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Moyen Orient et Monde - Révolte

L’insoutenable hémorragie d’Alep

Daech enlève près de 200 Kurdes ; 200 000 Syriens morts par manque de soins.

C’est dans l’indifférence totale que cet homme observe des corps entreposés çà et là dans une rue d’Alep, peu après des raids aériens du régime. Depuis le début de l’année, près de 2 000 personnes ont été tuées par les barils d’explosifs généreusement largués par l’aviation loyaliste dans cette province, cherchant à la reprendre coûte que coûte aux rebelles. C’est dans cette même province que Daech a kidnappé hier 200 Kurdes, pour des raisons encore inconnues. Photo Zein el-Rifai/AFP

Près de 2 000 civils dont des centaines d'enfants ont péri dans la campagne aérienne de l'armée syrienne sur la province d'Alep depuis le début de l'année, le régime cherchant à reprendre coûte que coûte la cité stratégique aux rebelles après ses derniers succès.

« De début janvier au 29 mai, 1 963 civils ont été tués par les barils d'explosifs et les bombes largués par l'armée de l'air (...) dont 567 enfants et 283 femmes », a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui se base sur un large réseau de sources civiles, médicales et militaires. Ex-capitale économique du pays, Alep est divisée depuis juillet 2012 et les quartiers rebelles sont la cible depuis la mi-décembre d'une offensive de l'armée avec des bombardements qui se sont intensifiés en janvier. Ces raids, souvent menés par des hélicoptères larguant des barils d'explosifs, ont aussi provoqué l'exode de plusieurs milliers de personnes et laissé la ville en ruine. Cette tactique a été condamnée par l'ONU, mais les militants antirégime ont accusé la communauté internationale de rester les bras croisés face au « massacre » à Alep. « Tout criminel à qui on ne demande pas de comptes agit en toute impunité », souligne le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. Un groupe d'experts indépendants de l'ONU a d'ailleurs affirmé que la décision du Conseil de sécurité de ne pas s'en remettre à la Cour pénale internationale (CPI) « pourrait inciter à davantage d'atrocités » en Syrie.

(Lire aussi : Daech a exécuté le père Paolo Dall'Oglio, selon un dissident du groupe)

Tactiques du régime
Car le régime a avancé ces derniers mois, s'emparant récemment de la vieille ville de Homs qu'il a assiégée et bombardée pendant deux ans, réduisant rebelles et civils à la disette. « Si la tactique à Homs était d'assiéger et d'affamer, à Alep, le régime veut causer le maximum de destruction pour vider la ville de ses habitants », explique M. Abdel Rahmane. Selon lui, le régime a opté pour cette stratégie, car « la majorité de la province est aux mains des rebelles, contrairement à celle de Homs ». Le régime continue à surpasser la rébellion en puissance de feu, grâce à son aviation, aux supplétifs syriens et aux combattants aguerris du Hezbollah.

Dans cette même province, le puissant groupe jihadiste, Daech (État islamique en Irak et au Levant – EIIL), a enlevé près de 200 Kurdes âgés de 17 à 70 ans du village de Qabasine pour des raisons encore inconnues, a rapporté hier l'OSDH. Les milices kurdes croisent le fer avec Daech depuis que les jihadistes ont voulu s'emparer il y a plusieurs mois des champs pétrolifères du nord et de l'est du pays.
Et alors que les pays occidentaux s'alarment régulièrement du départ de jihadistes en Syrie, les États-Unis ont d'ailleurs indiqué qu'un Américain avait commis un attentat-suicide en Syrie, confirmant des informations de presse, sans plus de détails.

(Lire aussi : A Homs, un centre pour aider les déplacés à retrouver leur dignité)

« Président d'une mafia... »
C'est dans ce contexte que se déroulera le 3 juin le scrutin présidentiel. Organisé dans les régions tenues par le pouvoir et selon une loi excluant de facto toute candidature dissidente, il a été dénoncé comme une « farce » par l'opposition. Un récent communiqué de l'Union démocratique syrienne (opposition) exhorte le peuple syrien à boycotter le scrutin, affirmant que le régime avait transformé une révolution pour plus de libertés en « combats intercommunautaires aveugles ». « Bachar el-Assad n'est le président d'aucune Syrienne et d'aucun Syrien. Il est plutôt le président d'une mafia familiale et sectaire qui le protège et tue le peuple syrien sous sa direction », affirme encore le communiqué, qualifiant M. Assad de « tyran ». L'Iran, allié de Damas, a indiqué de son côté que la présidentielle renforcerait la « légitimité » de M. Assad, « son peuple ayant réalisé qu'il avait évité à la Syrie la désintégration ou l'occupation ».

