Depuis la proclamation du Grand Liban en 1920,il y a presque un siècle, toutes les régions du pays ont eu leur président. Toutes, sauf une, parent pauvre à tout point de vue, limitrophe d'Israël, jadis abandonnée par l'État et patrie des déshérités. Le Sud, cette terre de tolérance et de culture paysane... Cette terre dont les fils ont redonné à la nation, par leur légendaire résistance, la fierté historique d'antan, après vingt-deux ans d'occupation, de calvaire et de tyrannie. Le Sud, à qui le Liban doit tant, n'a-t-il pas le droit d'avoir enfin son président ?
À plusieurs reprises, d'illustres maronites originaires du Sud ont été pressentis pour occuper la fonction suprême. Le magistrat puis député et ministre chéhabiste Jean Aziz, neveu du très grand patriarche Paul Méouchy, ou le grand bâtisseur d'une pure merveille (un des plus beaux palais au Liban depuis la construction de celui de Beiteddine), le chirurgien, professeur émérite et député Farid Serhal Kattar, ou l'eloquent tribun phalangiste, avocat, député et ministre Edmond Rizk, pour ne citer que les plus connus... Mais la chance hélas n'a jamais été au rendez vous !
Le Nord a eu Sleimane Frangié et René Moawad, le Metn-Nord a eu Émile Eddé, Fouad Chéhab, Bachir et Amine Gemayel, Émile Lahoud et Michel Sleiman. Le Metn-Sud a eu Habib el-Saad, Béchara el-Khoury, Camille Chamoun, Charles Hélou et Élias Sarkis. La Békaa et sa capitale Zahlé ont été représentées par Élias Hraoui. Le Sud n'a jamais été représenté. C'est à se demander si ces maronites-là ne sont pas considérés comme relevant d'une espèce à part.
Bien sûr, on ne choisit pas le president pour son origine géographique. Heureusement, d'ailleurs... Mais si l'occasion se présente et que se trouvent réunis dans une même personne les critères de compétence, de vaste culture, de popularité, de modération, avec un penchant naturel pour le dialogue, l'ouverture, le respect mutuel, une fermeté qui ne serait pas cassante, qui serait intransigeant mais non complaisant sur l'essentiel, au passé sans tache, à l'avenir plein de promesses... Oui, on est en droit de réclamer qu'un maronite originaire du Sud, répondant à tous ces critères, soit élu président de la République pour les six années cruciales à venir. Quoi de plus naturel ?...
Selon un diplomate haut placé, si l'élection devait se dérouler au suffrage universel direct comme en France, alors l'ancien ministre Demianos Kattar serait élu haut la main, peut-être même dès le premier tour, selon plusieurs estimations et sondages, avec des taux record chez les plus jeunes, les étudiants et les professionnels de la frange des moins de 30 ans, et surtout toutes confessions confondues.
Pour une fois que l'élection revêt aujourd'hui un caractère made in Lebanon et que le crime de lèse-souveraineté ne nous sera pas infligé une fois de plus par les acteurs dits majeurs (ce qui sous-entend qu'on est considérés toujours, hélas, comme des mineurs ayant besoin en permanence de tuteurs pour décider a leur place). Pour les descendants des Phéniciens que nous sommes censés être, y a-t-il plus grande insulte ? Pourquoi le consensus ne se ferait-il pas sur le nom de Demianos Kattar, dont le nom figurait déjà sur la liste des 6 sélectionnés par le patriarche Sfeir remise à l'ambassadeur de France en 2008, soit avant l'accord de Doha ? Ce serait là une occasion précieuse pour le Liban, et une immense récompense pour le Sud et ses maronites toujours oubliés, à qui le patriarche Raï vient de rappeler, en visitant avec le pape François plus de 8 000 de leurs proches vivant en Palestine occupée, qu'ils sont les vestiges pérennes des premiers compagnons du Christ, du temps où la Galilée n'était que le prolongement du Liban-Sud.
Faut-t-il rappeler aussi que le Sud est à la fois le pays de feu le président Rafic Hariri et le berceau de la Résistance laïque nationale, ensuite communautaire chiite, et qu'à l'inverse de beaucoup de régions libanaises, la tolérance, les tensions intercommunautaires et les violences confessionnelles y ont toujours été plus rares qu'ailleurs ?
À l'aube de ce troisième millénaire, offrons au Liban un jeune président espoir, à la Kennedy, comme l'ont fait en 1960 les Américains et comme ils l'ont refait de nouveau au plus fort de la crise économique planétaire de 2008 en élisant un Noir, de surcroît d'origine musulmane. Nous aussi, nous savons dire : « Yes,we can ! » Que Dieu vienne en aide aux jeunes espoirs du Liban.
Nos Lecteurs ont la Parole - Chloé KATTAR
Pour un président sudiste
OLJ / le 25 juillet 2014 à 00h00
commentaires (5)
Damianos Kattar ne représente que lui chère amie et aujourd'hui le Liban ne peut plus se permettre d'avoir un Président mou qui ne fera que gérer le palais présidentiel. Il nous faut quelqu'un qui a une base solide qui puisse le soutenir pour qu'il se permette de faire toutes les reformes nécessaires qui conduirons le pays a bon port. Si les autres partis acceptent de le soutenir eh bien qu'il se présente sur une liste démocratiquement contre Aoun, Geagea ou n'importe qui d'autre. Quand a prétendre qu'il avait la majorité dans les sondages, vous n'avez qu'a vous référez a l’étude publiée par Now Lebanon et allez le chercher dans les tréfonds s'il s'y trouve.
Pierre Hadjigeorgiou
15 h 19, le 25 juillet 2014