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Liban - discours

Tammam Salam à l’Onu : Vous devez cesser de vous contenter de compter nos morts

Photo Dalati et Nohra

La journée du Liban à l'Onu a commencé vers 14 heures (21h, heure du Liban) lorsque le Premier ministre Tammam Salam est monté à la tribune de l'immense salle de l'Assemblée générale pour prononcer le discours officiel du Liban. Le moment est émouvant pour ce petit pays, modèle de coexistence et de tolérance, aujourd'hui menacé dans son essence même, dans ses frontières et dans son tissu social qui a survécu à un si grand nombre de crises. Le Premier ministre est d'ailleurs lui-même très ému et conscient de la gravité du moment, puisque si tout allait bien dans son pays, ce ne serait pas lui, mais bien le chef de l'État qui prononcerait ce discours.


Mais voilà, la situation est ce qu'elle est et le Premier ministre souhaite éviter le pire, faute de pouvoir trouver des solutions rapides. Division interne et contexte régional compliqué obligent, il a évité dans son discours les mots qui fâchent et les promesses qu'il ne peut pas tenir. Sachant, par exemple, que la question de l'organisation de camps de réfugiés syriens à l'intérieur du territoire ne fait pas l'unanimité, il l'a évitée, tout comme il n'est pas entré dans les détails de la situation à Ersal, se contentant d'inclure le Liban dans la lutte contre le terrorisme.
Devant une audience attentive, Tammam Salam a déclaré qu'il est venu à New York porteur des soucis du Liban qui fait aujourd'hui face à une attaque terroriste féroce. Les terroristes ont en effet enlevé des militaires et les ont pris en otage pour exercer un chantage sur l'État libanais. Ils ont d'ailleurs tué de la plus horrible des façons trois d'entre eux. Ces assassinats entravent les « négociations indirectes » menées avec les ravisseurs, mais le Liban n'a d'autre choix que de s'accrocher à ses constantes qui sont la libération des otages et la préservation du prestige de l'État.

(Lire aussi : « Nous dresserons nos tentes devant les maisons des ministres à partir de lundi... »)

 

Le terrorisme du crime politique
Au passage, le Premier ministre prend soin de souligner que la bataille du Liban avec le terrorisme « n'est pas nouvelle » et qu'il a « de longues années durant fait face au terrorisme du crime politique qui a visé un certain nombre de ses leaders politiques, à commencer par l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, ainsi que des intellectuels et des hommes de presse ». Dans ce contexte, M. Salam a rappelé que le Liban soutient le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) et espère qu'il arrivera à des résultats concrets qui mettront fin à l'impunité des assassins.

M. Salam a également affirmé que le Liban se tient aux côtés de ses forces nationales et à ce sujet. Il a réitéré les remerciements de son gouvernement à l'Arabie saoudite pour « le don généreux » qu'elle a fait à l'armée libanaise.
Le Premier ministre a aussi remercié le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, pour l'initiative lancée l'an dernier de créer un groupe de soutien au Liban sous la couverture de l'Onu. Ce groupe s'est réuni à New York en septembre dernier, puis à Paris et à Rome, et il se réunit une nouvelle fois dans l'après-midi de vendredi à New York.
Selon le Premier ministre, les efforts déployés actuellement par l'ensemble de la communauté internationale montrent l'urgence d'éteindre l'incendie qui ravage la région. Sur ce plan, le Liban insiste sur sa volonté de coopérer pour l'application des résolutions 2170 et 2178 adoptées pour lutter contre le terrorisme, mais il insiste aussi sur son refus de s'aligner sur la politique des axes.

 

(Lire aussi : Le Liban, réponse historique à « l'État islamique », l'article de Fady Noun)

 

Les agressions contre les chrétiens et les yazidis
M. Salam a ensuite évoqué la situation dans la région, qualifiant d'horrible ce qui se passe en Syrie et en Irak, où les civils musulmans sont fauchés, les sociétés et les entités ébranlées. Mais les terroristes visent aussi les groupes qui font partie de l'identité de la région et de son tissu social. Le Liban condamne vivement les agressions contre les chrétiens et les yazidis, et considère toutes les agressions contre les lieux saints et les religions comme une atteinte à la dignité humaine.

