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Moyen Orient et Monde - Législatives irakiennes

Les Kurdes espèrent une défaite de Maliki

Dans les rues d’Erbil, rares sont ceux qui ne souhaitent pas un changement du gouvernement fédéral à Bagdad et une plus grande autonomie du Kurdistan. Safin Hamed/AFP

À la veille des législatives d'aujourd'hui, les Kurdes irakiens, qui rêvent d'indépendance, espéraient hier une défaite du Premier ministre Nouri al-Maliki, au pouvoir depuis 2006 et candidat à un troisième mandat. De nombreux différends opposent M. Maliki, un chiite, à la région autonome du Kurdistan. Ces désaccords, qui portent principalement sur le pétrole, les enjeux territoriaux et la répartition du pouvoir, font du Premier ministre la bête noire des Kurdes.

« Sa politique contre les Kurdes est mauvaise », explique Mohsen, entre deux coups de plumeau pour dépoussiérer son stand de lunettes de soleil à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien. Le commerçant voudrait un Premier ministre « qui traite toutes les communautés de la même façon ». Les politiciens kurdes se plaignent depuis longtemps de ne pas recevoir les 17 % du budget fédéral qui doivent leur être alloués, et accusent Bagdad de payer en retard les sommes qu'il veut bien leur verser, considérant le gouvernement fédéral comme responsable des difficultés budgétaires et des retards dans le paiement des salaires. Massoud Barzani, le président du Kurdistan qui a pourtant soutenu M. Maliki en 2010, l'accuse maintenant de monopoliser le pouvoir.

« M. Maliki n'a été bon pour personne, que ce soit les Kurdes ou les Irakiens », et il est temps de changer de Premier ministre, explique Tariq Jawhar, candidat aux élections sous les couleurs de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) du président irakien Jalal Talabani. La politique menée par le Premier ministre a attisé les tensions entre Arabes et Kurdes, et entre sunnites et chiites, renchérit M. Jawhar, dressant même un parallèle entre les méthodes de Saddam Hussein et celles de M. Maliki. « Saddam Hussein a été chassé, mais ses méthodes et son héritage sont encore bien présents dans l'esprit de beaucoup de leaders irakiens », estime le candidat, ajoutant : « Saddam faisait usage de la force militaire contre les Kurdes, Maliki use des sanctions économiques. »

Pour Qubad Talabani, un haut responsable kurde et l'un des fils du président Talabani, « tant que la menace de sanctions économiques persiste », les Kurdes voudront plus d'autonomie.

 

Indépendance économique
Un bras de fer oppose depuis des mois le gouvernement central de Bagdad aux autorités du Kurdistan sur la gestion des ressources naturelles de l'Irak. Le gouvernement régional kurde considère que le pétrole et le gaz produits dans cette région appartiennent au Kurdistan et cherche à vendre le pétrole à l'étranger sans passer par les autorités fédérales de Bagdad. Le gouvernement central estime en revanche que les ressources de chaque région appartiennent au pays tout entier.

 

(Lire aussi: Ukraine, Syrie, Proche-Orient... Quand Obama défend sa politique étrangère)

 

Le Kurdistan irakien, qui jouit d'une importante autonomie et dispose de ses propres forces de sécurité, gouvernement et drapeau, s'est également attiré les foudres de Bagdad pour avoir signé des contrats avec des firmes énergétiques étrangères.

Dans les rues d'Erbil, qui s'animent à la nuit tombée de coups de klaxon et de pancartes à l'effigie des candidats, rares sont ceux qui ne souhaitent pas un changement de gouvernement et une plus grande autonomie. « Les Arabes nous ont toujours opprimés », affirme Bestoon, membre des peshmergas, les forces de sécurité kurdes, tenue camouflage et carabine à la ceinture, en réclamant « l'indépendance et la séparation d'avec les Arabes ». « Je ne me sens pas irakienne », lance aussi Tarza, une étudiante de 25 ans.


Mais la route vers l'indépendance politique, si elle existe, doit d'abord passer par l'indépendance économique, souligne Jutyar Adil, candidat du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), précisant qu'il n'est pas, pour l'heure, favorable à une partition. Car qui dit indépendance politique dit perte des subventions fédérales. Le Kurdistan devra produire suffisamment de pétrole pour compenser.


Mais à Erbil, certains doutent que le résultat des élections change quoi que ce soit. « Je ne m'attends pas à un grand changement », soupire Zhilwan, professeur à l'université de Salaheddine. « Ce sera juste un nouveau groupe qui s'enrichira à la place d'un autre », affirme-t-il en conclusion.

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