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Nos Lecteurs ont la Parole - Abdel Hamid EL-AHDAB

I. - Contre Daech, les lumières de la religion et de la laïcité

S'il existe un réel plan américano-saoudien pour traiter le problème constitué par Daech, ce traitement ne devrait pas comporter uniquement des raids aériens et un entraînement de l'infanterie rebelle. Il ne devrait pas se limiter à ces seuls moyens, mais commencer par traiter l'environnement propice, se demander pourquoi cet environnement humain a couvé cette engeance sauvage ; pourquoi il est devenu mécréant et il a cru pouvoir ainsi échapper à l'injustice, la frustration, la tyrannie et leur cortège de malheurs. C'est de là qu'il faut commencer.
Daech est né du massacre épouvantable de Hama, commandé par Hafez el-Assad, et de la destruction des mosquées et demeures. Des gens sont morts par milliers et d'autres ont été emprisonnés. Ces derniers, qui ont survécu au massacre, ont formé le noyau du mouvement Daech qui a vu le jour en Syrie et s'est ensuite propagé en Irak.
Ainsi, ces prisonniers se sont ensuite organisés et transformés en « pro » du terrorisme pour faire tomber le pouvoir qui a tué et emprisonné les leurs. A suivi Nouri al-Maliki, qui est dix fois l'addition de Hafez et de son fils Bachar et qui a réussi à créer cet environnement propice en seulement sept ans alors que les Assad n'y sont parvenus qu'au bout de 42 ans.
Si l'Amérique ne veut pas répéter les erreurs terribles du passé, il faut qu'elle axe son travail sur la recherche des causes de la naissance de cet environnement. Ce n'est pas un hasard qui a fait qu'un mouvement bestial, qui offense l'islam et tue au nom de cette religion, soit sorti d'un environnement musulman sunnite qui était un modèle pour l'humanité et l'islam !
Des causes existent.
Si ce n'était l'oppression sauvage exercée par les Assad, contre les sunnites, et de manière non négligeable contre les autres communautés, au cours de 42 ans de tueries, destructions, tortures, et offenses à la dignité humaine, faites au nom de l'arabisme et du Baas, si la révolution syrienne, civile et pacifique, avait bénéficié de l'appui en armes des Américains lorsque Bachar el-Assad avait recouru aux armes et tué les enfants de cette révolution, si les États-Unis et Barack Obama n'avaient pas fermé les yeux sur le massacre à l'arme chimique, si les immeubles n'avaient pas continuellement été détruits à Alep sur la tête de leurs habitants, et si des millions d'affamés et de réfugiés n'avaient pas erré et subi des humiliations dans les pays voisins, cet environnement propice n'aurait pas existé et donné naissance à Daech. Si la tyrannie confessionnelle de Maliki, qui a dépassé celle également confessionnelle des Assad, n'avait pas régné, l'environnement qui a donné naissance à Daech n'aurait pas existé. Daech compte dans ses rangs dix pour cent seulement des habitants des régions qu'il a envahies, mais ces régions étaient autant de terreaux propices à sa naissance, formés par haine du despotisme qui leur instillait le poison et la mort, et en raison de l'inexistence d'une autre issue.
Le travail devra se faire dans cette voie.
Si n'avait pas existé en France le siècle des Lumières, ses idées de justice, la rupture de ses liens avec le pouvoir religieux, sa dénonciation de l'exploitation religieuse, son œuvre d'épanouissement et d'enrichissement des esprits par l'apport des grands penseurs, la Révolution française se serait transformée en un vrai « daechisme » comme le laissent deviner les horreurs commises à l'une de ses étapes.
Si n'avait pas existé la pensée marxiste, la révolution russe se serait, elle aussi, transformée en une sorte de « daechisme ». C'est l'idéal humain qui oriente l'environnement vers la lumière et l'éloigne de l'obscurité chère à Daech.
Mais le monde arabe a vu et subi, depuis l'indépendance et de la part de ses chefs qui avaient défendu l'indépendance, un despotisme, une injustice, une frustration, un vide intellectuel et un fanatisme religieux et culturel terrible, lesquels ont créé un environnement des plus accueillants pour Daech et ses semblables.
Le jour maudit du 7 mai, le Hezbollah et Amal ont fait montre d'une tyrannie sans précédent au Liban. Par la bouche de son sayyed, le Hezbollah, arrogant à l'extrême, n'avait pas hésité à convoquer les candidats au poste de Premier ministre pour confier, à celui qui l'accepterait, ce poste. Omar Karamé, appartenant pourtant à son camp, avait dit : « Je n'assumerai pas cette charge. » À la télévision, sayyed Hassan Nasrallah avait continué à inciter ces candidats à faire tomber le gouvernement de Saad Hariri. Nagib Mikati accepta, lui, d'assumer cette charge.
(À suivre)

Abdel Hamid EL-AHDAB
Avocat

S'il existe un réel plan américano-saoudien pour traiter le problème constitué par Daech, ce traitement ne devrait pas comporter uniquement des raids aériens et un entraînement de l'infanterie rebelle. Il ne devrait pas se limiter à ces seuls moyens, mais commencer par traiter l'environnement propice, se demander pourquoi cet environnement humain a couvé cette engeance sauvage ; pourquoi...

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