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Cinema- - Entre parenthèses

Coup de blues

Je l'ai vue s'avancer vers moi. Avec son teint basané, buriné par le soleil et les blessures du temps, ses cheveux décoiffés, elle s'approchait timidement. Je m'étais promis de ne lui prêter aucune attention. J'ai même pris soin de verrouiller les portières. Redire les phrases habituelles, comme « va travailler ou va à l'école au lieu d'être dans la rue », était une arme utilisée pour ne pas tomber dans le piège des sentiments.
Soudain, en regardant ses yeux tout ronds où on lisait une profonde tristesse, cela m'a paru futile de proférer de telles inepties. Trop facile de dire cela quand on sort du salon de coiffure et qu'on a claqué une fortune pour colorer des cheveux alors que les siens étaient complètement décolorés. Trop facile aussi quand, calfeutré dans un confort quasi factice, elle ne rêvait que d'avoir un toit au-dessus de sa tête. À croire même qu'elle ne savait plus rêver.
Alors vient à l'esprit cette image de L'Enfant sauvage (François Truffaut). Assis aux rebords de la fenêtre, l'enfant, cheveux en broussaille, yeux hagards, appréciait sous la musique de Vivaldi des gouttelettes de pluie qu'il essayait de recueillir dans la paume de sa main. Alors je lui ai tendu la mienne.
Le geste était avare. J'aurai pu lui ouvrir les bras.

Je l'ai vue s'avancer vers moi. Avec son teint basané, buriné par le soleil et les blessures du temps, ses cheveux décoiffés, elle s'approchait timidement. Je m'étais promis de ne lui prêter aucune attention. J'ai même pris soin de verrouiller les portières. Redire les phrases habituelles, comme « va travailler ou va à l'école au lieu d'être dans la rue », était une arme utilisée...

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