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Liban - L’éclairage

À travers Chebaa, les messages multidirectionnels du Hezbollah

L'attaque menée par le Hezbollah contre la patrouille israélienne n'est pas sans susciter une série de points d'interrogation. L'explosion a fait des blessés dans les rangs de l'armée israélienne, quand bien même Tel-Aviv n'a répondu que modestement, ce qui reflète son intérêt de ne pas ouvrir le front du Liban-Sud à l'heure actuelle.
L'opération a été mise à exécution au lendemain de l'attaque des positions du Hezbollah par les combattants du Front al-Nosra, dans le jurd de Brital. L'offensive des islamistes a fait des victimes dans les rangs du parti chiite. De même, al-Nosra a réussi à saisir des équipements et des missiles appartenant au Hezb, même si ce dernier a finalement récupéré les positions perdues pendant quelque temps durant la bataille.
Pour les sources politiques proches du 14 Mars, il ne fait pas de doute que c'est la posture délicate du parti à la lumière des développements régionaux et des batailles menées en territoire syrien, notamment dans le Qalamoun, qui explique le timing de l'attaque contre la patrouille israélienne. Des sources proches du parti estiment, elles, que l'objectif de l'opération est d'adresser des messages dans toutes les directions, tant à la scène interne qu'à l'étranger. En substance, le Hezbollah souhaite montrer qu'il est prêt à se battre sur tous les fronts, et, partant, aussi bien contre Israël qu'en territoire syrien. En d'autres termes, il souhaite prouver que son aventure syrienne ne le détourne pas de sa lutte initiale, originelle, contre Israël, et de l'impératif de la résistance au Liban-Sud. Le parti veut aussi montrer qu'il est prêt à barrer la route à Daech et al-Nosra dans cette région du pays, et à apaiser les craintes selon lesquelles les deux formations islamistes sunnites pourraient mettre le feu aux poudres sur le front de Chebaa.
Pour le Hezbollah, les combats du jurd de Brital constituaient une tentative de la part d'al-Nosra de contrôler ses positions à la frontière est afin de pouvoir ensuite descendre vers le Liban-Sud et la frontière avec Israël, suivant le même scénario qui s'était produit dans le Golan il y a quelques semaines. Al-Nosra avait alors pris possession des positions tenues par l'armée assadienne et avait kidnappé des Casques bleus, ultérieurement relâchés par les islamistes. Le Hezbollah n'a pas l'ombre d'un soupçon sur le fait qu'al-Nosra et Daech souhaitent conquérir des positions à la frontière sud pour contrôler cette zone, en harmonie avec Israël, qui facilite, selon le parti chiite, la tâche aux islamistes en leur assurant un passage du Golan vers Chebaa.
Pour le 8 Mars, l'attaque du Hezbollah à Chebaa s'inscrit dans le cadre du rôle naturel du parti chiite. Il s'agit également d'une réponse aux critiques du 14 Mars à la suite des affrontements du jurd de Brital. L'œil de la résistance continue de veiller au Liban-Sud. Les sources proches du parti estiment par ailleurs que le territoire libanais sera de plus en plus, dans les jours à venir, un terrain de confrontation avec al-Nosra et Daech, notamment dans les régions frontalières. D'autant que l'hiver approche, et que les islamistes retranchés dans le jurd auront bientôt besoin de quitter le territoire où ils se trouvent vers des zones où le temps est plus clément, au Liban ou dans le Qalamoun. Qui plus est, les miliciens sont pris en tenailles des deux côtés, libanais et syrien, selon le Hezbollah. Mais des sources du 8 Mars craignent cependant que les islamistes ne réveillent bientôt le front de Hasbaya-Chebaa, où l'armée libanaise est mobilisée et prête à faire face à tout assaut.
Pour un expert militaire, l'attaque contre la patrouille israélienne à Chebaa de la part du Hezbollah entre dans le cadre d'une course entre lui et al-Nosra pour le contrôle de cette zone, soit une course entre le « Hezbollahland » et le « Nasraland ». Pour le 14 Mars, l'enjeu de l'attaque de Chebaa est plutôt politique. Il s'agirait ainsi d'un message clair adressé par l'Iran en direction des capitales occidentales, notamment Washington, pour rappeler que Téhéran fait partie de la région, qu'elle y possède une influence majeure et qu'on ne saurait la marginaliser ou minimiser son rôle en refusant de lui ouvrir les portes de la coalition internationale. En bref, l'Iran a voulu rappeler qu'elle est capable, à tout moment, d'embraser la région à partir du Liban-Sud, croyant qu'Israël se prêtera au jeu et que cela embarrassera l'Occident, empêtré dans sa guerre contre Daech. De plus, souligne le 14 Mars, le Hezbollah a voulu donner un coup de fouet à l'esprit de corps chiite après la déroute de Brital.
Il reste que des observateurs ne cachent pas leurs craintes concernant un changement des règles d'engagement à Chebaa après l'attaque du Hezbollah, dans une tentative du parti chiite de détourner les regards de ce qu'il fait sur le front syrien et de faire taire les critiques internes qui pleuvent sur lui de toutes parts. Des sources diplomatiques, elles, doutent qu'Israël accepte cependant de se laisser entraîner sur ce terrain glissant : il ne souhaite en aucun cas devenir l'ennemi qui viendrait rassembler contre lui tous les protagonistes, dans un scénario apocalyptique qui mettrait à mal les plans de la coalition nationale contre les islamistes. D'ailleurs, note une source politique bien informée, la coalition vise par ses frappes les groupes terroristes transfrontaliers, une définition qui colle au Hezbollah dans l'optique américaine et occidentale. Qui peut donc certifier que le Hezb ne sera pas un jour sur la liste des cibles à abattre ?

