fois par jour qu'elle le désirerait.
Le miracle de l'amour n'est pas une chose qui « va de soi ». Certes, il est bien des choses qui « vont de soi » chez une bonne épouse : la fidélité, la loyauté, le dévouement. Mais l'arc-en-ciel de l'amour disparaîtrait de notre horizon si nous posions comme principe qu'il doit toujours apparaître pour nous.
Il semble si facile, le jour du mariage, de pouvoir tenir toute la vie ces engagements si vite prononcés. Pourtant, ils exigent beaucoup de ceux qui les prennent et promettent d'être entièrement l'un à l'autre pour le meilleur et pour le moins meilleur, dans la prospérité comme dans la gêne, dans la santé et dans l'épreuve. C'est implicitement reconnaître que nous sommes tous appelés à traverser des jours parfois sombres. Quand le ménage est endetté ou que l'un des deux conjoints tombe malade, il est réconfortant de s'entendre dire : « Je t'aime toujours comme au premier jour. » Parfois, l'épouse éprouve un sentiment de solitude, elle a l'impression qu'il y a quelque chose de changé depuis le grand jour. Elle nous demande alors, inquiète : « M'aimes-tu autant qu'au premier jour ? » Que lui répondre, sinon « Bien sûr, nous sommes toujours des amoureux », une réponse très rassurante, et nous la verrons s'épanouir.
L'inverse est également vrai. Il peut arriver qu'une épouse considère son mari comme « faisant partie des meubles » ou qu'elle lui parle du dernier relevé de la banque alors qu'il garde au cœur la nostalgie du premier rendez-vous. Ou bien, au contraire, elle attend de lui qu'il joue encore plus les Roméo, alors qu'il ne pense qu'à ses problèmes professionnels. On a toujours admiré la délicatesse de notre épouse, épuisée par sa tâche de ménagère et de mère de famille, nous demander doucement si nous sommes très fatigués.
« La vie est si quotidienne ! »
disait un jour une femme lasse de l'existence. Le mariage aussi, cette grave affaire, vieille comme le monde, est quotidien. Mais il devrait être splendidement quotidien, comme le lever du soleil.
Un prêtre lors de son prêche faisait un jour remarquer que s'il importe de tomber sur le bon numéro le jour du mariage, il importait également d'être le bon numéro soi-même. Ce qui pousse un homme à faire preuve d'affection à l'égard de sa femme.
À la vérité, les engagements pris le jour du mariage sont à nos yeux tellement importants que nous commençons, à chaque anniversaire, à nous les répéter, le matin au réveil, en les relisant dans le petit livre qui contient les fleurs séchées du bouquet de mariage. Sentimentalité, dirions-nous. Mais sur quel chapitre se montrer sentimental, si ce n'est sur celui du mariage ?
Peut-être le sentiment n'est-il pas notre fort ? Il existe alors mille manières de se rappeler l'un à l'autre que l'on possède le bien le plus précieux de la terre. Nous connaissons un homme qui, ayant en poche la clé de la chambre d'un chalet qu'il habitait avec sa femme, grimpa un soir par la fenêtre pour la rejoindre en lui faisant une surprise à partir de la fenêtre. Merveilleux, mais oui, merveilleusement merveilleux.
Il est d'autres moyens de ranimer la tendresse : une plaisanterie, un compliment inattendu ou simplement une façon de dire : « Je t'aime ! » sous une forme que l'on n'a encore jamais essayée. Tout ce que nous voudrons, mais jamais de façon maladroite.
Abstenons-nous d'être maladroit, de cette maladresse qui consiste à prononcer cette phrase splendide en adoptant une attitude nonchalante. Mettons tout notre cœur à manifester et à exprimer notre amour à notre épouse. Nous y gagnerons de rester des amoureux. Notre union sera de celles qui conservent leur étincelle du matin et leurs rêves du soir, joyeuses aux heures faciles et courageuses dans les moments pénibles. Croyez-le, cela vaut la peine d'essayer.

Sylvain THOMAS