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Nos Lecteurs ont la Parole - Stéphanie SAHYOUN

Le cancer, c’est les autres

Nous sommes chacun le cancer de l'autre. Celui que nous lui implantons graduellement, insidieusement, irréversiblement. Parce que nous pensons à notre survie à chaque étape de cette vie qui nous est si précieuse – peut-être croyons-nous encore non destinée à flétrir, à périr –, si grande, si unique. Notre «humanité» nous conduit à devenir inhumains avec autrui. L'écraser pour mieux se hausser dans cette course effrénée, vers quoi déjà? Une main non serrée, une larme non essuyée, un baiser évité, un coup de fil sourd, un regard détourné. Nous n'y sommes pour rien, nous ne sommes pas bourreaux, mais nous exécrons ces victimes auxquelles nous ne voulons surtout pas nous identifier – seraient-elles contagieuses, sait-on jamais? – ces «faibles» parce que leur bonté – leur idiotie dans
notre vocabulaire – répond tendrement au mépris que nous adressons à leur vie faite de combats quotidiens, de joies fragiles, d'échecs «stoïcisés», de gestes dévoués, cléments, aimants, à leur être entier, non emprisonné.
Nous sommes de la race des «forts». Qui méprisent, usent, abusent, effacent, mentent, se mentent, lâchent, nient et détruisent. Loi de la jungle. Non, nous humains n'en avons aucune. Puisqu'une puissance divine nous rachètera en tout cas. Quoi qu'on fasse, qui que l'on soit. Nous pouvons avoir commis les pires bavures, crimes, injustices, il suffit que nous exprimions notre désir de rédemption et nous serons pardonnés pour toute une vie – si mortelle. Et si les cieux ne sont pas au rendez-vous, nous nous inventerons mille prétextes, c'est si facile de se pardonner. Aucune responsabilité ni envers soi ni envers l'autre. Solidarité néant.
Être humain affaiblit, désarme, angoisse, renvoie à l'essence première.
Je suis ton cancer, tu es le mien.
Vivement, qu'il nous anéantisse tous, peut-être qu'une seule et authentique race humaine pourra naître et vivre un jour...

Stéphanie SAHYOUN

Nous sommes chacun le cancer de l'autre. Celui que nous lui implantons graduellement, insidieusement, irréversiblement. Parce que nous pensons à notre survie à chaque étape de cette vie qui nous est si précieuse – peut-être croyons-nous encore non destinée à flétrir, à périr –, si grande, si unique. Notre «humanité» nous conduit à devenir inhumains avec autrui. L'écraser pour...

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