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Diaspora - Portrait

John Nasseff, le philanthrope adulé de la ville de Saint Paul

Sa ville l'adore. Il le lui rend bien. Dans l'État du Minnesota, et précisément à Saint Paul où il vit, John Nasseff est un nom plus que respecté. Retour sur le parcours d'un fils d'émigrés libanais, devenu un véritable héros national.

John Nasseff et sa femme, Helen Houle, en marge de la cérémonie qui les a consacrés, l’an dernier, comme « les philantropes de l’année 2013 au Minnesota ». Photo Pioneer Press/Ben Garvin

John Nasseff fait partie de ces hommes qui ne changent pas. À 90 ans, les années l'ont juste doté de plus de maturité. Avec son béret, son costume rayé, cet homme respire la simplicité. Quant à ses millions de dollars gagnés grâce à sa persévérance, c'est aux pauvres qu'ils sont consacrés : au fil des ans, il les a versés régulièrement à des hôpitaux, des organisations médicales, des écoles catholiques...
Pour ce fils d'immigrants libanais analphabètes arrivés aux États-Unis, l'amour de l'autre a commencé très tôt au sein du foyer familial. « Il y avait des jours où nous n'avions rien à manger, raconte-t-il. Et pourtant, notre mère nous répétait, à mes six frères et sœurs et à moi, qu'il fallait se rendre compte à quel point Dieu nous a bénis. Elle nous disait de ne pas oublier qu'une maison chaleureuse nous abrite, que nous avons des lits pour dormir... Elle affirmait même que nous devions aider ceux qui étaient plus démunis que nous. »
Pour subvenir aux besoins de la famille, les parents de John travaillaient en tant que colporteurs. La mère repassait soigneusement des bouts de tissu et les vendait. Elle les utilisait aussi pour ses propres enfants et les envoyait à ses proches du Liban. Quant à son père, il avait l'habitude de préparer à ses enfants du pain grillé pour la journée, et le leur enveloppait dans une serviette pour le conserver le plus longtemps possible.

Halte au gaspillage
De ces années de pauvreté, le philanthrope ne garde que de bons souvenirs. Le fait qu'il ait quitté l'école à neuf ans ne lui pas créé de complexes. Au contraire, tout ce qu'il a retenu de son enfance, c'est l'amour du travail et surtout un véritable mépris pour le gaspillage. Ses parents lui répétaient toujours qu'il ne devait jamais perdre ce qu'il a gagné.
Armé de ces leçons de vie, John Nasseff a mené sa carrière d'une manière étonnante. Il a commencé par balayer et décharger les chariots de la maison d'édition West Publishing. Par la suite, il propose aux responsables des idées afin d'économiser de l'argent sur les activités d'impression. Ses propositions fonctionnent bien et lui permettent d'améliorer sa position au sein de la compagnie, puis d'y investir dans des actions.
Le philanthrope se souvient de cette époque : « Beaucoup de mes amis achetaient de nouvelles voitures et prenaient des vacances. Pas moi. Chaque dollar que je gagnais était réinvesti. » En 1996, lorsque West Publishing a été vendu et qu'il prend sa retraite de son poste de vice-président, sa part s'élevait à environ 175 millions de dollars. Âgé alors de 72 ans, il réalise soudainement à quel point il est riche. Doté d'un caractère généreux, il commence alors à faire des donations, versées au profit de causes qui lui tiennent à cœur, comme pour des orphelinats du Liban, de l'Amérique centrale ou du Mexique. Il aide aussi une paroisse maronite à Minneapolis à laquelle il verse les deux tiers des 3,5 millions de dollars nécessaires à la construction de sa nouvelle église.
Sa ville natale Saint Paul a, bien sûr, la part belle. John Nassef verse des sommes généreuses à la police, aux sapeurs-pompiers et à d'autres. Il contribue aussi au développement des hôpitaux américains : plus de 10 millions de dollars à la Mayo Clinic, principalement pour soutenir la recherche en neurochirurgie. Il accorde 25 millions de dollars au département de cardiologie du United Hospital qui sera rebaptisé The John Nasseff Heart Center en 2000.
« Je reçois beaucoup de courriers et de sollicitations, répond John Nassef à une question concernant ses critères de choix des causes qu'il soutient. Je fais confiance à mes amis qui m'indiquent des institutions faisant face à des difficultés réelles. C'est comme cela que je prends mes décisions. »
Outre ses amis, c'est sa femme, Helen Houle, qui exerce sur lui une influence déterminante. Issue, comme son mari, d'une famille pauvre, elle le comprend et se trouve apte à lui donner des conseils. Dans une interview à la presse locale, John Nasseff assure même « faire tout ce qu'elle me dit ». Récemment, le couple a été sélectionné comme « les philanthropes exceptionnels du Minnesota pour l'année 2013 » par l'Association AFP (Association of Fundraising Professionals). Un titre qui leur va si bien.

John Nasseff fait partie de ces hommes qui ne changent pas. À 90 ans, les années l'ont juste doté de plus de maturité. Avec son béret, son costume rayé, cet homme respire la simplicité. Quant à ses millions de dollars gagnés grâce à sa persévérance, c'est aux pauvres qu'ils sont consacrés : au fil des ans, il les a versés régulièrement à des hôpitaux, des organisations...