Rechercher
Rechercher

Liban - La situation

Le retournement programmé de Nabih Berry

Le siège du Parlement libanais, la « chose » de Nabih Berry.

On l'a déjà dit et redit : Nabih Berry est précieux !... Pour le Hezbollah, cela s'entend. Que ne ferait-il pas pour arranger les affaires de son exigeant allié !
Jusqu'à ces derniers jours, le président de la Chambre s'efforçait de jouer de sa petite différence et refusait d'endosser la prorogation projetée de la législature. D'un côté, il a été échaudé par la précédente expérience en la matière et ne voulait pas apparaître aux yeux de l'opinion comme le parrain de la nouvelle proposition en ce sens. De l'autre, il entendait faire pression sur les blocs parlementaires qui s'avisaient de boycotter systématiquement les séances législatives qu'il convoquait, tantôt en raison de la crise gouvernementale, tantôt du fait de la vacance présidentielle et tantôt pour rappeler que la Chambre n'est pas en session ordinaire.

Face à ce boycottage, M. Berry usait de l'argument suivant : puisque la Chambre est ainsi réduite au chômage, à quoi cela servirait-il de proroger le mandat d'un Parlement improductif ? Cet argument a été, il est vrai, en partie désarmé il y a quelques semaines lorsque l'ensemble des blocs parlementaires – à l'exception des Kataëb – ont avalisé un compromis aux termes duquel la participation aux séances législatives de l'Assemblée devient licite – en temps d'exception – dès lors que l'on se fonde sur « l'état de nécessité législative », un concept dont les contours restent imprécis et qui est contesté par un certain nombre d'éminents juristes.
Toujours est-il que M. Berry et ses proches continuaient, même après ce compromis, à faire la moue au sujet de la prorogation envisagée, tout en donnant à croire qu'il y aurait bien un arrangement au final et que le bloc berryste ne l'entraverait guère.

Le temps de l'arrangement est donc venu, semble avoir décrété cette semaine l'ombrageux « grand frère » de M. Berry. Non seulement l'occupant du perchoir était invité à opérer un virage à 180 degrés et proclamer son soudain ralliement à la prorogation, c'est à lui que devait aussi revenir l'honneur d'annoncer que le Hezbollah était également partie prenante.
Pourquoi cet artifice ? Simplement parce que le Hezb cherche à éviter de heurter de front – pour la seconde fois consécutive – son allié chrétien, le général Michel Aoun. Et ce d'autant plus que ce dernier venait de procéder à une escalade, menaçant de recourir une nouvelle fois au Conseil constitutionnel en vue d'invalider la loi de prorogation au cas où elle était votée.
C'est ainsi que le « sale boulot » échut au président de la Chambre, contraint de ranger ses états d'âme au vestiaire et de prouver une fois de plus, comme le dit le dicton libanais, que l'habit lui sied à merveille.

Bien entendu, personne n'est dupe et tout le monde sait que si la proposition de proroger la législature est en passe d'être avalisée, c'est bien parce que le Hezbollah la juge nécessaire, tout autant que le bloc du Futur et celui de Walid Joumblatt. Seulement, à la différence des deux autres, le parti chiite estime avoir des raisons pour ne pas le dire franchement.

Que va donc faire le bloc aouniste, sachant avant tout que deux de ses composantes, les Marada et le Tachnag, seraient, à la différence du CPL, acquises au principe de la prorogation ? D'après un député du Hezbollah, Kamel Rifaï, cité par l'agence al-Markaziya, un dialogue est en cours avec le général Aoun pour le persuader de se rallier à la prorogation, celle-ci étant rendue nécessaire du fait des circonstances actuelles, jugées contraignantes.
Ce même député ajoute que dans le cas où la tentative échoue, on espère du moins parvenir à une solution médiane aux termes de laquelle le bloc aouniste s'abstiendrait pour le moins de présenter un recours en invalidation devant le Conseil constitutionnel.

 

(Pour mémoire : Derrière l'escalade du bloc du Changement, un double message à Hariri et au Hezbollah)


De fait, après la tentative d'escalade opérée à l'issue de sa dernière réunion hebdomadaire, lorsque la menace d'un recours devant le CC a été brandie, le ton s'est clairement radouci dans les rangs du bloc du Changement et de la Réforme. Après le député Salim Salhab jeudi, son collègue Nehmetallah Abinasr se faisait hier l'écho d'une indécision à ce stade au sein de la formation. Le député du Kesrouan est même allé jusqu'à confier à al-Markaziya que, jusqu'ici, la position adoptée était d'assister à la séance législative, mais sans voter pour la prorogation. On est loin des accents virulents de mardi.

Quoi qu'il en soit, il convient de noter que cette affaire de la prorogation du mandat de la Chambre, même si au final le texte devra passer sans difficultés, aura commencé sous de mauvais augures, du moins symboliquement. La proposition de loi relative à la prorogation de la législature pour deux ans et sept mois avait été présentée, en effet, par le député Nicolas Fattouche, le même dont le nom a été radié hier du barreau de Beyrouth...

 

Lire aussi
Tripoli récidive : le bras de fer avec l'armée se corse et le fossé grandit

L'État islamique en pleine utopie, le billet de Fady Noun

Taëf : un quart de siècle plus tard, les mêmes tabous à peine ébranlés...

On l'a déjà dit et redit : Nabih Berry est précieux !... Pour le Hezbollah, cela s'entend. Que ne ferait-il pas pour arranger les affaires de son exigeant allié !Jusqu'à ces derniers jours, le président de la Chambre s'efforçait de jouer de sa petite différence et refusait d'endosser la prorogation projetée de la législature. D'un côté, il a été échaudé par la précédente...

commentaires (5)

SUR LES SCÈNES DES THÉÂTRES... QUAND UN ACTEUR... DE LA RIGOLADE... VEUT CHANGER DE RÔLE... IL RETOURNE SA VESTE ! ET LES IDIOTS D'APPLAUDIR...

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 51, le 25 octobre 2014

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • SUR LES SCÈNES DES THÉÂTRES... QUAND UN ACTEUR... DE LA RIGOLADE... VEUT CHANGER DE RÔLE... IL RETOURNE SA VESTE ! ET LES IDIOTS D'APPLAUDIR...

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 51, le 25 octobre 2014

  • Le roi -à vie bien sûr- du "takazob" libanais, du malabarisme politique le plus astucieux, des formules dites "historiques" qui disent le oui et le nom, le "je veux" et le "je ne veux pas", et qui, dans toutes les situations, est le grand gagnant.

    Halim Abou Chacra

    12 h 21, le 25 octobre 2014

  • La prorogation du mandat de la Chambre pour un peuple qui ne bouge pas est une belle punition .

    Sabbagha Antoine

    09 h 56, le 25 octobre 2014

  • GOUPILEMENT... VÔTRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 46, le 25 octobre 2014

  • Mais arrêtez de vous foutre de notre gueule.La prorogation était une evidence depuis des mois...Tout le reste n'est qu'artifice, mensonge et roublardise.

    Tabet Karim

    08 h 58, le 25 octobre 2014

Retour en haut