Le Premier ministre affirme, à cet égard, que le Liban est fier d'être le seul pays de la région à avoir un président chrétien. De ce fait, il reste un modèle de diversité dans la région et dans le monde.
M. Salam confirme la détermination des Libanais à « élire un nouveau président chrétien », et il en arrive au dossier des déplacés syriens dont le chiffre dépasse désormais 1,5 million. « Ce chiffre représente, dit-il, le tiers de la population libanaise. C'est comme si, brusquement, cent millions de personnes arrivent aux États-Unis sans rien et ont besoin d'être aidés sur tous les plans. Pour nous, a dit M. Salam, cette présence massive est une catastrophe nationale. Mais le problème posé par les déplacés syriens ne peut pas être un problème purement libanais. Il relève aussi de la responsabilité de la communauté internationale. »

M. Salam a réaffirmé que le Liban tient à son unité et à sa souveraineté, et c'est dans cet esprit que la politique de distanciation à l'égard du dossier syrien a été adoptée.
Le Liban réaffirme aussi son attachement à l'application de la résolution 1701 car elle permet la restauration de l'autorité de l'État sur l'ensemble de son territoire. Mais il demande aux Nations unies d'arrêter les violations israéliennes de cette résolution et les atteintes à la souveraineté libanaise, réaffirmant l'attachement du Liban à ses droits, notamment au niveau des ressources hydrauliques et autres. À ce sujet, M. Salam a rendu hommage à la Finul, tout en lui demandant de faire de son mieux pour accélérer le processus visant à achever le traçage de la ligne bleue et le rétablissement de l'autorité libanaise dans la partie occupée du village de Ghajar.

Le Premier ministre a eu aussi un mot pour Gaza, qui vient de subir une violente agression israélienne. Selon lui, il faut qu'Israël rende des comptes au sujet de ses actes, d'autant qu'il assume la responsabilité de l'échec de toutes les négociations en vue d'une solution au conflit israélo-palestinien sur la base de la création de deux États.
Dans sa conclusion, le Premier ministre revient sur le fait que l'Orient est actuellement « un théâtre de l'absurde, il devient otage de la barbarie ». « Mais cet Orient, dit-il, c'est aussi des hommes, des histoires, des espoirs, des rêves et des familles qui veulent vivre dans un monde meilleur et dans des pays libres. Le monde doit cesser de se contenter de compter nos morts et faire son devoir pour préserver nos pays et nos droits, collectifs et individuels. Nous, Libanais, au Liban et dans la diaspora, nous regardons avec espoir vers l'avenir et nous ne permettrons pas que les lumières de l'ouverture, des droits et de l'humanité s'éteignent. »

M. Salam est vivement applaudi, tant il y avait d'émotion dans son discours. Mais il a dû se diriger ensuite rapidement vers une autre salle de l'Onu pour la réunion du groupe de soutien au Liban. Et là, il ne faudra pas se contenter de généralités puisque les besoins du Liban sont nombreux dans sa lutte contre le terrorisme et dans le traitement du dossier des réfugiés.
Ces sujets avaient d'ailleurs été évoqués au cours de la rencontre, dans la matinée, avec le secrétaire d'État américain John Kerry en présence du ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil. Ce dernier a aussi rencontré, dans un des salons de l'Onu, les ministres des Affaires étrangères des Émirats et de Syrie.

 

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La journée du Liban à l'Onu a commencé vers 14 heures (21h, heure du Liban) lorsque le Premier ministre Tammam Salam est monté à la tribune de l'immense salle de l'Assemblée générale pour prononcer le discours officiel du Liban. Le moment est émouvant pour ce petit pays, modèle de coexistence et de tolérance, aujourd'hui menacé dans son essence même, dans ses frontières et dans son...

commentaires (3)

1- "les déplacés syriens ne peut pas être un problème purement libanais. Il relève aussi de la responsabilité de la communauté internationale": Ils relèvent D"ABORD de la responsabilité de la communauté internationale, qui a tout fait pour arriver à cette situation. 2- "Le monde doit cesser de se contenter de compter nos morts": tout-à-fait, d'autant plus que "ce monde" court pour vendre les armes et faire davantage de victimes et de souffrances...

NAUFAL SORAYA

12 h 04, le 27 septembre 2014

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Commentaires (3)

  • 1- "les déplacés syriens ne peut pas être un problème purement libanais. Il relève aussi de la responsabilité de la communauté internationale": Ils relèvent D"ABORD de la responsabilité de la communauté internationale, qui a tout fait pour arriver à cette situation. 2- "Le monde doit cesser de se contenter de compter nos morts": tout-à-fait, d'autant plus que "ce monde" court pour vendre les armes et faire davantage de victimes et de souffrances...

    NAUFAL SORAYA

    12 h 04, le 27 septembre 2014

  • Le Vide réclame du Plein.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 13, le 27 septembre 2014

  • IL EST OÙ LE PRESTIGE DE L'ÉTAT AVEC TOUS CES BARRAGES DE HEZBOLLAH ? DEVANT LE MINI ÉTAT HEZBOLLAHI ON BAISSE LE PANTALON. MAIS DEVANT LES AUTRE QUI NE SONT PAS ENCORE TRÈS FORT C'EST HONTEUX DE BAISSER LE PANTALON.

    Gebran Eid

    02 h 38, le 27 septembre 2014

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