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Moyen Orient et Monde - Sécurité

L’Irak doit radicalement changer de méthodes

Les violences ont atteint un niveau sans précédent depuis 2008.

L'Irak doit changer radicalement de méthodes dans le domaine de la sécurité et face à la minorité sunnite du pays pour mettre fin à la spirale de violences, mais un tournant majeur semble peu probable à l'approche des élections, estiment des experts.
Face aux violences qui ont atteint un niveau sans précédent depuis 2008, poussant le pays à solliciter une aide internationale, les autorités irakiennes ont fait grand cas d'opérations ciblées contre les insurgés et de concessions envers la minorité sunnite, dont le mécontentement alimente l'insurrection. Mais, soulignent des analystes, ces mesures ne suffisent pas à juguler la vague d'attaques qui a coûté la vie à plus de 6 200 personnes cette année, faisant craindre un retour à une guerre confessionnelle comme celle qu'a connue le pays en 2006-2007. « Les mesures prises par le gouvernement jusque-là ne sont pas à la hauteur des enjeux », estime Issam al-Faïli, professeur d'histoire politique à l'université Mustansiriyah de Bagdad. « La situation en Irak s'aggrave (...) et ce que le gouvernement fait actuellement n'a rien de radical, ce sont
seulement des mesures mineures. »
Depuis des mois, diplomates, experts et organisations de défense des droits de l'homme appellent le Premier ministre Nouri al-Maliki, un chiite, à tendre la main à la minorité sunnite et réformer des lois antiterroristes et des textes empêchant les ex-membres du parti du défunt dictateur sunnite Saddam Hussein de participer à la vie politique. Ils estiment en outre que les forces de sécurité doivent cesser d'avoir recours à des méthodes musclées dans les zones sunnites, à Bagdad et dans le nord et l'ouest du pays, comme des arrestations de masse et le bouclage de quartiers entiers.
Les sunnites, qui dominaient la scène politique sous Saddam Hussein, protestent depuis de mois contre les discriminations dont ils s'estiment victimes de la part des autorités aujourd'hui dominées par les chiites. Ils se plaignent notamment d'arrestations abusives sous prétexte d'antiterrorisme, et de longues périodes de détention sans procès.

Pas de solution facile
Si la plupart des sunnites ne soutiennent pas el-Qaëda,
soulignent les observateurs, leur manque de confiance dans le gouvernement peut les pousser à cesser de coopérer avec les autorités dans la lutte contre les groupes armés irakiens affiliés au réseau extrémiste.
« Il n'y a pas de solution facile (...). Ce qu'il faut faire sur le plan politique – mais je ne crois pas que M. Maliki le fasse à court terme –, c'est proposer à la communauté sunnite un dialogue élargi et substantiel », souligne Ayham Kamel, du cabinet de consultants Eurasia Group. Selon lui, les sunnites doivent être « responsabilisés » et les forces de sécurité complètement changer d'attitude dans les quartiers sunnites, tandis qu'au niveau politique, les autorités doivent consentir à partager davantage le pouvoir.
Le gouvernement irakien est en théorie un cabinet d'union nationale rassemblant chiites, sunnites et Kurdes, mais, dans les faits, il est miné par de profondes divergences. Les ministres sunnites, déplorant une concentration du pouvoir entre les mains de M. Maliki, ont mené plusieurs boycotts ces dernières années. Et le Parlement n'a adopté que très peu de textes importants depuis les législatives de mars 2010.
L'inaction des pouvoirs publics attise la frustration de la population, qui pointe du doigt des services publics défaillants dans un pays pourtant riche en pétrole, une corruption endémique et un taux de chômage élevé, alors que les attentats empoisonnent leur vie quotidienne en dépit d'un important déploiement des forces de sécurité.
« La création des forces de sécurité après (l'invasion américaine en) 2003 s'est faite dans la précipitation et elles n'ont pas été conçues correctement », explique Ali al-Haïdari, un spécialiste de la sécurité basé à Bagdad, soulignant que « certains membres des services de sécurité sont inefficaces, et d'autres sont des infiltrés » loyaux à des groupes armés. « Nous devons prendre des mesures en urgence », souligne M. Haïdari. Mais des mesures radicales sont peu probables avant les législatives prévues le 30 avril. « Je pense qu'il faudra du temps pour relancer un vrai dialogue » entre les communautés. « Cela ne se produira pas avant les élections. Et il n'y aura pas de solution au casse-tête sécuritaire avant le scrutin », assure-t-il.
(Source : AFP)

L'Irak doit changer radicalement de méthodes dans le domaine de la sécurité et face à la minorité sunnite du pays pour mettre fin à la spirale de violences, mais un tournant majeur semble peu probable à l'approche des élections, estiment des experts.Face aux violences qui ont atteint un niveau sans précédent depuis 2008, poussant le pays à solliciter une aide internationale,...

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