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Sur le net - Syrie

Présidentielle : Assad en campagne sur les réseaux sociaux

Le chef de l’État syrien cherche à s'afficher en président humain, proche de son peuple.

Capture d'écran du compte Instagram de Bachar el-Assad.

A un peu plus de trois semaines de la présidentielle, Bachar el-Assad, candidat à un troisième septennat dans une Syrie ravagée par la guerre depuis trois ans, a lancé une vigoureuse campagne sous le slogan "Sawa" (ensemble).

Pour séduire les Syriens dans le cadre d'un scrutin qualifié de "farce" par l'opposition en exil et les pays occidentaux, le président, dont la victoire est fort probable face à deux candidats effacés, s'emploie à saturer les réseaux sociaux de commentaires anodins et de photos triées sur le volet. Un outil de communication politique à travers lequel Bachar el-Assad cherche à s'afficher en président humain, proche de son peuple.

 

Assad sur Facebook

La page officielle Facebook de la campagne présidentielle de Bachar el-Assad intitulée "Sawa" a été créée le 10 mai. Cinq jours plus tard, elle rassemblait déjà plus de 160.000 fans avec qui le président syrien, ou son équipe de communicants, cherche manifestement à tisser un lien de proximité.

Pour ce faire, le président partage via le réseau social des photos personnelles exclusives qui retracent l'ensemble de son parcours. Parmi elles, un portrait en noir et blanc de Bachar enfant âgé de 4 ans entouré de ses frères et un autre de lui, étudiant de 17 ans, plongé dans ses révisions. On voit également le Bachar ophtalmologue mener une intervention dans un bloc opératoire en 1989, histoire de rappeler ses études médicales, ou encore Bachar capitaine en uniforme militaire, sur le point de s'engouffrer dans un char en 1994.

Entre deux flash-back, le président se fend d'un simple "bonjour", rapidement "liké" des milliers de fois et agrémente d'une photo de lui en costume-cravate, les yeux rivés sur son mac.

 
Quelques-unes des photos postées sur la page Facebook de la campagne présidentielle de Bachar el-Assad.
 

 

Assad, le Twittos et... Instagram

Plus de 2.400 personnes suivent aussi depuis le 10 mai le président syrien sur son compte Twitter de campagne @SawaAlassad, visiblement alimenté de façon synchronisée avec Facebook.

Bachar mise sur une forte stratégie de personnification et d'humanisation. Il le fait ici dans le même esprit que dans le cadre de "SyrianPresidency", bannière sous laquelle il avait déjà investi les mêmes réseaux sociaux il y a plus d’un an. Sur ces réseaux toujours actifs, on voit le président entouré d'enfants ou encore dans des situations politiques qu'il peut tourner aisément à son avantage, comme sur cette photo où il est dans une église dévastée à Maaloula, célèbre ville chrétienne, après le départ des rebelles chassés par l'armée syrienne en avril dernier.

Mais Bachar el-Assad n'est pas le seul à s'exposer de la sorte sur la Toile. Son épouse Asma prend aussi "la pause Instagram" à plusieurs reprises : Asma au chevet de blessés, Asma en train de cuisiner pour des familles pauvres, Asma en épouse aimante avec Bachar... Autant d'images, bien loin des clichés de l'horreur de la guerre, qui laisseraient presque à penser à une certaine normalité...

 

Un simple concours de circonstances?

L'enthousiasme quasi-frénétique de Bachar el-Assad (un post toutes les deux heures environ) pour ces réseaux à la mode concorde avec des épisodes marquants du conflit. Le 25 juillet 2013, un jour après qu'il se soit affiché pour la première fois sur Instagram, l'ONU annonce que la guerre en Syrie a provoqué la mort de plus de 100.000 personnes... Quant à la campagne numérique "Sawa", elle est lancée le jour de l'accord militaire scellé par le régime avec les rebelles dans l'ex-bastion de Homs.

Tout semble mis en œuvre pour détourner l'attention de l'opinion internationale de la réalité du terrain, miné par la guerre. L'effet de décalage est assez saisissant. A titre d'exemple, ce cliché d'un bracelet portant le mot "Sawa", ensemble donc, n'est pas le genre d'images attendues d'un pays en guerre civile, affichant un bilan de 150.000 morts depuis mars 2011 et où l'on ne note aucun signe de répit dans les violences.

 

 

Des commentaires élogieux... mais pas que

"Sawa" se décline aussi sur Instagram, la plateforme de partage de photos en vogue sur laquelle le président détient un compte en son nom "sawaalassad", avec 29 photos qui tiennent l'affiche et 2.600 followers.

Si chaque post engendre des centaines de commentaires contenant majoritairement des éloges et des prières en faveur de Bachar el-Assad, quelques réactions clairement anti-Assad apparaissent également, à l'instar de ce message publié mardi sous la photo du président face à son mac : "Que Dieu te maudisse toi et les tiens". A noter qu'il s'agit d'un commentaire sur plus de 600 autres...

 

 

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