L'attaque menée par le Hezbollah contre la patrouille israélienne n'est pas sans susciter une série de points d'interrogation. L'explosion a fait des blessés dans les rangs de l'armée israélienne, quand bien même Tel-Aviv n'a répondu que modestement, ce qui reflète son intérêt de ne pas ouvrir le front du Liban-Sud à l'heure actuelle.L'opération a été mise à exécution au...

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GARE AU RETOUR !

LA LIBRE EXPRESSION

05 h 15, le 12 octobre 2014

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Commentaires (2)

  • GARE AU RETOUR !

    LA LIBRE EXPRESSION

    05 h 15, le 12 octobre 2014

  • Il y a quelques jours, le Hezbollah a riposté en partie à la dernière offensive israélienne dans le village d’Ansariyeh (sud), lorsque l’ennemi a implanté un appareil d’écoute et l’a fait exploser contre un élément de la résistance, le martyr Hassan Ali Haydar.Cette opération ne manquait pas de messages politiques, sécuritaires, et militaires adressés à l’Entité sioniste.Parmi ces messages, «Chebaa n’est pas Quneitra, et la bataille d’Aarsal ne pourra en aucun cas avoir lieu dans la base arrière de la résistance », assure un dirigeant proche de la résistance.La bombe de la résistance a brouillé les cartes dans les fermes de Chebaa. L’ennemi a réalisé que le changement des règles du jeu ne peut passer facilement. L’opération de la résistance a montré aux décideurs israéliens l’inexactitude de leurs évaluations sur l’incapacité de la résistance à être vigilante sur tous les fronts. En effet, la résistance observe depuis un certain temps ce que trame l’occupation dans la région de Chebaa, en tentant de répéter le scénario de Quneitra et utiliser ensuite la carte des groupes takfiris afin de mettre en place une zone tampon ou une ceinture de feu à l’instar de ce qui a lieu dans le Golan ou lors de l’occupation au sud Liban.Ce point a été longuement évoqué au cours de la dernière réunion entre le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah et le député Walid Joumblat.

    FRIK-A-FRAK

    18 h 48, le 11 octobre 2014

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