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Liban - Protestation

Abus et menaces : des ouvriers syriens font la grève

Sur quelques chantiers à travers le Liban, des travailleurs étaient en grève hier pour dénoncer les violences dont ils sont l'objet.

Un ouvrier syrien travaillant sur un chantier de construction. Photo d’archives

Depuis la sanglante bataille de Ersal entre l'armée libanaise et des jihadistes venus, pour certains, de Syrie, des Syriens établis au Liban ont été la cible de menaces, voire d'agressions. C'est pour protester contre ces violences que des ouvriers syriens se sont mis en grève lundi. Une grève suivie sur certains chantiers, mais pas d'autres et dont l'ampleur était difficile à mesurer en début d'après-midi.
La pression à l'encontre des Syriens est montée d'un cran avec la décapitation de deux soldats libanais, Ali Sayyed, fin août, et Abbas Medlej, début septembre, par l'État islamique, qui menace d'en exécuter un troisième. Une trentaine de soldats et de membres des FSI sont toujours aux mains de l'EI et du Front al-Nosra. Ils ont été kidnappés lors de la bataille de Ersal (Békaa). Ces dernières semaines, des tentes abritant des réfugiés syriens, majoritairement sunnites, ont été brûlées, notamment au Liban-Sud et dans la Békaa. Face à ces menaces, des Syriens ont quitté leur lieu de refuge. Le 7 septembre, par exemple, des réfugiés ont fui Rayak et Baalbeck pour s'installer dans des localités sunnites, notamment dans la Békaa.
Autre exemple : début septembre, des ressortissants syriens ont été agressés et roués de coups dans la banlieue sud de Beyrouth, notamment sur la vieille route de l'aéroport. Et à Hazmieh, non loin du rond-point Sayyad, un minibus appartenant à un Syrien a été brûlé et son chauffeur, un ressortissant syrien, a été passé à tabac.
Contacté par L'Orient-Le Jour, le responsable d'une entreprise de construction indique qu'aucun ouvrier syrien ne s'est rendu lundi sur ses chantiers à Faraya et Faqra, dans la montagne libanaise. À Beyrouth, en revanche, les ouvriers ont pointé hier matin, comme d'habitude.
Selon l'ingénieur responsable des chantiers de Faraya et Faqra, les ouvriers ont reçu un message envoyé par un numéro qu'ils ne connaissent pas via le service WhatsApp. Dans ce message, il leur est demandé de « ne pas se rendre au travail aujourd'hui parce qu'ils sont maltraités », précise l'ingénieur. Il est également indiqué « que celui qui ira travailler sera considéré comme un traître », ajoute-t-il. Le patron de l'entreprise de construction note que les ouvriers lui ont dit avoir été battus, il y a quelques jours, par les services de renseignements de l'armée.
Interrogé par L'Orient-Le Jour, un concierge syrien à Faraya assure toutefois que la majeure partie des ouvriers sont allés travailler ce lundi dans cette région.
À Beyrouth, « de nombreux ouvriers syriens ne se sont pas rendus sur des chantiers à Achrafieh, relève également Rita Saadé, ingénieure. Parmi ceux qui sont venus, certains m'ont dit que des personnes, dont ils n'ont pas précisé l'identité, les empêchent d'aller travailler. D'autres disent qu'ils se font frapper par des Libanais ». Certains ont laissé entendre qu'ils allaient manifester devant l'ambassade de Syrie au Liban, précise-t-elle.
Yasmina Khalifé, architecte à Beyrouth, rapporte également que lundi matin, une entreprise qui devait effectuer des travaux dans un appartement à Mar Takla a dû se décommander pour cause de grève de ses ouvriers syriens. « Le patron de l'entreprise employant ces ouvriers m'a dit qu'aucun d'entre eux n'était venu hier matin, afin de protester contre les menaces dont ils disent être la cible », précise-t-elle.

Depuis la sanglante bataille de Ersal entre l'armée libanaise et des jihadistes venus, pour certains, de Syrie, des Syriens établis au Liban ont été la cible de menaces, voire d'agressions. C'est pour protester contre ces violences que des ouvriers syriens se sont mis en grève lundi. Une grève suivie sur certains chantiers, mais pas d'autres et dont l'ampleur était difficile à mesurer en...

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