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Liban - L’éclairage

Otages : les médiations se succèdent sans avoir démarré

On attendait l'intermédiaire qatari depuis plusieurs jours pour entamer les négociations en vue d'obtenir la libération des otages militaires détenus par les organisations jihadistes, ou du moins ceux qui se trouvent aux mains du Front al-Nosra. Mais finalement, on peut être quasiment certain qu'il ne viendra pas. Dans l'intervalle, l'émirat du Qatar a, en effet, pris part aux frappes menées par la coalition internationale contre les positions de ces organisations en Syrie.
Al-Nosra a d'ailleurs condamné cette participation, indique-t-on de sources informées, et a fait savoir qu'à ses yeux, la médiation qatarie n'avait plus lieu d'être. D'un autre côté, la médiation turque, sollicitée par le Liban notamment lors de l'entrevue qu'a eue à New York le Premier ministre, Tammam Salam, avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, n'a pas encore démarré.
Mais il est vrai qu'Ankara avait refusé de se joindre à la coalition antijihadiste. De ce fait, un rôle d'intermédiaire de sa part dans le dossier des otages militaires libanais pourrait se révéler efficace, contrairement à celui que l'on escomptait de Doha. C'est en tout cas l'espoir sur lequel se fondent certains milieux ministériels libanais qui s'attendent à ce que la Turquie entre en force incessamment dans le vif du sujet.

 

(Pour mémoire : La Turquie va-t-elle réellement se ranger auprès de la coalition contre l'EI ?)


Les observateurs soulignent cependant que les frappes menées par la coalition contre les positions des groupes de l'État islamique (EI, ex-Daech), d'al-Nosra et de Khorassan ont très probablement rendu le dossier des otages plus compliqué qu'il ne l'était.
D'après les sources politiques qui suivent de près l'affaire, on pense que les otages vivants seraient au nombre de 11 aux mains d'al-Nosra et de 15 avec l'EI. Il reste qu'aucun chiffre officiel n'avait été donné et que ces nombres sont approximatifs.
D'autre part, on sait peu de choses des demandes formulées par l'EI pour libérer les otages que cette organisation détient, mis à part la libération des prisonniers islamistes de Roumieh, y compris ceux qui ont été jugés et condamnés. Pour ce qui est d'al-Nosra, et s'il faut en croire les sources du Comité des ulémas proche des milieux fondamentalistes, ce groupe réclame essentiellement trois choses : d'abord la libération des personnes qui ont été arrêtées par l'armée libanaise depuis le 2 août dernier, c'est-à-dire depuis le début de la bataille de Ersal, ensuite l'arrêt des rafles effectuées par la troupe dans les camps de réfugiés syriens et, last but not least, l'aménagement de passages sûrs pour les éléments d'al-Nosra de la frontière en direction de la localité de Ersal.


Dans les milieux autorisés, on assure que nonobstant les demandes des ravisseurs, le gouvernement est depuis le tout début dans une disposition de négociation pour obtenir la libération des militaires retenus en otage. Sauf que les preneurs d'otages ont choisi jusqu'ici de privilégier le chantage sur la négociation en assassinant des otages l'un après l'autre. De ce fait, le Premier ministre n'avait de choix que d'annoncer son refus de négocier sous les meurtres.


Dans ce cadre, les observateurs se sont penchés sur les propos tenus mercredi par le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, envisageant pour la première fois le recours à un échange de détenus et d'otages « en conformité avec les lois ». Il convient de souligner que ces propos survenaient au lendemain de la prestation télévisée du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, au cours de laquelle ce dernier s'est défendu de vouloir empêcher le gouvernement de négocier avec les ravisseurs pour récupérer les otages. Et deux jours plus tôt, le chef du PSP, Walid Joumblatt, avait déjà conseillé au gouvernement de se montrer souple, allant lui aussi jusqu'à se dire favorable à un échange.


Cependant, sur le terrain, toutes ces prises de position nouvelles paraissent encore insuffisantes aux yeux des familles des otages militaires, qui ont clairement décidé de recourir à l'escalade, notamment en coupant de manière totale la route de la Békaa. Dans certains milieux parlementaires, on critique cependant l'initiative des familles et on les appelle à mettre un terme à leur action, celle-ci ne pouvant que servir la cause des ravisseurs et affaiblir la position du gouvernement libanais.
Un ancien ministre souligne à ce propos qu'un tel dossier devrait impérativement être traité loin de tout tapage médiatique. Il donne à cet égard l'exemple de la cinquantaine d'otages turcs qu'Ankara a réussi à faire libérer par des négociations discrètes et sans que des routes n'aient été coupées en Turquie par les proches de ces otages.


Mais au-delà de la question des otages, se pose aujourd'hui de plus en plus tout le dossier de la présence des réfugiés syriens au Liban dans son volet sécuritaire. On apprend à cet égard qu'une importante réunion devrait être tenue au Grand Sérail après le retour du Premier ministre de New York afin de mettre au point une feuille de route claire. Parmi les points envisagés, l'arrêt de l'accueil de nouveaux réfugiés et la facilitation du retour d'une partie des déplacés dans des zones qui seraient sûres en Syrie.

 

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