Enfin, d'après la Commission européenne, en plus de 162 000 morts directs de la guerre, « 200 000 Syriens sont morts de maladies chroniques en raison du manque d'accès aux traitements et aux médicaments », rappelant que 3,5 millions de personnes sont dans des régions inaccessibles pour les humanitaires.

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Les Syriens apprendraient-ils à dialoguer ? 

Près de 2 000 civils dont des centaines d'enfants ont péri dans la campagne aérienne de l'armée syrienne sur la province d'Alep depuis le début de l'année, le régime cherchant à reprendre coûte que coûte la cité stratégique aux rebelles après ses derniers succès.« De début janvier au 29 mai, 1 963 civils ont été tués par les barils d'explosifs et les bombes largués par...
commentaires (2)

Ne pas voir ce qui est visible Malgré la présence d’une partie de la population syrienne parfaitement acquise au mépris du clan des Assad, il a toujours existé une autre partie qui lui est toute autant loyaliste. Personne ne pouvant se targuer connaitre la part des uns et des autres. Or ce que l’opposition syrienne s’est attelé à faire, depuis l’éclatement de cette crise, c’est de ne jamais voir cette autre partie du peuple syrien, de minimiser son ampleur quand elle se manifestait de temps à autre, ou de la ridiculiser ou de la décrédibiliser si elle s’affichait ostensiblement. Il faut garder à l’esprit qu’au moment même où les opposants syriens organisaient des manifestations dans les différentes régions syriennes pour réclamer des réformes, d’énormes manifestations étaient organisées dans les grandes villes syriennes, Damas et Alep surtout pour soutenir le pouvoir tout en admettant le bien fondé des revendications de réformes. La démonstration électorale de ces trois derniers jours au Liban ressuscite cette popularité. Et avec les mêmes moyens des opposants pro occidentaux et leurs alliés de l’étouffer.

FRIK-A-FRAK

13 h 51, le 31 mai 2014

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Commentaires (2)

  • Ne pas voir ce qui est visible Malgré la présence d’une partie de la population syrienne parfaitement acquise au mépris du clan des Assad, il a toujours existé une autre partie qui lui est toute autant loyaliste. Personne ne pouvant se targuer connaitre la part des uns et des autres. Or ce que l’opposition syrienne s’est attelé à faire, depuis l’éclatement de cette crise, c’est de ne jamais voir cette autre partie du peuple syrien, de minimiser son ampleur quand elle se manifestait de temps à autre, ou de la ridiculiser ou de la décrédibiliser si elle s’affichait ostensiblement. Il faut garder à l’esprit qu’au moment même où les opposants syriens organisaient des manifestations dans les différentes régions syriennes pour réclamer des réformes, d’énormes manifestations étaient organisées dans les grandes villes syriennes, Damas et Alep surtout pour soutenir le pouvoir tout en admettant le bien fondé des revendications de réformes. La démonstration électorale de ces trois derniers jours au Liban ressuscite cette popularité. Et avec les mêmes moyens des opposants pro occidentaux et leurs alliés de l’étouffer.

    FRIK-A-FRAK

    13 h 51, le 31 mai 2014

  • Une chose est sure: les images de la ruée des réfugiés syriens vers les bureaux de vote à l’enceinte de l’ambassade de Syrie à Liban ont dévoilé l’ampleur des mensonges véhiculés par les opposants pro occicons et leurs alliés occidentaux et arabes sur la popularité du président syrien Bachar al-Assad et l’humeur du peuple syrien. Depuis le début de la crise, toute une panoplie de canulars avait été déployée pour diaboliser le dirigeant syrien. L’un d’entre eux consistait à le présenter comme étant totalement banni par toutes les catégories du peuple syrien. Excepté celle de sa communauté, les Alaouites. Et à la rigueur. Certains opposants alaouites étaient parfois jetés au-devant de la scène médiatique pour démentir cette idée. Concernant la communauté des syriens chrétiens, leur position était présentée comme un choix à faire entre deux maux, celui du pouvoir en place étant le moindre. Très rarement était affichées leurs positions qui louent les avantages du pouvoir des Assad en Syrie, malgré ses lacunes aussi. Malgré la présence d’une partie de la population syrienne parfaitement acquise au mépris du clan des Assad, il a toujours existé une autre partie qui lui est toute autant loyaliste. Personne ne pouvant se targuer connaitre la part des uns et des autres.

    FRIK-A-FRAK

    13 h 32, le 31 mai 2014

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